Raqqa, l’ancienne capitale de l’État islamique. Libérée en 2017 par les forces arabo- kurdes

 

Raqqa, l’ancienne capitale de l’État islamique. Libérée en 2017 par les forces arabo- kurdes, la ville a subi de plein fouet le régime de terreur du groupe djihadiste.

Chers abonnés et amis de Blast,

Personne n’y croyait plus. Après plus de quatorze ans de guerre, Damas est tombée à l’issue d’une blitzkrieg orchestrée par le mouvement islamiste HTS. Au lendemain du 8 décembre 2024, la Syrie s’est réveillée libre du clan Assad qui menait le pays d’une main de fer depuis plus de cinquante ans. Très vite, les scènes de liesse se multiplient dans les rues de Damas, d’Alep, d’Homs ou d’Hama. Sous les caméras, les statues d’Hafez et de Bachar el-Assad qui scrutaient leurs habitants depuis des décennies sont déboulonnées tandis que le drapeau syrien à trois étoiles, iconique de la révolution en cours, est brandi par les communautés syriennes du monde entier.

Les habitants de Qamishli célèbrent un premier nouvel an sans Bachar el-Assad. Dans ce cœur politique du Rojava, le régime de Damas maintenait toujours une présence stratégique.

Des images historiques d’autant plus que la Syrie avait disparu d’une scène médiatique internationale bien insuffisante et bien inégale depuis de nombreuses années. Comme si le monde avait oublié les plus de 300 000 civils tués entre 2011 et 2022 et les plus de 12 millions de personnes ayant dû fuir le pays. Désormais la page est blanche et les inquiétudes omniprésentes dans ce pays ruiné, dévasté par la guerre, hanté par le djihadisme et dont l’unité peut vaciller d’un jour à l’autre.

Mais parmi les innombrables défis de ce nouveau chapitre syrien, dans l’ombre des radars médiatiques et maintenant que l’attention générale est retombée, une question centrale est en train de se jouer en ce moment même. Une question qui pourrait bien peser sur l’avenir du pays tout entier.

À quelques centaines de mètres au nord de la ville de Kobané, la Turquie. Il y a tout juste dix ans, le 26 janvier 2015, la ville était libérée de l’État islamique.
Jour de deuil à Kobané. Comme tous les jours, des funérailles sont pleurées par des centaines de personnes. Deux soldats kurdes ont été tués par des tirs de la Turquie.

Car au nord-est, au Kurdistan syrien, la guerre continue sur d’autres fronts. Si dans cette région vaste, multiculturelle et frontalière de la Turquie, la chute de Bachar el-Assad est arrivée comme une bonne nouvelle attendue de longue date, les populations kurdes et arabes de la région continuent de vivre sous le spectre de la guerre imposé par Ankara. Les combats et les frappes de drones n’ont jamais vraiment cessé tandis que depuis des années, plusieurs organisations internationales condamnent les exactions de la Turquie et des groupes armés qu’elle soutient dans le nord de la Syrie.

Inquiètes d’une possible attaque du voisin turc, des jeunes habitantes de Kobané se forment à l’armement d’une kalachnikov.
Les habitants de Kobané manifestent dans la rue en soutien aux Forces démocratiques syriennes, la coalition militaire arabo-kurde de la région.

Je m’appelle Thibault Izoret et je suis l’un des journalistes de Blast. À la fin du mois de décembre, quelques jours après la chute de Damas, j’ai pris la route du Kurdistan afin d’y réaliser un long format vidéo que nous vous proposerons très bientôt ! J’ai parcouru l’ensemble de la région, délaissée alors (et toujours) de la majorité des journalistes qui ont naturellement choisi de se rendre dans les grandes villes du pays.

Dans une école désaffectée de la ville de Raqqa, une centaine de personnes sont réfugiées. Elles ont fui les exactions des milices pro-turcs comme plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Pourtant au nord, à Kobané, Raqqa, Qamishli ou encore Hassaké, j’ai pu observer la réalité de populations en pleine incertitude quant à leur avenir, se sentant oubliées de tous. Dans ces villes dont certains noms résonnent tragiquement après le passage de l’État islamique qui en avait fait ses fiefs, les inquiétudes sont nombreuses. Quelle sera leur place dans la Syrie de demain ? Le voisin turc va-t-il s’imposer sur la région ? Les combats vont-ils cesser ? Qu’en sera-t-il des dizaines de milliers de prisonniers de l’État islamique encore détenus dans la zone ?

Le camp d’al-Hol abrite plus de 40 000 personnes, principalement des familles de combattants de l’État islamique.

Toutes ces questions, nous avons hâte de vous en proposer des éléments de réponse et de réflexion à travers nos images sur le terrain mais également par des analyses de chercheurs et de spécialistes que j’ai rencontré pour la réalisation de ce long format à paraître dans les prochaines semaines.

D’ici-là, merci de tout cœur pour votre soutien indispensable sans lequel de tels reportages ne seraient pas possible !

Amicalement,

Thibault

De retour du Kurdistan syrien, un nouveau long format à retrouver bientôt sur Blast
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