
Il y a 6 mois, rouler en Tesla pouvait vous coller l’étiquette du bobo écolo. Depuis 2 mois, l’étiquette a quelque peu changé.
En effet, depuis qu’Elon Musk a fait plusieurs saluts nazis et a officiellement soutenu le parti d’extrême droite allemand AfD, l’image de marque de Tesla a évolué et est désormais clairement définie comme un risque pour les investisseurs.
Le cours de bourse de Tesla a perdu 30% depuis un mois et de nombreux analystes déclarent que ce serait majoritairement imputable aux frasques d’Elon Musk et à son soutien aux partis politiques fascistes, de Donald Trump à Alice Weidel. Cela fait les gros titres, certains se félicitent de la chute du cours…. peut-être un peu trop vite.
Quel point commun entre les vagues de boycott, les vidéos de Sheryl Crow et les Teslas qui brûlent à Toulouse ? Plongeons dans l’univers d’Elon Musk et de sa voiture anciennement bobo écolo.
La voiture électrique est la meilleure option, et Tesla y a contribué
Un peu de contexte est probablement nécessaire, afin d’éviter les malentendus. Elon Musk a eu le mérite d’amener la voiture électrique sur le devant de la scène, et a mis la pression aux constructeurs du 20e siècle.
A l’heure où la voiture électrique subit un océan de fake news et où les partis politiques de droite et d’extrême droite essaient de revenir sur la fin des ventes de voitures thermiques neuves en Union Européenne pour 2035, il est toujours nécessaire de rappeler l’essentiel. L’avenir de la voiture sera assurément électrique, mais la voiture individuelle ne doit pas être l’avenir de notre mobilité, comme le rappelle Aurélien Bigo dans notre article sur la voiture électrique.
Si Tesla a longtemps été profitable uniquement grâce à la vente de crédits carbone (Automotive Regulatory Credits) à d’autres constructeurs automobiles, ce n’est plus le cas. L’entreprise réalise aujourd’hui un profit avec les seules ventes de ses voitures électriques, même si les crédits s’élevant à 2,76 milliards de dollars en 2024 restent une part importante du bénéfice de Tesla.

Si cela est vrai pour toutes les entreprises, on comprend de ces chiffres que les décisions politiques peuvent avoir un impact immense sur Tesla.
Non, Elon Musk n’a pas perdu d’argent depuis son soutien à Donald Trump
Revenons sur une autre information qui circule beaucoup sur les réseaux sociaux et génère beaucoup de clics. D’après certaines personnes, Elon Musk perdrait énormément d’argent depuis qu’il a publiquement apporté son soutien à Donald Trump.
Pour analyser cela, il faut regarder d’où Elon Musk tire sa fortune, et c’est majoritairement de Tesla, dont il est le principal actionnaire. Certains commentateurs se réjouissent de l’effondrement du cours de bourse de Tesla depuis l’investiture de Donald Trump, qui a en effet perdu plus de 30%, et plus de 25% depuis début février 2025.

Sauf que le soutien d’Elon Musk à Trump ne date pas d’il y a un mois, ni de la victoire de Trump en novembre 2024. Son soutien officiel remonte au moins à juillet 2024, voire plusieurs mois (années) avant où il reprenait exactement les mêmes éléments de langage et se servait de Twitter (X) pour critiquer le parti démocrate et pousser le parti républicain.
Si vous prenez un peu de recul, on s’aperçoit que le cours de Tesla est nettement en hausse depuis qu’Elon Musk soutient Donald Trump. C’est vrai sur 6 mois, et sur 1 an :

Se pose maintenant la question à un million : est-ce que Tesla s’effondre à cause des sorties et des choix politiques d’Elon Musk ?
Les ventes de Tesla s’effondrent : la faute d’Elon Musk ?
Si Tesla n’a cessé de grandir rapidement ces dernières années, 2024 est la première année où Tesla a enregistré une légère baisse de ses ventes, -1.1% pour 1,79 million de voitures Tesla vendues.
Plus inquiétant, les ventes de Tesla s’écroulent en 2025 dans des marchés où les ventes augmentent. Alors que les ventes de voitures électriques augmentent de 31% sur les deux premiers mois de l’année, les ventes de Tesla sont respectivement de -71% en Allemagne et -44% en France, les deux plus gros marchés européens.
Mais déclarer que les ventes s’effondrent à cause du positionnement politique d’Elon Musk est au mieux un raccourci… ou tout simplement une fake news. Seule une analyse multifactorielle permet d’expliquer cette chute.
D’abord la concurrence. Les autres constructeurs s’organisent et offrent désormais plusieurs modèles avec des fonctionnalités équivalentes. Le principal concurrent chinois BYD est le grand gagnant de la poussée des ventes des véhicules électriques. Il a notamment réussi à vendre plus de voitures que Tesla dans plusieurs marchés européens en 2024.
L’offre Tesla n’a aussi pas été à la hauteur. Dans un système économique qui attend constamment de nouveaux modèles, Tesla n’a proposé que des modèles vieillissants, observe un vrai échec commercial avec son Cybertruck, et une partie des acheteurs ont également attendu le nouveau Model Y avant d’acheter une Tesla.

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