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P comme pourris, S comme salauds
Accord PS-Bayrou : Hollande, réhabilité par le NFP, au cœur des négociations
Alors que le PS a refusé de voter la motion de censure contre le gouvernement Bayrou, François Hollande se vante désormais d’avoir joué un rôle central dans les négociations, dans le but d’apporter de la stabilité au régime. Une situation permise par la réhabilitation de l’ancien Président par le NFP.
20 janvier
« Les socialistes ont d’abord fait le choix de la stabilité ». Dans son entretien avec la Tribune Dimanche ce week-end, François Hollande a explicitement résumé le cap du Parti socialiste. Après que le groupe socialiste a largement rejeté la motion de censure, puisque sur 66 députés seul 8 ont refusé de la voter, la prise de parole de Hollande vient confirmer la profondeur de l’engagement pris avec la macronie.
L’ancien Président, élu au nom du NFP, a conseillé Bayrou pour acheter le PS
Comme le relève la Tribune Dimanche, François Hollande, qui compte parmi les figures politiques les plus détestées de la Vème République, a joué un rôle crucial dans cette énième trahison du PS, en négociant directement avec Bayrou. L’ex-chef d’Etat aurait soufflé à l’oreille du Premier ministre tout au long des dernières semaines.
Le soir de son discours de politique générale, c’est François Hollande que Bayrou a au téléphone, pour lui faire des retours et remarques sur les grands axes de sa déclaration. Lors des vacances de Noël, François Hollande discutait déjà avec Bayrou de ses perspectives pour la rentrée et des magouilles à mener au Parlement pour obtenir le soutien des députés. Si depuis 2022, au sein de la NUPES puis du NFP, le Parti socialiste a joué les opposants fermes, feignant de défendre une « rupture » avec le macronisme, il n’est désormais plus question de se cacher.
Face au risque de crise du régime, la priorité est d’éviter par tous les moyens une nouvelle phase d’instabilité. De ce point de vue, le PS a réussi sa mission, cherche à le faire savoir, et à ce que le régime lui en attribue le mérite. C’est tout l’enjeu de l’interview d’Hollande, qui martèle que le PS sera une opposition « responsable et utile ». Une autre manière de dire qu’il se tiendra désormais au chevet du gouvernement pour lui éviter le même sort que Michel Barnier. En ce sens, Hollande compte bien faire perdurer la situation de soutien sans participation le plus longtemps possible, ce qui l’amène à dire que les socialistes « ont la clé jusqu’en 2027 ».
Alors que le risque de censures répétées a fait planer la menace d’une démission de Macron, en appuyant Bayrou au gouvernement, le PS veut aussi sauver la peau de Macron. Hollande est également catégorique sur ce point, pas question de toucher au monarque républicain : il s’opposera catégoriquement à toute tentative de destitution. Là encore, la santé du régime de la Ve République, qui repose sur le rôle prépondérant du Président, passe avant tout.
Le rôle traître du PS est d’autant plus marquant, que, en échange de son soutien au gouvernement et à son budget austéritaire historique, Hollande et ses amis n’ont obtenu que des miettes de la part du Premier ministre. Sur ce terrain, même la promesse fumeuse de négociations entre partenaires sociaux et représentants du gouvernement, aurait été soufflée par Hollande. Un cadre qui n’est en réalité qu’un moyen, au mieux, d’enterrer les débats sur la réforme des retraites et régler pour de bon la question en la mettant aux oubliettes ou, au pire, d’ouvrir la voie à de nouvelles attaques contre les travailleurs, comme la retraite à points.
Pour faire accepter des offensives contre les travailleurs, Hollande recycle les méthodes de son mandat
De fait, la méthode porte la signature de François Hollande, habitué de ce type de procédés. Après avoir, lors de sa campagne électorale de 2012, fait la promesse d’abaisser l’âge légal de départ à la retraite, il avait abandonné la mesure aussitôt élu Président. Pire encore, il a allongé la durée de cotisation pour une retraite à taux plein avec la réforme Touraine, en l’augmentant d’un trimestre tous les trois ans, dans le but d’atteindre 43 ans en 2035 contre 41,5 ans avant la réforme. Une façon indirecte de repousser l’âge de départ à la retraite des travailleurs qui ne peuvent se permettre un taux réduit avec des retraites déjà basses.
Un dispositif que Macron a ensuite pu renforcer avec sa réforme, accélérant l’allongement de la durée de cotisation. Dans le même sens, c’est sous la présidence de Hollande qu’en 2016 la Loi travail, une offensive historique contre les droits des salariés et des syndicats, a été imposée par 49.3 dans le cadre d’une répression brutale, qui a inspiré Macron par la suite. Aussi, si depuis jeudi la France Insoumise ne cesse de dénoncer la trahison de son ancien partenaire, on ne peut que s’interroger sur leur surprise. Comme si rien n’indiquait que le parti, qui a intronisé l’ancien Président Hollande sous leur sigle NFP aux dernières législatives, trahirait à la moindre occasion.
A l’époque du retour de Hollande, Mélenchon déclarait « le Parti Socialiste choisit les candidats qu’il souhaite » et de poursuivre, « tout renfort est bienvenu pour combattre le RN, y compris François Hollande. ». En réalité, comme nous l’écrivions alors, cette investiture « démasquait une fois de plus la réalité du « nouveau front populaire » : une opération électoraliste, au service du sauvetage et de la résurrection du Parti socialiste et des pires responsables de la montée de l’extrême-droite de ces dernières années ». 6 mois après, le bilan est clair.
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