MACRON/BAYROU AU SERVICE DE LA TRUMPISATION DU GRAND PATRONAT VONT ACCELERER LA POLITISATION DE LA CONTESTATION OUVRIERE
Beaucoup voient dans la nomination de Bayrou au poste de Premier ministre après Barnier, une sorte d’obstination personnelle de Macron à ne pas vouloir reconnaitre le vote du 7 juillet qui a placé le NFP en tête. Et donc, dans cet esprit, il suffirait que Macron démissionne ou soit destitué pour que tout soit réglé.
Sauf que cette obstination anti-démocratique de Macron ne lui est pas personnelle. Elle traduit toute une évolution de la société partout dans le monde, impulsée par le grand patronat gagné par le trumpisme, c’est-à-dire par le besoin pour préserver ses profits dans la situation de financiarisation actuelle de l’économie et d’exacerbation de la concurrence mondiale, de capter un maximum d’aides et de baisses d’impôts de l’Etat tout en faisant baisser les salaires. Il baisse les salairs directement par les licenciements de masse mais aussi au travers des gouvernements qu’il impulse en commençant par les salaires indirects. Il s’attaque à tous les acquis sociaux, droit à la retraite, à la protection contre le chômage et la maladie, aux services publics en général, écoles et hôpitaux. Pour arriver à ses fins, il érode les acquis démocratiques en cultivant et s’appuyant sur le racisme. C’est Bernard Arnault dans cet esprit qui a demandé expressément à Macron de ne pas nommer un premier ministre du NFP.
En même temps, en France, le chaos politique au sommet créé par Macron avec sa dissolution de l’Assemblée, sa non reconnaissance du résultat des législatives puis la motion de censure, inquiète le grand patronat parce que ce vide politique et ces faiblesses au sommet, sont un facteur d’instabilité au moment même où on assiste en bas à une reprise de la mobilisation économique populaire depuis novembre qui connait depuis décembre des mobilisations tellement concentrées dans le temps qu’elles prennent la coloration d’une convergence possible, c’est-à-dire celle d’une politisation de ces luttes pour trouver une solution par en abas à la crise d’en haut. Il y a eu cette première quinzaine de décembre la mobilisation des ouvriers contre les licenciements qui s’est mêlée à celle des cheminots contre la privatisation mais aussi à celle des agents de de la fonction publique et des enseignants contre de multiples attaques et notamment les trois jours de carence. De fait, malgré tous les gardes fous des directions syndicales et politiques de gauche qui font tout pour séparer les grèves économiques défensives des combats politiques offensifs, l’accélération des attaques et donc la proximité dans le temps de tous ces combats, peut très bien faire germer du mouvement populaire actuel, l’idée que la question du gouvernement et de son programme doit être directement l’affaire des travailleurs en lutte. Au fur et à mesure qu’avec des motions de censure à répétition, des Bayrou succèderont à des Barnier et qu’en même temps rien ne changera, l’idée peut germer que la destitution de Bayrou et Macron doit être l’affaire de ceux d’en bas par leurs propres méthodes, c’est-à-dire non seulement leur « destitution » mais aussi celle de leur monde d’injustices et de misère, c’est-à-dire du capitalisme. Aussi, les grands patrons sont inquiets, d’autant que Trump tout en essayant de casser la montée ouvrière aux USA, veut avec ses taxes douanières accélérer la concurrence de tous contre tous. Alors, ces grands patrons qui hier encore étaient macronistes convaincus, trouvent maintenant que Macron est dangereux pour leurs intérêts et se convertissent au trumpisme, c’est-à-dire à des solutions à la Musk contre les salariés, à un pouvoir fort anti-ouvrier, qui dans la configuration politique actuelle peut prendre ici le visage du RN.
Ainsi, dans l’article du Monde du 12 décembre : « Patrons français, du ras-le-bol de l’Etat à la tentation trumpiste », on voit des grands patrons français, sous couvert de la lutte contre l’excès de réglementation de l’Etat français et de l’Europe, déclarer ouvertement, que le seul qui soit raisonnable
dans son soutien aux entreprises est Jordan Bardella. Et il ne s’agit plus seulement de Bolloré ou de Pierre-Edouard Stérin qui ont mis la main sur la presse mais de Luc Rémont (EDF), Xavier Niel (Iliad/Free), Patrick Pouyanné (TotalEnergies), Jean-Laurent Bonnafé (BNP Paribas), ou encore Pierre Gattaz, l’ancien président du Medef, qui parlant pour tous, fustige la « folie bureaucratique » en France et lance « Faudra-t-il un Donald Trump, un Elon Musk ou un Javier Milei en France pour arrêter ce délire ? » repris aussitôt par Guillaume Kasbarian, le ministre macroniste démissionnaire de la fonction publique, en même temps que tous qualifient d’extrême-gauche le programme de LFI/NFP qui n‘est que gentiment néo keynésien.
Ainsi, on peut s’attendre que le gouvernement de Bayrou, soit conçu comme une accélération de la volonté au sommet de passer le pouvoir au RN avec des campagnes de presse amplifiées contre le chaos ou le « bordel » pour les affaires des motions de censure à répétition de LFI, nécessitant en réponse un « pouvoir fort ». Déjà, la presse des milliardaires a testé ces derniers temps auprès de l’opinion, l’application de l’article 16 qui donne tout pouvoir au président.
En même temps, toute cette agitation au sommet, reflète leur peur grandissante face à la menace de politisation des luttes prolétariennes, qu’elles soient directement ouvrières, ou plus largement, démocratiques au travers de l’anti-racisme, le féminisme, ou l’écologie. C’est ce contexte qui explique leur haine de LFI. Ce n’est pas tant leur crainte que LFI en vienne à une politique révolutionnaire, mais que son maintien courageux de ce que faisait hier traditionnellement la gauche réformiste, ne contribue à cette politisation des « classes dangereuses ».
La convergence des luttes qui s’est faite le 12 décembre, ne s’est certes faite que sur une seule journée, mais elle a montré que c’est possible et que ce sera encore plus d’actualité en ce début d’année 2025 qui sera marqué tout à la fois par de multiples luttes contre les licenciements en même temps qu’elles seront adossées au discours de destitution de Macron par LFI, sur fond de motions de censure réitérées et de chutes à répétition des gouvernements et tout ça avec la politique de Trump qui tendra encore un peu plus la situations économique et politique. C’est pourquoi dans ce contexte où les explosions sociales peuvent prendre rapidement un caractère politique et révolutionnaire, les Etats et la presse mondiale font tout pour distiller le pessimisme et le découragement, en cachant ou déformant les montées populaires où qu’elles se trouvent afin qu’elles ne génèrent ni encouragements ni espoirs. Cela va depuis la dissimulation ou la minimisation des énormes succès des luttes ouvrières aux USA et en partie en Grande-Bretagne et au Canada, jusqu’à la chute de la dictature de Bachar al Assad initiée certes par une milice militaire islamiste mais suivie dans son sillage par une révolution populaire qui peut ébranler toutes les dictatures de la région, en passant par les vagues de grèves de masse en Italie ou en Argentine qui ébranlent leurs gouvernements d’extrême-droite ou encore les mobilisations populaires en passe de prendre le caractère de soulèvements en Géorgie, Serbie, Slovaquie ou même encore en Israël. Car si les sommets glissent à droite, les sociétés poussent à gauche. Et cela, nous pouvons le documenter largement et contribuer ainsi à peser sur les rapports de force.
Jacques Chastaing, 15 décembre 2024
Dire qu’il y a 235 ans on prenait la Bastille… Aujourd’hui pourtant se déroule sous nos yeux la même comédie médiatique du monarque et de ses courtisans. Pendant qu’à un bout de la société une poignée de nantis accumule les richesses, en bas de l’échelle plus de 14% de nos frères vivent en dessous du seuil de la pauvreté https://www.insee.fr/fr/statistiques/5759045
Arrêtez de regarder BFhaineTV, C8, descendez dans la rue, ensemble on y voit plus clair!
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