
Trump a décidé d’augmenter à partir d’aujourd’hui de 25% les tarifs douaniers en provenance du Canada et du Mexique et de 20% ceux en provenance de Chine. Bien sûr, la riposte a été immédiate.
La Chine a augmenté ses droits de douane de 15% notamment sur les produits agricoles ce qui va frapper directement les agriculteurs américains dont le marché chinois est le premier marché d’exportation et a décidé de soumettre à autorisation la possibilité d’exporter en Chine pour un certain nombre d’entreprises américaines. Le Canada a décidé de taxer en retour pour 100 milliards de produits américains en menaçant d’augmenter le volume de sanctions si les USA ne revenaient pas en arrière dans les 21 jours, tout en supprimant les taxes intérieures entre Etats canadiens ce qui d’après le gouvernement pourrait faire baisser les prix de 15% pour les consommateurs au Canada. Claudia Sheinbaum pour le Mexique a annoncé pour sa part qu’elle lirait la liste des produits américains taxés dans un meeting public dimanche à Mexico, politisant volontairement la question, cherchant à mobilier la population avec elle contre Trump… et certainement tout ou presque de l’Amérique centrale et latine.
La guerre commerciale enclenchée par Trump pourrait bien faire des victimes dans le monde entier, d’autant plus si Trump met ses menaces à exécution pour l’Europe, à commencer par les consommateurs et les travailleurs du monde entier, les canadiens estimant par exemple les pertes d’emplois dans leur pays à plusieurs centaines de milliers, mais encore plus aux USA où les travailleurs et les consommateurs pourraient bien être la première victime de la politique américaine.
Et Trump lui-même pourrait rapidement en faire les frais.
Tous les observateurs économiques sont d’accord aux USA – et Trump lui-même – pour dire que les taxes douanières vont provoquer une forte inflation aux USA. Plus que cela, elle a déjà commencé, un certain nombre d’entreprises ayant déjà augmenté leurs prix en anticipant la hausse des tarifs douaniers. L’économie américaine commence à tousser. Selon un indice publié lundi montrant des inquiétudes grandissantes vis-à-vis des prix et de la demande, les industries américaines, de la chimie, des transports, des machines-outils, des appareils électriques ou encore de l’agroalimentaire… sont en train d’affronter le premier choc résultant simplement de la menace de la mise en place de nouvelles taxes sur les importations. Les hausses de prix se sont déjà accélérées en raison des menaces de droits de douane ; cette menace a entraîné des retards dans la passation de nouvelles commandes, des arrêts de livraison de la part des fournisseurs et des répercussions sur les inventaires. Si les droits de douane sont effectivement mis en place, l’activité de l’industrie américaine pourrait chuter d’un coup, De leur côté, les consommateurs ne sachant pas à quelle sauce ils vont être mangés, ont décidé de moins acheter ou de faire des achats alternatifs. Les dépenses des ménages ont reculé de 0,2 % sur un mois avant même l’application des tarifs douaniers.
En conséquence, la Banque fédérale de réserve d’Atlanta a révisé à la baisse ses prévisions de produit intérieur brut (PIB) à -2,8 % pour le premier trimestre alors qu’il y a à peine quelques jours, elle prévoyait une croissance de 2,3 %. Le marché boursier a également fléchi aujourd’hui. L’Université du Michigan a également indiqué qu’en février, le taux de confiance des consommateurs a chuté de 10 %, atteignant son plus bas niveau depuis 2023 et cela due en grande partie aux tarifs douaniers, un indice primordial qui indique les taux de consommation à venir.
Cela indique que la dynamique de l’opinion sur les tarifs douaniers a basculé dans l’autre sens que pendant les élections au fur et à mesure que les américains ont compris que ces tarifs que Trump promettait comme miraculeux et dirigés seulement contre les autres, allaient en fait se retourner contre eux et qu’ils allaient en être les principales victimes. Alors qu’ils étaient plutôt favorables à ces tarifs lors de la campagne électorale, un sondage Washington Post-Ipsos de la mi-février a montré que les américains sont maintenant opposés aux tarifs douaniers sur le Mexique à 59 % et ils se sont opposés aux tarifs douaniers sur le Canada à 64%. Le même sondage montant que 69 % des Américains pensaient que les tarifs augmenteraient les prix à la consommation qu’ils paient, dont 53 % des républicains qui pensent ainsi. Ce qui est un danger politique majeur pour Trump. Un sondage CBS News-YouGov de ce week-end montre aujourd’hui que les américains ne veulent plus de ces tarifs douaniers comprenant bien qu’ils seraient les premiers pénalisés et souhaitent que Trump accorde la priorité à la lutte contre l’inflation comme il l’avait promis dans sa campagne et à l’emploi alors que Trump va au contraire augmenter l’inflation et couler l’emploi, puisque sa politique de tarifs douaniers pourrait faire perdre des centaines de milliers voire des millions d’emplois aux travailleurs américains.
Un sondage CBS News-YouGov vient de montrer que 66 % des Américains pensent que Trump ne tient pas ses promesses en ne se concentrant pas à la lutte contre l’inflation. Un autre sondage Reuters-Ipsos montre que les Américains désapprouvent Trump sur l’inflation à 52% contre, 32% pour. On commence à voir comment cela pourrait mal tourner pour Trump… et rapidement. Sa première grande mesure économique est quelque chose que les Américains ne veulent pas. Et cette mesure pourrait faire augmenter les prix juste au moment où les américains ne veulent surtout pas de cette inflation et qu’elle est au centre de leurs regards et de leurs préoccupations.
Il y a déjà une pénurie d’œufs aux USA qui fait bondir leurs prix, mais avec les ripostes canadiennes, mexicaines et chinoises cumulées, la pénurie pourrait bien toucher d’autres produits, avec une inflation différenciée par produits, ce qui fait que les américains pourraient manquer rapidement par exemple, de papier toilette, comme ironisent les canadiens, puisque ce sont eux qui fournissent la matière première. Cela prête à sourire, mais ce sont les achats compulsifs ou les queues devant les magasins qui amplifient la visibilité de la crise et la rendent explosive politiquement.
La dernière tentative d’une politique de hausse des tarifs douaniers aux USA de ce niveau date du président Mc Kinley (le modèle de Trump) à la fin du XIXe siècle. Elle s’est terminée par une crise économique majeure, l’éjection de Mc Kinley aux élections de mi-mandat et le renoncement définitif à cette politique par Mc Kinley.
Aujourd’hui, une colère des consommateurs contre l’inflation, associée aux résistances contre les licenciements de fonctionnaires fédéraux, aux mobilisations dues aux menaces qui pèsent contre les postiers, aux luttes contre les attaques contre les migrants ou les transgenres, aux rébellions contre les attitudes dictatoriales du régime, associées aux menaces contre toutes les libertés et ajoutées à la dictature personnelle de Musk, tout cela mélangé pourrait rendre l’ensemble volcanique.
C’est probablement l’avenir des USA pour les semaines et mois à venir : l’explosion sociale à l’échelle XXX.
JC
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