Torture en Syrie: 54 000 photos qui montrent l’horreur

Cette photographie fait partie d’un ensemble de 54 000 clichés de 11 000 détenus morts sous la torture et les privations dans un «centre» du régime de Bachar al-­Assad.

Syrie: Human Rights Watch identifie des victimes des photos de «César»

Le minutieux travail d’authentification réalisé par l’organisation Human Rights Watch a abouti à un rapport accablant pour le régime syrien. Ce rapport précise les actes de tortures perpétrés sur les détenus. Il permet également d’identifier une partie des victimes, dont quelque 53 000 photographies ont été révélées par César en 2014.

Washington, le 31 juillet 2014. Le représentant de la Chambre des affaires étrangères, le républicain Ed Royce, prononce un discours introductif avant que les photos de «Cesar» (de dos en bleu) soient étudiées par le Comité.
Washington, le 31 juillet 2014. Le représentant de la Chambre des affaires étrangères, le républicain Ed Royce, prononce un discours introductif avant que les photos de «Cesar» (de dos en bleu) soient étudiées par le Comité. Alex Wong/Getty Images/AFP

→ A relire : torture en Syrie: 54 000 photos qui montrent l’horreur

Il aura fallu neuf mois de travail acharné, pour parvenir à ce résultat. Selon Human Rights Watch, les photos rassemblées dans le dossier César constituent une preuve accablante et irréfutable des crimes contre l’humanité perpétrés dans les geôles syriennes, par le régime de Bachar el-Assad.

→ Lire le rapport : « Si les morts pouvaient parler »(en anglais)

On a retrouvé des gens qui étaient avec eux en détention. Et qui, dans certains cas, les ont vu mourir, être torturés ou en mauvaise santé. On donne un visage, une voix, une histoire à ces photo

Nadim Houry

Sami Boukhelifa

visages ont été transformés par la faim et la torture. Vingt-sept victimes sur les milliers recensées dans le dossier ont été formellement identifiées. Nadim Houry, responsable Afrique du Nord et Moyen-Orient à Human Rights Watch, explique l’intérêt qui réside das la sortie de cette nouvelle enquête : « Quand les photos sont sorties, il y avait eu un rapport de trois juristes internationaux qui avaient analysé les photos. Mais ce qui n’avait pas été fait à ce moment-là, c’est qu’il n’y avait pas eu d’enquête avec d’autres déserteurs qui puissent compléter le témoignage de César. Il n’y avait pas eu notamment d’identification des gens qui figurent dans ces photos. Et ceci avait mené le gouvernement syrien, mais aussi le gouvernement russe, à dire « mais on ne sait pas exactement qui sont ces gens-là, on ne sait pas exactement s’ils sont morts à cause de la détention par le gouvernement ou par les groupes armés. » »

En recoupant les récits de détenus, et le peu d’informations recueillies par les familles, l’organisation Human Rights Watch s’est employée à reconstituer le calvaire, et les circonstances de la mort de chacun de ces détenus. « Aujourd’hui, les preuves que l’on présente dans le rapport sont accablantes. On sait exactement où ces gens sont morts. On décrit en grands détails la structure qui était mise en place pour transférer les corps. On a parlé à des gens qui étaient en détention et qui ont vu des gens mourir avec eux dans la cellule, notamment d’anciens médecins qui nous ont décrit les causes des décès. A l’été 2012, il y avait parfois dans une cellule cinq ou six personnes qui mouraient en une journée. »

En conclusion, l’ONG demande que les responsables de ces tortures puissent répondre de leur crime. Et que des observateurs extérieurs puissent accéder immédiatement aux centres de détention où des milliers de personnes sont toujours détenus actuellement.

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