Revirement de Trump : « Un scandale de délits d’initiés se prépare »

Le président états-unien a recommandé d’acheter en Bourse quelques heures avant de faire volte-face sur les droits de douane. Manifestement, certains de ses amis en ont profité.

Martine Orange

Comment appeler cela ? Une manipulation de marché ? Un gigantesque délit d’initiés ? Mercredi 9 avril au matin, juste après l’ouverture des marchés américains, Donald Trump, oublieux de prudence et de toute retenue, se fend d’un de ses messages dont il est coutumier sur son réseau social Truth Social : «C’est le moment idéal pour acheter », dit-il, alors que les marchés poursuivent leur chute.

Quelques heures plus tard, le même annonce la suspension des droits de douane, sauf pour la Chine, pendant quatre-vingt-dix jours. La nouvelle provoque une hausse de plus de 9 % des indices boursiers américains dans la journée.

Le message de Donald Trump sur son réseau social Truth Social le 9 avril 2025. © Photomontage Mediapart

C’est si gros que beaucoup estiment que le message de Trump puis l’annonce sur les droits douaniers ne peuvent relever de la simple coïncidence. « Qui, au sein de l’administration, était au courant du dernier revirement de Trump sur les droits de douane ? Quelqu’un a-t-il acheté ou vendu des actions et en a-t-il profité aux dépens du public ? », s’est tout de suite inquiété le sénateur démocrate Adam Schiff, qui a demandé une enquête. « Un scandale de délit d’initiés se prépare. Le tweet de 9 h 30 de Donald Trump est clair : il voulait que ses proches fassent de l’argent avec une information privée que lui seul avait. Donc qui savait à l’avance, et combien d’argent ont-ils gagné ? », s’est indigné de son côté le sénateur Chris Murphy.

2,5 milliards de dollars en une journée

Interrogé par la presse pour savoir quand il avait pris la décision de reculer sur les droits de douane, le président Trump a répondu qu’il y pensait «depuis quelque temps ». « Je dirais ce matin. J’y pensais ces derniers jours », a-t-il déclaré alors qu’il soutenait l’inverse la veille. Surtout soucieux d’éviter les dégâts politiques après sa reculade, l’entourage de Donald Trump à la Maison-Blanche parlait d’une stratégie de long terme, « d’un art du deal ».

Durant le week-end, le milliardaire Bill Ackman, important donateur du camp républicain, avait publiquement critiqué les droits de douane. Il avait alors recommandé à Donald Trump de tout suspendre pendant quatre-vingt-dix jours. Mercredi 9 avril, Donald Trump a reçu à déjeuner le financier Charles Schwab, qui l’aurait convaincu de faire marche arrière. Il l’a reçu à nouveau jeudi 10 avril à la Maison-Blanche. Sans prendre la moindre précaution, il s’est empressé de le féliciter pour avoir gagné 2,5 milliards de dollars dans la seule journée de mercredi.

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