Lundimatin #474 | 5 mai

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#474 | 5 mai
L’infolettre de la semaine dernière est partie par mégarde à 7h30 ce matin, désolé pour les 10 000 premiers abonnés qui l’ont reçue par erreur. Voici celle d’aujourd’hui.
Le « problème musulman » en France
Une histoire de l’islamophobie
un lundisoir avec Hamza EsmiliAutrefois cantonné aux cercles les plus assumés de l’extrême droite, le « problème musulman » a doucement mais sûrement conquis l’espace politique et médiatique. D’une partie de la gauche qui veut sauver une « république » en péril au ministre de l’Intérieur qui proclame « vive le sport, à bas le voile » la question de l’islamophobie est devenue un marqueur plus déterminant que jamais en France. Si certains assument cette peur des musulmans pendant que d’autres s’indignent des discriminations qu’elle engendre, personne ne s’interroge sur la manière dont s’est construit ce « problème musulman ». C’est ce à quoi s’attèle Hamza Esmili [1], socio-anthropologue, dans La cité des musulmans, une piété indésirable (Amsterdam). Le chercheur retrace la genèse et les différentes évolutions de l’islamophobie en France, de sa variante libérale de gauche à son déploiement conservateur actuel et ouvre la question en creux de ce « problème musulman » : comment l’histoire coloniale, la désindustrialisation et l’espace ségrégé de la cité, ont produit un phénomène de réaffiliation et de regain de piété qui vient mettre en crise le rapport dominant à la communauté, à l’État et à la société globalisée. Soit « une collision historique bien réelle,
une épreuve de modernité ».
Nos yeux explosés
Images envers et contre tout
Nicolas KlotzAu solstice d’hiver
Les années que nous avions l’habitude de saluer
Ne passent plus
Elles s’accumulent, lourdement, chargées
Des méga-tonnes de bombes
Qui anéantissent les vies de milliers et
Milliers et milliers et milliers et…
De femmes, d’hommes, d’enfants, palestinienn.es
Massacré.es à Gaza.

Sous nos yeux.

De terres en guerres
Pourquoi les Soulèvements de la terre appellent à faire la « Guerre à la Guerre »

Dans la propagande gouvernementale, il est chaque jour question « d’économie de guerre », de « sécurité », de « menace », et de « réarmement ». Dans ce contexte, les Soulèvements de la terre se joignent à la coalition « Guerre à la Guerre » pour appeler à une mobilisation le 21 juin prochain, contre le salon d’aviation militaire du Bourget. Ce texte déplie les raisons profondes qui motivent la participation du mouvement à cette initiative.

En finir avec la culture du mépris
Réflexions croisées d’un metteur en scène et d’un sociologue

2025 s’ouvre sur de funestes perspectives pour les acteurs culturels. L’annonce de coupes budgétaires drastiques par l’État et les collectivités territoriales menace une partie du secteur et tout particulièrement les lieux intermédiaires [2] qui jouent un rôle central dans l’irrigation du territoire : éducation artistique et culturelle, animations socio-culturelles, interventions dans les territoires ruraux, festivals, résidences d’artistes, créations partagées, etc. C’est tout un travail de fond, résultat d’une œuvre sédimentée sur la durée, pour ancrer d’autres manières de voir et de faire, de concevoir le vivant et les rapports de force, d’instiller du rêve et de la poésie, qui est menacé de disparaître. Pire, ce travail est nié par une vision utilitaire du monde où prime la rentabilité, la concurrence, « l’innovation » et les projets « créatifs ». Les mots vides de sens du modèle gestionnaire l’ont emporté pour de bon. Mais s’il n’y avait que ça.

Les Roms de Transcarpatie et la guerre en Ukraine
Reportagen Europe, l’antitsiganisme est historiquement et géographiquement aussi diffus que mal documenté [3]. Il y aurait beaucoup à dire du rapport qu’entretiennent les gouvernements avec ces populations disparates qui tiennent à des formes-de-vies qui ne se laissent pas dissoudre dans la fiction stato-nationale mais qu’en est-il plus particulièrement dans une situation de guerre comme celle que traverse l’Ukraine ? Les auteurs de ce reportage se sont rendus dans l’oblast de Transcarpatie pour enquêter et se documenter. Sans surprise, la condition des populations roms en Ukraine se révèle dramatique.
Temps de la ruine et ruine des temps
« Les gorges sont sèches car la soif est morte »

Il n’est pas de révolte plus absolue que celle qui porte ces lignes. Une révolte vieille comme la Nuit accouchant du premier Jour. Et moi, maniant la plume acérée du scandale, je demeure esclave de cette fronde vengeresse.

La Macédoine du nord en ébullition
La colère s’organise après l’incendie d’une discothèque qui a fait 62 morts

Suite à une tragédie ayant coûté la vie à une soixantaine de jeunes dans l’incendie d’une discothèque à Kočani, en Macédoine du Nord, les citoyens et étudiants macédoniens ont décidé de faire entendre leur voix. À l’instar des mobilisations récentes en Serbie, des manifestations ont été organisées et des plénums se sont formés pour protester contre les gouvernants jugés responsables de cette catastrophe. Ce phénomène montre que le modèle du plénum n’est pas une forme d’auto-organisation isolée, mais qu’il s’exporte et s’étend lors des crises successives dans les pays des Balkans, prouvant ainsi qu’il a le potentiel d’être bien plus qu’un simple outil de contestation…

Un préfet exemplaire, Maurice Papon
Le procès Papon, histoire d’une ignominie ordinaire au service de l’Etat, par Jean-Jacques Gandini, préface de Johann Chapoutot, postface d’Arié Alimi
[Bonnes feuilles]En 1997, s’est déroulé devant la Cour d’Assises de Bordeaux le procès de Maurice Papon, inculpé de crime contre l’humanité pour sa participation active à l’organisation de convois qui ont envoyé à la mort, entre 1942 et 1944, 1600 personnes d’origine juive, dont 223 enfants. En tant qu’observateur de la Ligue des droits de l’homme, Jean-Jacques Gandini a suivi le procès tout au long des six mois qu’il dura. Du livre qu’il tire aujourd’hui de cette expérience, on peut retenir, entre bien d’autres, cet enseignement : Papon a vécu, et est certainement mort, en ayant gardé jusqu’au bout la conscience du devoir accompli.
PYRAMIDEN de Damien Faure
Le dernier humain dans la beauté du monde

Pyramiden, de Damien Faure, sort en DVD ces jours-ci, bientôt au catalogue de aaa production [4]. Lorsque je l’ai vu, c’était au Cinéma Saint André des Arts en janvier 2025. Avant la projection, nous eûmes droit à une publicité pour des voitures puissantes balançant du rêve à l’impératif, « éclipsez la lune ! », « Dépassez les nuages ! » : le saccage de la planète continue comme si de rien n’était, inéchappable, même en 2025, même au Saint André des Arts. à archiver, pour plaider, un jour, des crimes contre la planète et l’humanité, par un imaginaire qui délire pour vendre des machines à lithium ou pétrole en contradiction avec tous les signaux d’alerte qui s’accumulent.

Sur Jacques Camatte (et d’autres)
Dixi et salvavi animam meam

Vendredi 26 avril, j’ai appris le décès de Jacques Camatte en parcourant « Le Monde ». J’ai écrit à Daniel R., libraire-bouquiniste bien connu de beaucoup – et particulièrement de ceux d’Agone – que Camatte était mort et que lui, Daniel, était probablement la dernière personne vivante de mes relations à qui je pouvais communiquer cette nouvelle.

Le braquage artistique
Un geste libre dans un monde verrouillé

Donkey nous a transmis la revendication de sont braquage artistique, une « Œuvre clandestine réalisée à La Maxe en Avril 2025 ». L’artiste ajoute : « 30 euros, une chaise abandonnée, et un poème éclaté. ». L’expérimentation nous a semblé tout à fait sympathique.

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