Arguments pour la lutte sociale | Lire sur le blog ou le lecteur |
Après l’élection législative partielle dans la 1ère circonscription de l’Isère, nous avions écrit précédemment ceci, que nous résumons en quelques phrases. Après la dissolution de l’Assemblée Nationale par Macron, une brèche s’était ouverte dans laquelle la mobilisation sociale s’est engouffrée. Elle a imposé aux partis un programme en 4 points d’urgence sociale qui a pris le nom de NFP (Nouveau Front Populaire). Dans cette circonscription traditionnellement à droite, le NFP présente la candidature du jeune insoumis Hugo Prevost qui l’emporte de justesse en juillet 2024, parce que nous sommes dans une situation de montée en puissance du salariat et de la jeunesse. Et dans toutes les situations de ce type, le RN recule. A la rentrée de septembre 2024 les syndicats retirent le tapis de la mobilisation, les partis renoncent à poser la question de la légitimité de Barnier, la FI devient une force de blocage dans les Unités du NFP. Nous connaissons la suite, le candidat Hugo Prevost frappé par des accusations d’agressions sexuelle doit démissionner. La FI parachute la candidature de Lyes Louffok qui, malgré un soutien de personnalités nationales, n’a pas fait une campagne sur une ligne de rassemblement NFP, ce n’est plus la ligne de son mouvement, mais sur le thème des droits de l’enfant. Il regarde ailleurs. Il perd l’élection et cette défaite libère une crise sans précédent du mouvement Insoumis dans le 38. Quand on tourne le dos aux intérêts de sa classe, on paie le prix ! Mélenchon a choisi de faire de l’élection municipale à Villeneuve Saint Georges un test pour la stratégie de LFI pour 2026. Que s’est-il passé à Villeneuve Saint Georges : le maire divers droite avait fait le salut nazi pendant la tenue d’un conseil municipal. La démission de plusieurs élus de sa propre liste, l’accusant d’alliance avec le RN, provoque sa démission. D’où les partielles. Soulignons un point très important : jusqu’à maintenant, le mouvement des Insoumis depuis la présidentielle de 2017 n’a pas eu de stratégie pour les élections locales : il est construit sur l’élection présidentielle et sur le destin d’un homme. Un chef dans sa relation directe avec le peuple, par-dessus la tête des « corps intermédiaires ». Les militants de FI se débrouillaient comme ils pouvaient dans les élections locales. L’essence du mélenchonisme, c’est le refus du « régime des partis » dans la droite ligne du bonapartisme. Or une politique municipale ne s’improvise pas, elle requiert des compétences militantes pour gérer une ville, défendre ses services, refuser les privatisations… Pour cela à gauche, il faut former des cadres. La Commune, mise à mal certes par le macronisme, reste un acquis de la Révolution français et de la démocratie. Le dernier sous la Vème République pourrissante… Villeneuve Saint Georges est historiquement une ville de cheminots. Lors de la grève ouvrière de Draveil-Villeneuve Saint Georges de 1908, Clémenceau fait tirer sur la foule. Le PCF dirigera la résistance fer dans la guerre mondiale et tiendra la ville jusqu’en 2021. Aujourd’hui, c’est une ville totalement différente, en complète décomposition sociale, concentrant un sous-prolétariat de populations immigrées de nombreuses ethnies qu’on a relégué ici, terre fertile pour la démagogie populiste de droite, qui ne règle en rien les lourds problèmes sociaux de ce type de concentration urbaine. Le 1er février, c’est-à-dire très exactement à la veille du 2ème tour, Mélenchon intervient à l’occasion de la 3e édition des Rencontres Nationales des Quartiers Populaires à Toulouse, où il y développe la ligne de l’opposition des quartiers à la ruralité, celle de la division du NFP. Villeneuve Saint Georges, c’était un test qui pouvait ensuite être projeté dans d’autres villes lors de l’échéance de 2026. Aujourd’hui, on est bien loin des intérêts d’un programme de défense des intérêts sociaux des habitants. Seulement un tiers des inscrits (33,41%) a participé au premier tour. La stratégie de FI se situe d’emblée sur le terrain de la division. Comme ils l’ont fait dans l’Isère, il n’est plus question de NFP. Pourquoi ce qui a été fait pour les législatives de juin 2024, ne peut pas l’être pour des communales sur une ligne qui était tout à fait possible :
Le candidat PCF, soutenu par le PS et les écologistes, annonce son retrait, Louis Boyard (LFI) est seul. Quand il y a désistement au profit d’une liste mieux placée à gauche, cela relève de la plus élémentaire démocratie et du respect des électeurs que le mieux placé propose un nombre de postes proportionnel au résultat du 1er tour. Louis Boyard refuse. En conséquence, le PCF retire sa liste reposant sur un accord avec le PS et les écologistes. Il précise soutenir « la liste de gauche arrivée en tête », soit celle conduite par Louis Boyard. Il déclare, « qu’aucun candidat » de sa liste ne sera présent sur la liste du candidat insoumis. Face à l’échec des négociations, Daniel Henry décide de retirer sa liste. Il appelle à faire barrage à la droite dimanche, mais pas ouvertement à voter pour le député LFI. Ce ne pouvait être en aucun cas mobilisateur pour que l’électorat populaire se déplace au second tour. Il est évident que les 800 voix supplémentaires d’abstentionnistes du 1er tour qui se sont déplacés au second tour, ne sont pas celles des nôtres. On peut épiloguer sur la politique du PS et du PCF, mais ne nous trompons pas de cible. C’est LFI qui a responsabilité centrale de la défaite. Les résultats du premier tour :
Compte tenu du scandale qui a conduit à la partielle, le RN ne participe pas à l’élection. Taux de participation 33,41%, Énorme abstention dans les couches sous-prolétarisées. Second tour :
Nous posions dans un article sur la partielle législative de l’Isère récente la question : France Insoumise, est-ce le temps de la décrue significative du fait qu’une part importante de l’électorat populaire rejette la division et la démolition du NFP ? Dans les notes rédigées ce jour,e Mélenchon se félicite du seul contre tous de son candidat Louis Boyard et affirme : « la France présente un phénomène distinct et unique : l’apparition d’une gauche radicale majoritaire à gauche. » Quand on présente les défaites pour des victoires, les faits eux sont têtus, comme dirait un certain Léon Trotsky. Villeneuve Saint Georges vient confirmer de manière éclatante la stratégie perdante du populisme. RD, 03/02/2025. |
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