Les décisions récentes concernant la pollution de l’air par les voitures dans les grandes villes, l’abrogation de l’interdiction de pesticides particulièrement destructeurs, l’autorisation de mégabassines, de fermes géantes, la reprise des travaux sur l’A69, etc., et bien entendu tout l’appareil policier étatique au service de ces mesures, sont présentées par certaines comme des « victoires des gueux » contre l’« écologie punitive ». Il s’agit de mensonges éhontés, dignes du roman d’Orwell 1984, comme « La guerre, c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force ». Ces décisions ont entraîné la détérioration progressive du rapport de force entre les défenseurs de la biosphère, de la biodiversité et de l’humanité, et le système capitaliste, ses entrepreneurs, ses banques, ses actionnaires, ses cultes, ses polices et ses armées, au bénéfice de ces derniers.
Ce qui est et sera punitif, c’est et ce sera :
- l’augmentation des cancers,
- des maladies cardio-vasculaires et autres pathologies,
- des pandémies,
- des incendies, sécheresses, inondations et autres catastrophes « naturelles »,
- le dérèglement climatique,
- la fontaine des glaciers,
- le dégel du pergélisol,
- l’élévation du niveau des océans,
- le bouleversement des courants marins,
- et les migrations et conflits dus à ces effondrements écologiques et climatiques, aux famines et à l’insécurité qu’ils entraînent.
Ce qui serait une victoire des gueux, et plus généralement de l’humanité sur les exploiteurs, les dictatures et les guerres, ce serait la nationalisation sans indemnité ni rachat de toute l’industrie automobile et de tout le parc de véhicules, l’augmentation massive des transports en commun et leur gratuité, la suppression de la propriété privée des voitures individuelles, la réduction drastique de leur nombre et leur mise à la disposition de tous. Ce serait l’interdiction de la publicité, la destruction de toutes les armes et centrales nucléaires, et les multitudes de changements fondamentaux dans l’organisation et le fonctionnement de notre société pour les mettre au service du bien commun et pas du profit d’une infime minorité s’appuyant sur des régimes dictatoriaux, policiers, militaires, théocratiques. Bref, ce serait sortir du capitalisme, supprimer la Bourse, les organisations financières et politiques internationales, nationaliser les banques, etc.
Non pas que ces bouleversements « impossibles » empêcheraient l’effondrement bio-géo-climatique qui est désormais inéluctable dans les prochaines décennies en raison des points de non-retour déjà atteints et dépassés, et de l’inertie des processus autodestructeurs en cours, mais cela permettrait aux populations qui y survivront de se préparer à gérer cet « après » sans la férule des gouvernants actuels de la planète.
Qu’actuellement, lors de la crise la plus menaçante pour la survie de l’humanité que celle-ci ait subie dans toute son histoire, les « opinions » concernant l’environnement, le climat, l’agriculture, l’habitat, les transports, fondées sur des diagnostics au doigt mouillé ou imposées par les dirigeants actuels du monde pourront être acceptées par beaucoup (médias, intellectuels, personnes diverses investies d’une certaine « notoriété »), et présentées comme opposables aux connaissances scientifiques, montre que l’humanité n’est pas encore sortie des âges obscurs, et n’en sortira peut-être jamais avant son extinction.
Bien entendu, aucune organisation, aucun politique ou militant ne pourrait formuler de telles affirmations et exigences, mais il faut se féliciter de ce que certains responsables puissent encore écrire et diffuser des « coups de gueule » comme celui-ci :
« Un cauchemar à la Don’t Look Up (1), mais pour de vrai.
Vous savez pourquoi ? Parce que si l’écologie perd, c’est toute l’humanité qui perd.
Quand il n’y aura plus d’eau, plus de biodiversité, plus d’arbres, plus de terres cultivables et plus d’air respirable, c’est la planète qui ne sera plus habitable.
Au mépris total de la science, de la santé de la population, de la préservation de nos conditions de vie et de l’avenir de nos enfants, la ligue anti-écologie s’est lancée dans une croisade folle, où elle a réussi successivement à :
• faire passer en force la loi Duplomb, ses pesticides tueurs d’abeilles, ses mégabassines et ses fermes-usines à 85 000 volailles ;
• utiliser tous les recours imaginables pour faire revenir sur l’A69 les moteurs de chantier qui détruisent des arbres centenaires et des espèces protégées ;
• vider de sa substance le dispositif « zéro artificialisation nette » pour bétonner toujours plus la nature et nos paysages ;
• supprimer complètement les ZFE au lieu de les amélioration pour les classes populaires, qui sont surreprésentées dans les 40 000 morts annuelles causées par la pollution de l’air.
Les climatosceptiques responsables de cette « performance » sont les représentants français de Donald Trump.
Ils s’appellent LR, RN et « bloc central » (quelle blague : quand on sait que ces derniers votent contre leurs propres mesures comme les ZFE, leur débandade idéologique honteuse n’en finira donc jamais).
Ensemble, ils forment la nouvelle alliance anti-écologie.
Quelles autres dingueries nous réservons-ils encore pour accélérer l’effondrement écologique et rendre la planète habitable pour nos enfants ?
Je regarde mon fils en écrivant ce message et j’ai sincèrement peur de la réponse à cette question.
Et même si nous devons être les seuls à avoir ce courage, ils nous trouveront toujours en travers de leur chemin pour défendre celles et ceux qui n’ont pas de voix : les générations à venir, et plus généralement, le vivant, tout simplement.
La météorite n’est pas pour demain, elle est pour maintenant.
Marine Tondelier. »
(1) Film Netflix inspiré par le thème de l’actuelle crise climatique dont personne ne se soucie vraiment malgré le consensus scientifique, qui évoque la chute prochaine d’une grande comète qui va complètement ravager la terre et tuer tous ses habitants, et la difficulté que rencontrer les scientifiques qui l’ont découvert pour prévenir le monde face à la désinformation, au déni et aux sarcasmes du monde médiatique et politique comme du grand public, ainsi qu’à la cupidité et à l’inaction de la présidente des États-Unis sous la coupe du puissant créateur d’une grande entreprise technologique. (Wikipédia).
Billet rédigé et publié le 30 mai 2025 par Alain Dubois, publié originellement sur son blog L’Herbu ainsi dans une version légèrement modifiée sur son blog Mediapart .
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