Dès le samedi matin, des navires de toutes sortes convergent aux abords de Concarneau. Certains sont partis de loin – la Rochelle, le Golfe du Morbihan, Douarnenez…- et depuis plusieurs jours. Une fois n’est pas coutume, tous arborent sur leurs voiles des messages politiques forts. Des catamarans portent de grandes banderoles : « Submergeons Bolloré » ou encore « De l’eau peut jaillir le feu », clin d’oeil à la lutte contre les bassins. Une flotille féministe s’est constituée pour se soulever « contre les valeurs de Bolloré sexistes, transphobes, anti-IVG, et allant à rebours de tous les progrès accomplis pour la libération des femmes et des minorités de genre depuis cinquante ans ».
Un voilier international les a ralliées avec notamment des membres d’équipages de navires de sauvetage de migrants•es en Méditerranée. Ils rappellent à quel point les dégâts causés par les industries de Bolloré sur d’autres continents provoquent le départ contraint de leurs habitants•es, pris•es en étau entre les ravages sur leurs terres d’un côté et leur rejet aux frontières de l’Europe promues par les médias sur lesquels le milliardaire à la mainmise de l’autre. Du son, des cris, des danses et de grands coucous émus partent de chacun.es des navires qui se croisent et se distribuent des oriflammes. Certains.es naviguent à longueur d’année et réservent de vieux camarades, d’autres sont pour la première fois sur des voiliers ou des skippeuses passionnées les mettre à la tâche.
L’ensemble des bateaux se sont retrouvés en fin de matinée au mouillage aux abords de la plage de Cap-Coz à Fouesnant, à proximité d’une des villas de Bolloré, là où un fest-deiz antifasciste remuant avait déjà eu lieu fin janvier. Les navigateur•ices ont alors été rejoint•es via la terre par d’autres manifestant•es venues les saluer et appuyer la flotille. Une dizaine de bateaux et leurs équipages, dont les navigateurs Yvon Fauconnier et Eugène Riguidel, étaient allés, quant à eux, directement jusqu’à l’île du Loc’h. Dès vendredi après-midi, une partie de la flotille féministe était partie elle aussi installer des banderoles sur la plage de l’île, défiant les gardiens néo-nazis qui l’occupent et invitant à y retourner régulièrement : https://www.instagram.com/reel/DKBppD8IORt/?igsh=MzRpdXVxbWFrZWZh
Sur le sable de Cap-Coz, un message commun « Bolloré : marionnettiste d’un monde fasciste », a été déployé pendant qu’un membre du collectif Lever les voiles a expliqué le parti-pris de contournement face à l’arrêté préfectoral – celui-ci impliquant théoriquement des peines de prison ferme, des centaines de milliers d’euros d’amende et le retrait de permis pour les pilotes professionnels. Elle a affirmé la volonté, pour autant, de ne pas renoncer à manifester ensemble en mer :
« Nos capacités à rejaillir, à rebondir, à surprendre à rester en joie et à célébrer ensemble, fait de nous les plus puissantes. Cette armada est bien celle de la résistance. Elle est aujourd’hui vitale. Cette situation, elle-même, nous le démontre. Et le combat ne fait que commencer. » L’ensemble de la prise de parole du collectif Lever les voiles est à retrouver ici : https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/prise-de-paroles-du-collectif-lever-les-voiles
Des militants ont ensuite rappelé que la mobilisation d’aujourd’hui est partie prenante d’une large campagne qui vise différents secteurs de l’empire Bolloré depuis 1 an – pétrole, extractivisme, huile de palme, industrie de la surveillance, éditions, livres scolaires, médias, pubs et conseils. Cette campagne a commencé à se décliner sous de multiples formes – enquêtes, blocages, désarmes, pressions sur ses sites, journées d’actions… Elle regroupe entre autres des travailleurs•euses en prise avec Bolloré – libraires, ouvier.es , cheminots, éditeurs, journalistes, paysan•nes, riverains de ses palmerai•es, étudiant•es, profs… La campagne contre Bolloré se décline aujourd’hui par des mobilisations à l’encontre d’autres milliardaires ultra-conservateurs en campagne pour la mise au pouvoir de gouvernements néo-fascistes, à l’instar d’Edouard Sterin et de ses nuits du bien commun. Retrouvez l’ensemble des actus et initiatives de la campagne ici : desarmerbollore.net
Après un exorcisme collectif du monstre du Loc’h, les bateaux sont repartis en armada sur quelques milles, dans la joie de cette navigation commune et de cette force nouvelle entre marins, avant qu’une partie s’élance vers la cale de Beg Meil, et l’autre…vers l’archipel des Glénan.
Pendant ce temps le village antifasciste de « Lever les voiles » à Guiscriff a réunit jusqu’à 3000 personnes. Une série de tables-rondes s’y est déroulée sur les empires médiatiques, extractivistes et coloniaux de Bolloré. En parallèle d’une discussion avec des syndicats et collectifs antifascistes pour s’organiser contre l’extrême droite sur le temps long, a eu lieu une assemblée générale pour mettre en place le pique-nique chez Bolloré du lendemain. La journée s’est cloturée par un rituel « poulpes féministes vs milliardaires réactionnaires » et une grande fête qui nous a menée loin dans la nuit !
Retrouvez ici le live sur la journée du samedi incluant l’intégralité des tables rondes :
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