Un lundisoir avec Jean Tible
Professeur de sciences politiques à São Paulo, Jean Tible navigue depuis plusieurs décennies entre la France et le Brésil. Ses recherches portent essentiellement sur cette matière riche et prolifique : la révolte. Il vient de publier Politique sauvage aux éditions Terres de feu, un essai aussi foisonnant qu’enthousiasmant qui propose de reprendre l’histoire de ces 70 dernières années depuis les gestes d’insoumission, de subversion et d’affrontement avec l’ordre des choses. Par ce renversement de perspective, on s’aperçoit que ce sont les bouleversements qui imposent le rythme de l’histoire et qu’il ne s’agit jamais pour le pouvoir que de tenter de l’interrompre. Jean Tible retrace donc 7 décennies de luttes qui se succèdent, se chevauchent, s’entrecroisent, des forêts de l’Amérique du Sud aux ZAD, des quilombos aux favélas, des Black Panthers aux féminismes révolutionnaires. Depuis les grèves, les usines, les campus, les ghettos ou les places occupées, il retisse le fil des évènements jusqu’à rendre palpables leurs résonances. Contre une politique politicienne aussi éreintée qu’impuissante et triste, il révèle cette politique sauvage, joyeuse et ingouvernable qui relie les mille luttes minoritaires, qu’elles soient queer, indigènes, ouvrières ou écologistes. En évoquant le trumpisme, un ami écrivait récemment que « nous avons la contre-révolution que nous méritons », la fascisation en cours n’étant que le contre-coup des révoltes récentes. Antonio Gramsci d’ajouter en 4e de couverture du livre de Jean Tible : « On ne peut prévoir que la lutte. ». |
Poster un Commentaire