
1ᵉʳ-Mai : 157 000 manifestants dans toute la France selon la police, 300 000 selon la CGT ; le défilé parisien marqué par des heurts autour d’un stand du PS
« Des dépôts de plainte sont en cours », a averti Olivier Faure, le premier secrétaire du PS. « Nous ne reculerons pas devant la violence politique que l’extrême gauche essaie d’installer dans notre pays », a déclaré de son côté le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau.

Alors que le chômage poursuit sa hausse, les menaces pesant sur l’emploi ont alimenté, jeudi 1er mai, la mobilisation des traditionnels cortèges syndicaux où résonnent également les craintes pour la paix et la stabilité dans le monde. Selon la police, les manifestations ont réuni 157 000 personnes, dont 32 000 à Paris – une participation en nette hausse par rapport à 2024, quand 121 000 personnes avaient été recensées. La CGT a, elle, dénombré 300 000 personnes, dont 100 000 à Paris.
Dans la capitale, la manifestation s’est élancée à 14 heures de la place d’Italie vers la place de la Nation. Le défilé parisien a été marqué par des heurts autour d’un stand du Parti socialiste (PS). Selon un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP), des manifestants habillés de noir, certains portant des drapeaux antifa, ont vivement interpellé et bousculé élus et militants PS qui avaient un stand sur le trajet de la manifestation. « Tout le monde déteste le PS », ont scandé ces manifestants hostiles à la présence socialiste dans une ambiance tendue.
L’eurodéputée socialiste Chloé Ridel a affirmé sur X que les socialistes ont « été insultés puis attaqués par des black blocs : ils ont arraché nos drapeaux et nos banderoles, ont donné des coups de pied, coups de poing, lancé des pétards », a-t-elle affirmé, écrivant ne pas avoir « de mots assez forts pour condamner la haine et la violence à laquelle nous avons fait face ».
Invectives
Le député Jérôme Guedj, qui avait dû quitter, dimanche, un rassemblement contre l’islamophobie après avoir essuyé des invectives aux relents antisémites, a dû être écarté du cortège. « Un premier groupe virulent nous a fait des doigts d’honneur, nous a insultés de “traîtres” en chantant “tout le monde déteste le PS” », a-t-il raconté à l’AFP. « Puis ont débarqué 20-30 personnes habillées en noir, comme des black blocs, qui sont allées au contact. Elles ont frappé des gens et ont mené une charge en jetant plusieurs bombes agricoles », a-t-il poursuivi. L’élu de l’Essonne a précisé n’avoir pas entendu d’insultes antisémites, au contraire d’autres responsables socialistes.
« Des militants qui se prétendent de la gauche, de l’extrême gauche (…) se sont mis d’abord à nous insulter de “sales sionistes”, de “génocidaires”, de “traîtres”, ce sont des mots qui ont été prononcés. Ils ont insulté tous les socialistes », a, pour sa part, raconté sur BFM-TV l’eurodéputée socialiste Emma Rafowicz, régulièrement victime d’injures antisémites. « Jérôme Guedj lui-même a de nouveau été la cible d’insultes antisémites », a assuré la première secrétaire de la fédération socialiste de Paris, Lamia El Aaraje, dans un communiqué.
« Des dépôts de plainte sont en cours », a averti de son côté Olivier Faure. « Nous ne laisserons rien passer. Nous n’accepterons jamais la violence de fanatiques qui ne servent aucune cause et détruisent les combats collectifs », a écrit sur X le premier secrétaire du PS, en remerciant « le service d’ordre et les militants qui se sont interposés avec courage pour éviter le pire ».
« Les forces de l’ordre sont intervenues pour sécuriser les lieux et procéder à des interpellations », a juste après déclaré le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, également sur X. « Nous ne reculerons pas devant la violence politique que l’extrême gauche essaie d’installer dans notre pays », a-t-il ajouté. En début de soirée, M. Retailleau a qualifié les faits « d’absolument lamentables » et d’« inacceptables ». « Je veux dénoncer celles et ceux qui ont ce genre de pratiques violentes et qui ciblent des partis parfaitement démocratiques », a-t-il déclaré sur BFM-TV.
Interrogée sur LCI, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a répondu que « ce sont les violences qui ne sont pas les bienvenues dans ces cortèges ». La numéro un de la CFDT, Marylise Léon, absente du cortège parisien, s’est dite « atterrée » sur LCI.
Le ministère de l’intérieur a comptabilisé 72 personnes interpellées, dont 52 à Paris, avec 28 personnes placées en garde à vue, dont 19 dans la capitale. Selon un premier bilan du parquet de Paris, une cinquantaine de personnes ont été interpellées dans la capitale, « principalement pour des infractions de participation à un attroupement en vue de commettre des violences ou dégradations ». Parmi elles, « une personne a été placée en garde à vue après les faits commis aux abords du stand du Parti socialiste (tirs de mortier, dégradations et violences) », a précisé le parquet.
15 interpellations à Nantes
Dans les autres cortèges, les manifestants étaient entre 15 000, selon la CGT, et 3 600, selon la préfecture, à Marseille. Ils étaient aussi entre 6 500, selon la préfecture, et 10 000, selon les organisateurs, à Toulouse, 2 900 à Strasbourg, 1 800 à Brest, 3 000 à Rennes et 2 350 à Bordeaux, selon les préfectures, 2 200 à Nancy, et environ 3 000 à Narbonne, où devait se tenir un meeting du Rassemblement national. A Metz, des salariés d’ArcelorMittal Florange, où 113 emplois doivent être supprimés, étaient aussi présents.
Dans la ville portuaire de Dunkerque, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans la matinée à l’appel de la CGT, pour protester contre le plan de suppression d’environ 600 postes annoncé par ArcelorMittal. Plusieurs responsables politiques de gauche, dont le socialiste Olivier Faure, le député divers gauche François Ruffin, la secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier, ou la présidente La France insoumise (LFI) de la commission des affaires économiques, Aurélie Trouvé, étaient présents aux côtés des manifestants.

A Nantes, où 5 000 personnes étaient réunies selon les autorités, des heurts se sont produits entre des manifestants et les forces de l’ordre qui ont fait usage de canons à eau. La préfecture de Loire-Atlantique a annoncé sur X que « des manifestants ont dégradé la préfecture et jeté des projectiles ainsi que des mortiers contre les forces de l’ordre », ajoutant que quinze personnes avaient été interpellées.

Ce rendez-vous traditionnel s’est tenu au moment où le gouvernement a apporté son soutien à une proposition de loi visant à autoriser certaines professions à faire travailler les salariés le 1er-Mai, seul jour férié et chômé en France. « Il y a des gens qui ont envie de travailler dans le pays et quand ils sont sur une base volontaire, avec un doublement de salaire, ils doivent pouvoir le faire », a jugé jeudi la ministre du travail, Astrid Panosyan-Bouvet sur RTL. Il faut qu’« on laisse [la loi] telle qu’elle est », a réclamé la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, sur TF1/LCI.
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