L’ancien Premier ministre, nommé ministre des Outre-mer dans le gouvernement Bayrou, a été interrogé sur son retour sur la scène française… en des termes fleuris.
POLITIQUE – Manuel Valls n’a pas eu droit à un « Joyeux Noël » ce mardi 24 décembre sur France Inter, bien au contraire. Tout juste nommé ministre des Outre-mer au sein du gouvernement Bayrou, l’ancien Premier ministre a été interpellé par deux auditeurs pas vraiment ravis de son retour sur la scène politique nationale, l’un d’entre eux allant jusqu’à insulter le nouveau ministre, avant d’être coupé.
Et l’auditeur de poursuivre : « Vous devriez avoir honte. Vous êtes le pire des traîtres, Monsieur Valls. Toute la France a honte de votre comportement. Vous êtes pire qu’un étron ». Avant de se faire couper, les insultes n’étant évidemment pas autorisées à l’antenne.
Reprenant la parole, le présentateur Simon Le Baron a tenu à préciser que ce n’était pas la question annoncée par l’auditeur au standard au moment de la présélection. C’est donc le journaliste qui lui a posé la question initialement prévue, à savoir « pourquoi avoir accepté d’entrer dans ce gouvernement ? »
Mais preuve que son retour interroge, la seconde question d’un auditeur n’a pas été plus agréable pour l’ancien Premier ministre. Cette fois, c’est son passage éclair en Espagne comme candidat à la mairie de Barcelone qui a été évoqué. Le parti Ciudadanos pour lequel il se présentait s’est ensuite rapproché de l’extrême droite, d’où cette interrogation : « On vous présente comme l’aile gauche du gouvernement. (…) En cas de nouvelle censure, pourriez-vous rejoindre un gouvernement Bardella dont vous représenteriez l’aile gauche ? », a demandé l’auditeur avec ironie.
Valls évoque son « expérience » pour expliquer son retour
En substance, c’est la légitimité du retour de Manuel Valls, qui plus est dans un gouvernement dirigé par un centriste allié à Emmanuel Macron, qui suscite des réactions sceptiques. Le Premier ministre François Bayrou avait justifié ce choix en évoquant la « personnalité un peu kamikaze (…), audacieuse » de son ministre. Manuel Valls fait pour sa part valoir son « expérience ». « C’est dans ces moments particulièrement difficiles pour notre pays (…) que ceux qui ont l’expérience doivent tout donner », a-t-il déclaré, refusant « d’entrer dans les polémiques et les insultes ».
Il a en parallèle réfuté l’alliance de son ancien parti espagnol avec l’extrême droite de Vox. Mais a insisté sur l’importance d’« être attentifs à tous les électeurs, quel que soit leur vote », en soulignant les scores de la gauche mais aussi de l’extrême droite dans les territoires d’Outre-mer. « Il n’y a rien de pire que le sectarisme, la violence, l’insulte », a-t-il avancé.
La nomination de Manuel Valls intervient alors que les Outre-mer sont frappés par plusieurs crises : Chido à Mayotte, la Nouvelle-Calédonie post-émeutes du printemps, mobilisation contre la vie chère en Martinique… Dossiers brûlants sur le bureau du ministre, à condition qu’il dispose de temps pour s’y pencher. Car la composition du gouvernement Bayrou a été perçue comme une « provocation » par la gauche qui menace de censure.
Sur France Inter, Manuel Valls en a appelé à la « responsabilité » des socialistes. « Vous pensez que François Hollande peut censurer un gouvernement dans lequel il y a son ancien Premier ministre, son ancien ministre du Travail (François Rebsamen), son ancienne secrétaire d’État aux Victimes (Juliette Méadel) ? », avance-t-il. Réponse presque en direct du premier secrétaire du PS Olivier Faure sur RMC et BFMTV : « Aucune des conditions pour la non-censure n’a été respectée. »
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