De nouvelles révélations publiées le 4 février par Le Monde et la cellule investigation de Radio France montrent l’ampleur de l’affaire : le plus haut sommet de l’État, jusqu’au cabinet d’Emmanuel Macron, a aidé en toute connaissance de cause Nestlé à filtrer illégalement son eau en bouteille.
De quoi compléter les enquêtes journalistiques publiées en 2024 par Le Monde et Radio France puis par Mediapart, selon lesquelles le groupe Nestlé avait fraudé pendant quinze ans, vendant de l’eau en bouteille non conforme.
Notes ministérielles, échanges de courriels, résultats de prélèvements sanitaires, compte-rendus d’inspection des usines de la multinationale… Des dizaines de documents attestent que « l’exécutif a privilégié les intérêts de Nestlé au détriment des consommateurs en laissant le groupe suisse continuer à commercialiser une eau qu’il savait non seulement non conforme à la réglementation mais aussi à risque pour la santé », souligne Le Monde.
La multinationale et Emmanuel Macron ont des liens très anciens
Un courriel atteste notamment d’une rencontre entre les représentants de Nestlé et Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée. Un élément parmi d’autres de l’intense lobbying mené depuis 2021 par la multinationale, qui s’apparentait parfois à du « chantage », notamment à l’emploi, selon un très haut fonctionnaire interrogé par Radio France. Les agences sanitaires ont à plusieurs reprises et avec insistance alerté l’exécutif du caractère illégal et des risques sanitaires liés aux pratiques de Nestlé, à partir de 2022 au moins. Ce qui n’a pas empêché Matignon d’autoriser Nestlé à maintenir ses filtres illégaux en 2023.
Contactés par les auteurs de l’enquête, les entourages d’Élisabeth Borne, alors Première ministre, et de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie à cette époque, nient avoir eu connaissance des rapports et alertes lancées en interne. L’Élysée n’a pas démenti la rencontre entre les équipes de Nestlé et plusieurs conseillers présidentiels. La multinationale et Emmanuel Macron ont par ailleurs des liens très anciens : lorsqu’il était banquier d’affaires, l’actuel président de la République a gagné 1 million d’euros en menant une négociation pour Nestlé et s’est vu proposé un poste à la direction française du groupe.
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