Blast: Le souffle de l’info

La Niouzeletteur de Pacôme Thiellement

Le souffle de l’info
Courir de toute la vitesse de ses jambes pour simplement demeurer là où l’on est

Où l’auteur de la niouzeletteur, à l’occasion d’une invitation à la radio, entouré de génies, évoque quelques-unes de ses admirations vivantes, annonce un nouveau ciné-club et rappelle la nécessité de réserver sa place pour la prochaine avant-première de L’Empire n’a jamais pris fin à L’Archipel le 14 février (bah oui).

Que des génies ! Delfeil de Ton, Jean-Christophe Menu, Olivier Mellano, Chloé Delaume, Bertrand Mandico, Sophie Perez… Déjà un seul ce serait beaucoup. Alors tous ensemble… C’est ici, c’est dans Comme un samedi d’Arnaud Laporte et vous n’avez sans doute jamais entendu une émission de radio aussi remplie à ras-bord d’artistes incroyables, chacun dans leur domaine : Littérature, bande dessinée et édition, musique, cinéma, théâtre…

Donc Arnaud Laporte m’a invité à son émission Comme un Samedi. Une émission de rêve où l’invité peut inviter qui il a envie d’écouter. Et où, donc, j’ai pu inviter quelques-unes de mes admirations vivantes. Quelques-uns et quelques-unes de mes artistes vivant(e)s préféré(e)s.

Merci à Delfeil de Ton, Jean-Christophe Menu, Olivier Mellano, Régis Boulard, John Greaves, Chloé Delaume, Bertrand Mandico et Sophie Perez d’être venus. Et merci à Arnaud Laporte de m’avoir invité à les inviter. Génies adorés. Il y en a d’autres, bien sûr. Pas tant que ça (je sais). Pas assez (je sais). Jamais assez (jamais assez). Je suis trop limité dans mes goûts (on est toujours trop limité dans ses goûts). Mais quelques-autres quand même. Quelques dizaines d’autres. J’en évoque d’ailleurs pas mal quand on parle de dessin et de bandes dessinées : Olivia Clavel, Captain Cavern, Placid, Muzo, Killoffer, Mattt Konture… Il y en a d’autres, vous savez (vous savez). Je rêve d’écrire un jour un livre sur mes artistes vivants préférés. Je ne sais pas encore quelle forme ce livre pourra prendre. Ni où et comment je pourrais le faire. Quel éditeur en voudrait. Depuis des années, des décennies même, j’accumule des notes, fragments, idées, parfois des essais entiers. Il me faudrait quand même du temps pour finir tout ça, un beau grand livre sur des artistes vivants, et L’Empire n’a jamais pris fin ne m’en laisse pas beaucoup. Euphémisme (je sais).

Mais déjà, pour commencer, voici : Delfeil de Ton, Jean-Christophe Menu, Chloé Delaume, Bertrand Mandico, Sophie Perez, OIivier Mellano. Je vous les recommande. Vous devriez les suivre de près. Peut-être que vous ne les connaissez pas assez ? Alors j’en profite pour en rajouter un peu sur eux dans cette niouzeletteur.

Et pour commencer : Delfeil de Ton. Delfeil : dernier authentique membre vivant de l’équipe d’Hara-Kiri de la rue Montholon avec Willem. Et, avec Willem, dernier membre fondateur d’Hara-Kiri Hebdo et de Charlie Hebdo. Génie de l’écriture. Génie de l’humour. Génie du journalisme même. Auteur de la plus passionnante chronique des cinquante dernières années : Les Lundis de Delfeil de Ton. D’abord dans ces deux hebdos, puis dans L’Obs, des années 1970 aux années 2010. L’édition complète est en cours aux éditions L’Apocalypse, chez Jean-Christophe Menu. Trois volumes déjà, que vous devez impérativement avoir car c’est à travers eux que vous pourrez lire vraiment ce qu’a été cette époque. Pour comprendre une époque, vous avez Thucydide, vous avez Tallemant des Réaux, vous avez Retz, vous avez Saint-Simon et vous avez Delfeil de Ton. C’est le texte essentiel. C’est la chronique. Les trois premiers tomes des Lundis de Delfeil de Ton sont les années 1970-1980. Le quatrième ne devrait pas tarder, et je suis très impatient.

En attendant, après avoir entendu Delfeil dans ce Comme un samedi d’Arnaud Laporte, vous pouvez revoir cette interviou de Delfeil de Ton par Denis Robert et moi pour Blast :

Delfeil de Ton : l’histoire fabuleuse d’un humoriste qui s’est fait Hara-Kiri

Et cette présentation au Monte-en-l’air, avec Jean-Christophe Menu et Willem (autre grand artiste vivant), filmée par (autre grand artiste vivant) Arnaud Baumann :

Mais il y a d’autres chefs-d’oeuvre de Delfeil de Ton qui n’ont pas encore été publiés en livres. Et pour commencer son grand-oeuvre, publié, numéro après numéro, dans Hara-Kiri Mensuel : Les Mémoires de Delfeil de Ton par Delfeil de Ton. Il faut publier en livre Les Mémoires de Delfeil de Ton par Delfeil de Ton. Qu’est-ce que les éditeurs attendent avant de publier ce qui sera à l’avenir un des livres principaux de leur carrière d’éditeur ?

Et de Jean-Christophe Menu aussi, vous avez beaucoup de merveilles à lire ou à relire, à découvrir ou à redécouvrir. Vous avez les Gnognottes et vous avez Le Livre du Mont-Vérité. Vous avez son Livret de Phamille et vous avez sa Métamune. Vous avez les Chroquettes et vous avez Lockgroove Comix et vous avez surtout son incroyable 30/40. Mais son chef-d’oeuvre (à mon sens) n’a pas été publié en livre encore. Ce sont ses S.O.S. Valises. Les récits de rêves à tiroirs qu’il a dessinées ces dernières années, et qui sont parmi ce que je connais de plus beau en bande dessinée.

Vous pouvez également écouter cette autre interviou de Jean-Christophe Menu (passionnante) par Yves Tenret pour La vie est un roman sur Radio Aligre.

Et voir ou revoir ce film de ma chère et géniale Fabienne Issartel (elle aussi, autre grande artiste vivante) sur les débuts des éditions L’Association, réalisé en 1997. Comme on dit, ça ne nous rajeunit pas. Mais qu’est-ce qui pourrait bien nous rajeunir ? Je vous le demande.

Je remarque que, malgré toutes leurs différences, mes deux écrivains vivants préférés, Chloé Delaume et Delfeil de Ton, ont tous les deux deux admirations littéraires communes : Raymond Queneau et Boris Vian. Et ce n’est sans doute pas un hasard. J’ai très peu lu Vian (ça viendra) mais Queneau beaucoup (et ça reviendra). Queneau, c’est vraiment l’alpha et l’oméga du roman du vingtième siècle (à mon humble avis). A chaque fois que je relis un roman de Queneau, je regrette de n’avoir pas le temps d’en relire un autre. A chaque fois que je relis deux romans de Queneau d’affilée, je regrette de ne pas pouvoir les relire tous. Je n’ai pas le temps de les relire tous. Comme je n’ai pas le temps de lire les Mémoires de Saint-Simon. Pas en intégralité. Pas encore. Mais, comme je ne passe jamais beaucoup de temps sans me replonger dans une bande dessinée de Jean-Christophe Menu, un recueil de Delfeil de Ton ou un roman de Chloé Delaume, je ne passe jamais beaucoup de temps non plus sans relire Saint GlinglinLoin de RueilPierrot mon ami ou Les Enfants du Limon.

De Chloé Delaume, vous pouvez tout lire. Tout. Mais si vous ne les avez pas encore lus (ça m’étonnerait, quand même, depuis le temps que je vous le rabâche, mais qui sait), il faut impérativement que vous lisiez Une femme avec personne dedans et Pauvre Folle. Ce sont ses plus beaux à mes yeux. Tout est beau, de Chloé Delaume. J’aime à la folie Les Mouflettes d’Atropos, le premier que j’ai lu et qui était aussi son premier, Ou Certainement pas (son plus étrange, inquiétant, dense). Ou Dans ma maison sous la terre. Mais rien n’est plus beau qu’Une femme avec personne dedans ou Pauvre Folle. Lire et relire Pauvre folle en boucle (et ne pas devenir fou).

Et, après avoir écouté Chloé Delaume dans Comme un samedi, vous pouvez également voir ou revoir cette interviou de Chloé Delaume par Salomé Saqué pour Blast, où elle parle de son dernier chef-d’oeuvre publié à ce jour, Phallers :

Comment faire pour que des hommes arrêtent d’agresser ?

Après Delfeil de Ton, Jean-Christophe Menu et Chloé Delaume, Bertrand Mandico.

Les derniers grands films de Bertrand Mandico devraient prochainement sortir en coffret chez Potemkine et inutile de vous dire que je piaffe littéralement d’impatience. Le coffret Conann comprendra Conann bien sûr, mais aussi son programme télévisé, L’émission a déjà commencé, avec les courts-métrages conanniens insérés à l’intérieur, Rainer et Nous autres barbares. Et, comme dans presque tous les films de Bertrand Mandico, le jeu toujours démentiel des actrices visionnaires Elina Löwensohn et Nathalie Richard (autres très, très grandes artistes vivantes). Vous avez vu L’émission a déjà commencé ? Bande-annonce :

Sophie Perez l’a vue, et d’ailleurs elle en parle dans l’émission. Celle d’Arnaud Laporte. Pas celle qui a déjà commencé. Vous suivez toujours ? Et dans le coffret Conann on retrouvera aussi La Déviante comédie, bien sûr. Le film de la pièce qui n’a pas eu lieu. Et vous devriez nous y entendre, Bertrand et moi, parler de ses films en commentaires audio, à l’ancienne. Ca devrait être assez amusant, même si ces commentaires ont été enregistrés à l’époque des élections législatives de juillet dernier. Dans un contexte tendu. Même si des signes de fascisation mondiale ont largement précédé Conann de Bertrand Mandico, il y a peu de films qui ressentent avec une semblable profondeur ce qui est en train de se jouer aujourd’hui aux Etats-Unis, avec une figure comme celle d’Elon Musk. Le salut fasciste de Musk, c’est encore du Conann, et Conann, c’est déjà autre chose. C’est déjà la suite. Depuis que David Lynch est parti, nul cinéaste ne me semble aussi visionnaire que Bertrand Mandico.

Sur Bertrand Mandico, vous pouvez voir ou revoir cet épisode de La Fin du Film, réalisé par Thomas Bertay, où je parle de Fellini et de Bertrand et du cinéma visionnaire : L’Imagination contre le pouvoir.

L’imagination contre le pouvoir, de Fellini à Mandico

Et réécouter quelques Mauvais Genres de François Angelier à son propos, et avec lui. Y en a eu beaucoup. Mais j’ai une faiblesse pour celui où on parlait tous des Garçons sauvages :

Et de Sophie Perez, et de sa Compagnie, la Compagnie du Zerep, que vous dire que vous ne sachiez déjà si vous êtes allés voir une de leurs pièces ? Plus fou, plus drôle, plus beau, plus génial et dérangeant que le Zerep, au théâtre, je ne sais pas si ça existe. Je ne sais pas même si c’est possible. Suivez leur activité sur leur site, et s’ils jouent dans votre ville, allez-y. Vous n’en reviendrez pas. J’y suis allé à l’époque de la pièce Oncle Gourdin. J’attends encore qu’on m’explique comment on pourrait bien en revenir.

Beauté et folie de ces actrices et acteurs du Zerep, qui vont chercher ce qu’ils ont de plus malaisant, clownesque, grotesque, entêtant, inquiétant, obsédant. Qui n’ont pas peur de plonger et de rester au fond de l’Océan de la Folie jusqu’à ce que le spectateur se noie par imprégnation. Une Grâce folle que celle du Zerep. Ce que j’aime dans les pièces du Zerep, c’est que je ne sais vraiment pas ce qui peut se passer dans les cinq minutes qui suivent. Mais alors pas du tout. Tout est toujours totalement inattendu. Tout est remarquablement imprévisible. Et même quand on s’attend à être surpris, on est surpris de la façon dont on a été surpris. Génie de la Compagnie de Zerep et génie de Sophie Perez.

À propos du Zerep, vous pouvez voir ou revoir ce film de Philippe Truffault de 2005 où on les voit préparer la pièce Enjambe Charles :

https://www.youtube.com/watch?v=ukGZ0qFl6dM&t=2s

Et surtout, en attendant la prochaine pièce, vous pouvez lire leur livre monographique, Le Théâtre et son double-fond :

https://compagnieduzerep.fr/le-theatre-et-son-double-fond/

Et enfin, mon cher, cher, cher Olivier Mellano, qui continue sa route de musicien tout terrain, avec des oeuvres personnelles intensément poétiques et folles et des collaborations enchaînées et déchaînées. Et particulièrement ce dernier disque, fruit d’une collaboration entre NO&RD et John Greaves : GLOYW, My Father is a Tree.

https://boutique-ulysse.com/produit/myfatherwasatreegloyw/

Précieux, unique, merveilleux John Greaves. Qui vient d’Henry Cow, du rock progressif, et qui a fait tant de choses incroyables depuis. Et magnifique alliance entre Olivier Mellano, Régis Boulard et John Greaves.

Sur Olivier Mellano, vous pouvez suivre tout ce qu’il fait (et c’est beaucoup) par l’intermédiaire de son site web, très riche et fourni :

https://www.oliviermellano.com

Avec Olivier, on a souvent fait des spectacles ensemble. A sa demande, j’improvisais les mots pendant qu’il improvisait la musique. C’était très fou à faire. J’espère qu’on en refera prochainement ensemble. Il y en a quelques-uns en ligne. Voici par exemple celui à la Maison de la Poésie en 2019 :

https://www.youtube.com/watch?v=fwkBbj_eFnY&t=834s

Et puis, parmi mes artistes vivants adorés qui ne sont pas dans l’émission, je profite de cette niouzeletteur pour vous annoncer que le photographe (génial, génial, génial) Arnaud Baumann sera largement présent dans l’exposition Disco à la Philarmonie de Paris, qui commence le 14 février. Bien sûr qu’il faut y aller. Si et quand vous pourrez.

https://philharmoniedeparis.fr/fr/activite/exposition/27966-disco

Voilà pour cette fois. On en dira plus, sur eux comme sur d’autres artistes, dans de futures niouzeletteurs. Et maintenant, roulement de tambour, trompettes, etc. Je vous annonce le prochain épisode de L’Empire n’a jamais pris fin. Sur la pire période de toute l’Histoire de France, la plus atroce, la plus pénible, la plus laide, j’ai nommé le Grand Siècle. Le siècle de Louis XIV : L’Enfer sur France.

L’avant-première de cet épisode de L’Empire n’a jamais pris fin aura lieu le Vendredi 14 février à 20h à L’Archipel, 17 boulevard de Strasbourg 75010 Paris. Le soir de la Saint-Valentin. Oui. Et pour cette Saint-Valentin, vous aurez un épisode sur Louis XIV. Oui. Pas l’homme le plus charmant du monde, certes. Pas l’homme le plus délicieux. Pas l’homme à qui on confierait ses enfants, le gouvernement ou ses clés : certes, certes, certes. Mais, avec cet épisode, on aura l’occasion de parler d’amour. Oui, oui et encore oui. Et d’une façon, j’espère, inattendue. Je ne peux que rappeler à quel point il est utile de réserver. Vous pouvez réserver ici :

Et on vous en reparle bientôt, mais nous lançons un nouveau ciné-club à L’Archipel avec Bertrand Mandico et Stéphane du Mesnildot : Brûlez vos larmes. Ciné-club qui part de la mort de David Lynch et des flammes sur Hollywood et dont la mission (si vous l’acceptez) sera d’explorer et d’interpréter ensemble les prophéties contenues dans les films visionnaires. Le premier qui fera l’objet de notre enquête commune sera Le Jour du Fléau de John Schlesinger (1975). Et on fera ça, comme mon précédent ciné-club à L’Archipel, les dimanches à 17h. Premier Brûlez vos larmes dimanche 3 mars à 17h. Notez cela sur vos tablettes, les amis.

Si vous ne souhaitez plus recevoir la Niouzeletteur de Pacôme Thiellement, merci de nous l’indiquer par mail à l’adresse suivante : contact@blast-info.fr

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