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Ils l’appelaient Krasnov. Mais à part çà, on savait déjà tout.
Par aplutsoc2 le 23 février 2025
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Trump et KGB-FSB : cela fait longtemps que l’on sait presque tout, et ce n’est en rien du complotisme. La vague justifiée d’inquiétude qui balaie le monde, et la manière de plus en plus grossière, et grotesque, dont la Maison blanche se prostitue devant Poutine, fait naturellement revenir ce sujet.
C’est dans ce contexte qu’une touche finale est apparue, puisque l’on savait presque tout : la marge entre le presque et la totalité des informations nécessaires semble avoir été comblée par un dénommé Aynur Mussayev, 71 ans, qui travaillait à la fin des années 1980 à la section du KGB dévolue au recrutement ou à la corruption de capitalistes occidentaux, puis qui fut rapidement (ce qui confirme son importance dans le KGB, au-delà de son titre fonctionnel d’attaché auprès du Ministère de l’Intérieur) dirigeant du KGB au Kazakhstan, qu’il fuit en 2008 suite à de sombres querelles intestines. Assurément pas un personnage au-dessus de tout soupçon, donc, qui a simplement publié ceci sur Facebook le 20 février :
В 1987 году я служил в 6 Управлении КГБ СССР в Москве. Наиболее важным направлением работы 6 Управления была вербовке бизнесменов капиталистических стран.
Именно в тот год нашим Управлением был завербован 40-летний бизнесмен из США Дональд Трамп под псевдонимом « Краснов ».
In 1987, I worked in the 6th Department of the KGB of the USSR in Moscow. The most important area of work of the 6th Department was the acquisition of spies and sources of information from among businessmen of capitalist countries. It was in that year that our Department recruited the 40-year-old businessman from the USA, Donald Trump, nicknamed « Krasnov »
En français : « En 1987, je travaillais au 6° département du KGB d’URSS à Moscou. La partie principale du travail du 6° département était le recrutement d’espions et de sources d’information parmi les hommes d’affaire des pays capitalistes. C’est durant cette année-là que notre département a recruté le businessman de 40 ans aux USA, Donald Trump, au nom de code « Krasnov ». »
Ces propos ne seraient pas une petite bombe s’ils survenaient dans le vide, mais en réalité ils ne font que compléter la totalité des informations dont on dispose depuis longtemps, et sur lesquelles a prévalu un aveuglement collectif dont la principale raison, aux Etats-Unis, est qu’il est calamiteux pour les services secrets et les institutions judiciaire du pays le plus puissant du monde, et tout simplement pour ce qu’il lui reste d’ « honneur national », de reconnaître qu’ils ont, qui plus est par deux fois et la seconde fois de manière beaucoup plus grave, laissé parvenir à la magistrature suprême un agent du KGB ! Mais l’on n’y comprendrait rien si on s’en tenait à l’explication policière de l’histoire. Celle-ci, y compris dans sa dimension policière et crapuleuse, dépend entièrement de facteurs sociaux. Trump n’est pas un simple agent du KGB, et c’est pour cela qu’il en est un !
C’est en 1987 (mais l’infiltration de la famille Trump avait sans doute commencé avant autour de sa première épouse, Ivana Zelnikova-Trump, d’origine tchèque, morte en 2022 d’une manière – chute dans un escalier à Manhattan -qui demanderait, comme toutes les dimensions de la vie de ce personnage, une enquête – elle est inhumée sous le goudron d’un golf appartenant à Trump ), peu après la faillite de la ville de New York, que la mafia immobilière de la côte Est (New York, Newark, Atlantic City, Boston, Providence …), dont Trump est une figure clef, passe contrat (non écrit, mais définitif) avec la mafia russe, délaissant la mafia italienne qui, elle-même, signe un pacte de non-agression avec les russes, sans quoi il y aurait eu des centaines de morts dans les villes américaines.
L’homme clef est Semion Mokhilevitch, né en 1946, diplômé d’économie à Lvov (aujourd’hui L’viv), qui s’est enrichi avec l’aide du FSB, en rackettant les juifs candidats à l’émigration au temps de Brejnev, et qui mène alors l’exportation des capitaux soviétiques sous forme mafieuse, en connexion avec certains membres du Politbureau, dès 1987. Il est précédé d’un émissaire, Semion Kislin, qui achète à Trump ou loue une grande partie de la Trump tower à New York, et prépare les contacts entre les deux mafias. Le clan Trump émargeait à la mafia italienne et change alors d’allégeance, et de banquier.
C’est le même Mokhilevitch qui a financé la montée de Poutine à Saint-Petersbourg à partir de 1990. Jusqu’en 1989, Poutine est responsable du KGB à Dresde, en RDA, spécialisé dans les affaires financières et les trafics technologiques avec l’Europe occidentale, dont lui aussi à l’intersection de la police politique, de la mafia et du capital financier « occidental ».
Les renflouements successifs de l’empire Trump, dont la fortune de dizaines de milliards de dollars a la plupart du temps eu la particularité très moderne de s’écrire en nombres négatifs, par la Deutsche Bank notamment, ont été opéra avec l’aide de Mokhilevitch. Celui-ci, surnommé le « parrain des parrains », a fait la transition sociale, financière et policière, des grandes mafias de l’ère Brejnev aux oligarques des années 1990, dont il était le principal, et il a parrainé Poutine, qui deviendra à son tour le plus riche d’entre eux une fois président.
Mokhelevitch, officiellement recherché par Interpol mais curieusement jamais attrapé (son arrestation à Moscou en 2008 semble avoir visé à le mettre à l’abri, il vivrait à Moscou, selon le FBI, plutôt que dans une île quelque part …), est probablement aussi derrière Orban depuis l’évolution néoconservatrice puis fascisante de son parti, le Fidesz hongrois, car c’est en Hongrie qu’il avait implanté ses principales entreprises réellement productives (par la production d’armes).
La connexion Poutine/Trump est donc de type mafieux et de très, très gros sous sont en cause, depuis des décennies, et elle remonte au moins – au moins – à 1987. Quand l’URSS explosait ou implosait, sa projection mafieuse dans ce qu’il est convenu d’appeler la mondialisation capitaliste engendrait Poutine (agent clef des affaires et trafics technologiques entre Europe et URSS depuis Dresde, quand il y dirigeait le FSB dans les années 1980) et Trump, héritier d’une dynastie de corrompus.
Au-delà des aspects individuels, policiers et crapuleux, le lien Trump/Poutine était donc une anticipation de ce qu’allait devenir le capitalisme mondial contemporain, et que nous voyons pleinement à l’œuvre maintenant. Les contingences correspondent ici à des faits sociaux fondamentaux, et c’est en cela que la compréhension du caractère d’« agent russe » de Trump ne relève nullement du complotisme.
Intervient ici la seconde raison pour laquelle les services secrets US, qui savent évidemment, n’ont pas coulé Trump : son orientation prorusse n’est pas seulement la sienne, mais celle des secteurs clefs du capital US qui veulent partager ou repartager le monde, en s’adaptant à la multipolarité impérialiste. A ce petit jeu, Trump devient sans doute un égal, et non plus un agent, de Poutine : mais ça, c’est leur problème …
Accessoirement, on lit souvent que Poutine doit aussi le « tenir par les couilles », à savoir des photos « compromettantes » avec des prostituées dans des hôtels de luxe à Moscou (on est même au courant, via des fuites des services britanniques, de la nature des photos, axées sur des perversions urinaires …).
Aucun doute à cela, mais ce n’est pas le facteur décisif : un compromat de plus ou de moins pour Trump n’a plus guère d’importance pour lui au stade où il en est. Et pourrait même plaire aussi bien aux masculinistes saluant ses exploits, qu’aux millénaristes chrétiens le prenant pour le grand pécheur devenu guerrier de la fin des temps …
Le recoupement des trajectoires de Trump et de Poutine est un exercice nécessaire pour comprendre les classes dominantes, parasitaires et destructrices, du capitalisme contemporain, celui de la décadence impérialiste. Je conseille deux livres : Un parrain à la Maison blanche, de Fabrizio Calvi, dont je reproduis ci-dessous une interview qu’il faut lire en n’oubliant pas qu’elle date de 2020, et Les hommes de Poutine de Catherine Belton, qui montre comment se forme, à la fin des années 1980, une clique affairiste-policière autour de Poutine, qui prendra la pouvoir en 1999 (un parallèle significatif est d’ailleurs faisable avec la « clique de Tsaritsyne » formée autour de Staline à partir de 1918, qui prend le contrôle de la bureaucratie du parti et de l’Etat en 1922, en ce qu’il s’agit d’une bande au départ périphérique qui met la main sur le centre). Ces ouvrages avaient eux-mêmes été préparés par House of Trump, House of Putin : The untold story of Donald Trump and the Russian Mafia, de Craig Unger, 2018. On savait tout, sauf qu’il était appelé Krasnov.
VP, le 23/02/25.
Version 1.0.0
𝗧𝗿𝘂𝗺𝗽, 𝗹𝗮 𝗺𝗮𝗳𝗶𝗮 𝗲𝘁 𝗹𝗮 𝗠𝗮𝗶𝘀𝗼𝗻-𝗕𝗹𝗮𝗻𝗰𝗵𝗲 : interview de Fabrizio Calvi datant de 2020.
Dans une enquête formidable titrée « Un parrain à la Maison-Blanche », le journaliste d’investigation Fabrizio Calvi raconte les liens entre la mafia et le milliardaire devenu président des Etats-Unis.
Jamais, dans l’histoire des États-Unis, un chef de l’Etat n’a été aussi véreux. Compromis avec l’extrême-droite, mouillé avec les Russes, en affaire avec les Saoudiens, Donald Trump brise toutes les conventions, les garde-fous et les habitudes de la fonction : de plus, comme le révèle le journaliste d’investigation Fabrizio Calvi dans son livre passionnant, « Un parrain à la Maison Blanche » (Albin Michel), Trump a toujours traité avec le crime organisé. Constructions édifiées avec l’aide de la mafia italienne, prêts consentis par des banques louches ou carrément dévoyés, flux d’argent en provenance de la délinquance moscovite… Au fil des pages, on découvre un aigrefin toujours prêt à vendre ses proches et à optimiser ses avantages financiers. Fabrizio Calvi, au cours d’une enquête formidable, a rassemblé témoignages et dossiers. Il brosse le portrait d’un homme sans scrupule qui a réussi à échapper à la justice depuis cinquante ans. Parvenu au sommet du pouvoir, peut-il rester impuni ? S’il est élu en novembre 2020, il sera hors d’atteinte. Perdant, il risque de finir sa vie en prison. L’enjeu ? L’Amérique.
𝗟𝗲𝘀 𝗿𝗲𝗹𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗱𝗲 𝗗𝗼𝗻𝗮𝗹𝗱 𝗧𝗿𝘂𝗺𝗽 𝗮𝘃𝗲𝗰 𝗹𝗮 𝗺𝗮𝗳𝗶𝗮 𝘀𝗼𝗻𝘁 𝗮𝗻𝗰𝗶𝗲𝗻𝗻𝗲𝘀, 𝘀𝗲𝗺𝗯𝗹𝗲-𝘁-𝗶𝗹.
Oui. Ce sont des relations familiales. Le grand-père de Donald Trump, Frederick Trump, travaillait avec la criminalité organisée, il avait des bordels à l’époque de la ruée vers l’or, à la fin du XIXe siècle. Le père Trump, Fred, s’est associé avec des mafieux proches de Lucky Luciano, afin de construire certains de ses immeubles. Donald, lui, est resté dans cette tradition, notamment grâce à son avocat et mentor, Roy Cohn, lequel était aussi l’avocat de McCarthy et de la mafia. Cohn était un être éminemment maléfique. La première affaire de Donald Trump, en 1976, lui a été apportée par Roy Cohn : Trump devait servir d’homme de paille pour racheter l’un des hôtels de la mafia − le « Fontainebleau » − à Miami. En fait, Cohn agissait pour le compte d’un parrain, Meyer Lansky, l’un des fondateurs de la mafia américaine. Lansky a servi de modèle à Coppola, qui le représente sous le nom de Hyman Roth dans « Le Parrain 2 », et qui le filme à Cuba, avec tous les chefs des familles mafieuses, et lui fait dire : « Maintenant, nous sommes plus puissants que General Motors.» J’ai retrouvé un agent du FBI qui a enquêté sur Trump dans ces années-là, et qui a interrogé Trump sur cette relation. Que Trump n’a pas niée.
𝗠𝗮𝗶𝘀 𝗰𝗲𝘁𝘁𝗲 𝗮𝗳𝗳𝗮𝗶𝗿𝗲 𝗻𝗲 𝘀’𝗲𝘀𝘁 𝗽𝗮𝘀 𝗳𝗮𝗶𝘁𝗲. 𝗘𝗻 𝗿𝗲𝘃𝗮𝗻𝗰𝗵𝗲, 𝗧𝗿𝘂𝗺𝗽 𝗲𝘀𝘁 𝗰𝗮𝗿𝗿𝗲́𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗺𝗼𝘂𝗶𝗹𝗹𝗲́ 𝗽𝗮𝗿 𝗹𝗮 𝘀𝘂𝗶𝘁𝗲 ?
Son implication avec la mafia italienne va se préciser à New York, car c’est une ville où il est impossible de construire sans avoir recours à la mafia. Roy Cohn met Trump en contact avec Fat Tony Salerno, qui est un sous-chef de la famille Genovese, et qui contrôle les syndicats d’ouvriers du bâtiment. Pour construire la Trump Tower, Donald Trump utilise du béton préfabriqué. Or, à New York, on ne peut rien entreposer en ville, il faut tout amener. Le béton liquide est donc acheminé dans des bétonnières qui tournent, et doivent arriver à une heure précise. S’il y a du retard, le béton fige dans les camions. Or, les syndicats peuvent décider d’arrêter tout. Les Teamsters, justement, viennent de lancer un vaste mouvement de grève. Du coup, Trump passe un accord avec John Cody, l’un des dirigeants des Teamsters, en lui faisant cadeau de trois appartements de la tour, en échange de la paix sociale. Valeur : 10 millions de dollars (soit cinq fois plus en dollars 2020)… De plus, les sociétés de béton sont toutes contrôlées par Fat Tony Salerno, lequel a fini par être condamné en 1987 à 100 ans de détention, et il est mort en prison. J’ai retrouvé la maîtresse de Cody, Verina Hickson, qui coule des jours heureux en Suisse… C’est elle qui a acheté les trois appartements de la Trump Tower, pour le compte de Cody. Quand ce dernier a été condamné, Trump a attaqué Verina Hickson mais on ne sait pas qui a récupéré ces appartements. Dans la Trump Tower, tout est très obscur… Il y a 1 300 ventes suspectes dans cet immeuble, c’est dire. On pense que ce sont des opérations de blanchiment de la mafia italienne ou de la mafia russe.
𝗠𝗲̂𝗺𝗲𝘀 𝗼𝗽𝗲́𝗿𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗮̀ 𝗔𝘁𝗹𝗮𝗻𝘁𝗶𝗰 𝗖𝗶𝘁𝘆, 𝗮𝘃𝗲𝗰 𝗹𝗲𝘀 𝗰𝗮𝘀𝗶𝗻𝗼𝘀 ?
C’est encore plus flagrant. Donald Trump engage alors un syndicaliste mafieux, Daniel Sullivan. Lequel est un informateur du FBI. Trump, par son intermédiaire, va voir le FBI et explique qu’il compte s’installer à Atlantic City, ville entièrement contrôlée par la mafia. Il propose une opération d’infiltration, et le FBI accepte. Trump n’achète pas de terrain pour la construction de son premier casino, mais le fait acheter par la mafia, et s’installe en location. Parmi les mafieux qui lui servent d’intermédiaires, il y a Daniel Sullivan. Trump achète cependant un parking à côté, propriété qui sera mise au nom de la secrétaire de son avocat. Le Plaza, son premier casino, voit ainsi le jour, avec la bénédiction du FBI. Trump aura par la suite plusieurs casinos qui finalement feront tous faillite.
𝗖’𝗲𝘀𝘁 𝗮𝗹𝗼𝗿𝘀 𝗾𝘂𝗲 𝗹𝗮 𝗳𝗮𝗺𝗶𝗹𝗹𝗲 𝗖𝗼𝗹𝗼𝗺𝗯𝗼 𝗶𝗻𝘁𝗲𝗿𝘃𝗶𝗲𝗻𝘁 ?
On sait que Trump travaille alors avec la famille Genovese, de façon privilégiée. Mais il a des contacts avec la famille Gambino, et avec les Colombo, qui contrôlent certains syndicats. C’est ainsi qu’il entre en contact avec Vito Pitta, président du conseil des métiers de l’hôtellerie. Et on remarque que, lors des grèves qui paralysent souvent Atlantic City, les casinos Trump sont toujours épargnés. Les deals passés avec les Colombo ont été payés au prix fort… avec l’argent des banques.
𝗔 𝗾𝘂𝗲𝗹 𝗺𝗼𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗧𝗿𝘂𝗺𝗽 𝗲𝘀𝘁-𝗶𝗹 𝗽𝗮𝘀𝘀𝗲́ 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗺𝗮𝗳𝗶𝗮 𝗶𝘁𝗮𝗹𝗶𝗲𝗻𝗻𝗲 𝗮̀ 𝗹𝗮 𝗺𝗮𝗳𝗶𝗮 𝗿𝘂𝘀𝘀𝗲 ?
En 1986. À ce moment-là, Trump arrête de construire, car il est trop endetté. Plus personne ne veut lui avancer de l’argent. Atlantic City est un gouffre financier insensé, à la fois à cause des sommes versées au crime organisé, et aussi à cause de la folie des grandeurs de Trump, qui veut toujours faire les plus beaux, les plus grands casinos. Il a désespérément besoin d’argent. C’est le moment où les Russes débarquent à Brooklyn, avec des milliards à blanchir. Qui vont-ils trouver comme interlocuteur privilégié ? Donald Trump. Un modeste commerçant de fournitures électroniques, Semyon Kislin, qui compte parmi ses clients des membres du Politburo, vend des centaines de téléviseurs pour l’un des hôtels de Trump. On le soupçonne de travailler pour le KGB et, aussi, pour la mafia. Tout naturellement, l’un des appartements de la Trump Tower sera vendu à David Bogatin, l’un des envoyés spéciaux du parrain des parrains russes, Semion Mogilevich.
𝗤𝘂𝗲𝗹 𝗲𝘀𝘁 𝗹𝗲 𝗿𝗮𝗽𝗽𝗼𝗿𝘁 𝗮𝘃𝗲𝗰 𝗹𝗮 𝗗𝗲𝘂𝘁𝘀𝗰𝗵𝗲 𝗕𝗮𝗻𝗸, 𝗹𝗮 𝗯𝗮𝗻𝗾𝘂𝗲 𝗽𝗿𝗶𝘃𝗶𝗹𝗲́𝗴𝗶𝗲́𝗲 𝗱𝗲 𝗧𝗿𝘂𝗺𝗽 ?
Trump a une idée géniale : il franchise son nom. Il va trouver des promoteurs qui achètent, construisent, et qui, en échange du nom de Trump, vont céder 20 ou 30 %. Toutes les grandes banques américaines refusent de travailler avec lui. Un seul établissement, la Deutsche Bank, qui vient de débarquer sur le marché américain, accepte ce client. Cette banque est divisée en plusieurs branches qui ne communiquent pas entre elles, industrie, immobilier, titres, etc. Trump profite de cet éparpillement. Il commence par un prêt immobilier pour un immeuble à Greenwich Village, puis demande un deuxième prêt pour un casino − sauf qu’on s’apercevra plus tard que la signature est falsifiée. On le blackboule, alors. Il passe alors au secteur des titres, et a l’idée de créer des junk bonds sur ses immeubles. Mais ces bonds ont du mal à être vendus. Pour stimuler les traders de la Deutsche Bank, Trump leur promet un séjour d’une semaine dans son club à Mar-a-Lago. Les traders finiront par lever 200 millions de dollars. Deux ans plus tard, Trump a fait défaut. Les junk bonds n’ont jamais été remboursés. Trump passe à un autre secteur de la Deutsche Bank, et obtient un nouveau prêt. On s’est interrogé sur l’apparente incompétence de cette banque… Au final, quand Trump arrivera à la Maison Blanche, il aura une dette de l’ordre de deux milliards de dollars. On s’aperçoit que la plupart des emprunts consentis à Trump sont issus d’une banque russe liée à Poutine, qui traite avec la Deutsche Bank. Derrière le circuit financier qui mène à Trump, se profilent les ombres du FSB et de Poutine.
𝗗𝗼𝗻𝗰, 𝗧𝗿𝘂𝗺𝗽 𝘀𝗲𝗿𝗮𝗶𝘁 𝘂𝗻 𝗽𝗶𝗼𝗻 𝗿𝘂𝘀𝘀𝗲 ?
C’est ce que disent les anciens directeurs du FBI et de la CIA, qui qualifient Trump d’« asset » russe. Est-il un asset volontaire on involontaire ? La question se pose, au vu de la politique étrangère de Trump. Il est quand même arrivé à faire revenir les Russes en Amérique Latine, notamment au Venezuela. Il a même communiqué aux Russes des informations très secrètes, fournies par les Israéliens.
𝗖𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁 𝘂𝗻 𝗽𝗲𝗿𝘀𝗼𝗻𝗻𝗮𝗴𝗲 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲 𝗙𝗲́𝗹𝗶𝘅 𝗦𝗮𝘁𝗲𝗿 𝗲𝗻𝘁𝗿𝗲-𝘁-𝗶𝗹 𝗲𝗻 𝘀𝗰𝗲̀𝗻𝗲 ?
Sater est un personnage qui a plusieurs vies. Il est l’un des acteurs de Wall Street, il travaille pour la CIA et le FBI, il fréquente des types louches, dont des tueurs de la famille Bonnano et des soldats de la famille Genovese. À la suite d’une bagarre dans un bar, il manque d’égorger un homme, il va en prison, il passe dans des sociétés véreuses, il repart à Moscou, il prend contact avec les services secrets, est recruté par les Américains pour lesquels il rachète les missiles Stinger en Afghanistan. Il travaille pour Trump, se fait imprimer des cartes de visite « Conseiller principal de Donald Trump » et est en relation avec l’avocat Michael Cohen. Il organise les voyages des enfants Trump à Moscou et participe à des négociations avec l’Ukraine. C’est donc l’un des principaux acteurs dans la saga Trump-Poutine.
𝗘𝗻 𝗲𝗻𝘁𝗿𝗮𝗻𝘁 𝗮̀ 𝗹𝗮 𝗠𝗮𝗶𝘀𝗼𝗻 𝗕𝗹𝗮𝗻𝗰𝗵𝗲, 𝗧𝗿𝘂𝗺𝗽 𝗮-𝘁-𝗶𝗹 𝗿𝗼𝗺𝗽𝘂 𝘀𝗲𝘀 𝗰𝗼𝗻𝘁𝗮𝗰𝘁𝘀 𝗮𝘃𝗲𝗰 𝗹𝗮 𝗺𝗮𝗳𝗶𝗮 ?
Le Parrain est à la Maison Blanche. Trump fait des affaires, certes, mais il aime qu’il y ait un bonus. Ce bonus, c’est qu’il faut qu’il ait l’impression de voler quelque chose. Le FBI, aujourd’hui, s’est en partie retourné contre lui. On a vu l’affrontement entre les pro-Trump et les anti-Trump lors de l’enquête de Robert Mueller… Dans ces conditions, il est difficile de rester en contact avec des mafieux, pour Trump lui-même. Son organisation industrielle s’en charge. Celle-ci est toujours en rapport avec La Deutsche Bank et avec les Russes… Les affaires continuent.
𝗤𝘂’𝗲𝘀𝘁 𝗰𝗲 𝗾𝘂𝗶 𝗲𝘅𝗽𝗹𝗶𝗾𝘂𝗲 𝘀𝗼𝗻 𝗶𝗺𝗽𝘂𝗻𝗶𝘁𝗲́ ?
Il est malin. À partir d’un certain moment, Trump a su trouver les protections nécessaires. Quand Roy Cohn est mort du Sida en 1986, il s’est tourné vers l’un des hommes les plus puissants, Rudy Giuliani, procureur du district Sud de Manhattan. C’était le paladin de la lutte anti-mafia, alors. On s’est aperçu qu’en fait, alors qu’il inculpait Fat Tony Salerno, Giuliani protégeait Trump. Notamment dans l’affaire de la fausse signature avec la Deutsche Bank. Giuliani a laissé tomber ce dossier, en échange de quoi Trump l’a soutenu à l’élection de la mairie de New York… D’un autre côté, il y a le FBI. Certains agents m’ont assuré que Trump était l’un des informateurs privilégiés de l’un des anciens directeurs du FBI, James Kallstrom. Aujourd’hui, passé au privé, ce dernier est l’un des défenseurs les plus fervents de Trump. Tout cela explique l’impunité.
𝗣𝗼𝘂𝗿𝗾𝘂𝗼𝗶 𝗹𝗲 𝗿𝗮𝗽𝗽𝗼𝗿𝘁 𝗠𝘂𝗲𝗹𝗹𝗲𝗿 𝗻’𝗮 𝗽𝗮𝘀 𝗲𝘂 𝗽𝗹𝘂𝘀 𝗱’𝗲𝗳𝗳𝗲𝘁 ?
Le rapport est dévastateur pour Trump. Mais le président et son ministre de la justice, Barr, ont su parfaitement riposter. Ils ont refusé de publier le rapport en totalité, puis l’ont étouffé, d’une certaine manière. Je l’ai lu, et c’est accablant. Trump ne sera pas toujours président, et là, il est permis de penser que la justice le rattrapera. Mais la plupart des affaires sont prescrites et l’une d’entre elles, cependant, risque d’émerger.
𝗟𝗮𝗾𝘂𝗲𝗹𝗹𝗲 ?
Lors de la construction de la Trump Tower, des équipes de Polonais clandestins ont été employées. Ces employés ont désamianté à mains nues le bâtiment précédent. L’amiante a été transporté dans des camions non bâchés, la nuit, qui versaient tout dans l’Hudson ou dans des décharges sauvages. Le Clean Air Act ne prescrit pas ces actions. Trump peut donc être attaqué sur ces types d’affaires, mais encore faut-il qu’il y ait une volonté d’attaquer… Car, ne l’oublions pas, en cinquante ans, Trump n’a jamais été déféré devant la justice.
𝗩𝗼𝘂𝘀 𝗶𝗺𝗮𝗴𝗶𝗻𝗲𝘇 𝗾𝘂’𝗶𝗹 𝘀𝗼𝗶𝘁 𝗿𝗲́𝗲́𝗹𝘂 ?
Allez savoir. Son électorat est stable. Le danger, c’est la violence. À la tête de l’État, vous avez cet homme qui a d’énormes sympathies pour l’extrême-droite, et certains de ses conseillers sont issus de cette mouvance. Tout va se jouer sur les swing states, et les Russes ont déjà lancé une opération en faveur de Trump. Tout est possible, mais on va probablement vivre une période de tension très forte. Pour Trump, la politique, comme les affaires, c’est la guerre. Il est prêt à aller jusqu’au bout.
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