
«La Meute», en librairie mercredi 7 mai, décortique l’appareil de Jean-Luc Mélenchon, ses purges et sa violence intrinsèque. La patronne du groupe insoumis à l’Assemblée a dénoncé ce mardi un livre à charge, «factuellement faux et contestable».
Depuis des semaines, les troupes LFI s’attendaient à subir une vague de critiques, à l’approche de la sortie d’un essai fouillé sur leur mouvement, intitulé la Meute, enquête sur La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon (Flammarion), des journalistes Charlotte Belaïch (Libération) et Olivier Pérou (le Monde), en librairie mercredi 7 mai. Consacré au fonctionnement de l’appareil créé par l’ancien candidat à la présidentielle, l’ouvrage décrit un mode de fonctionnement violent, pyramidal et courtisan, où les purges sont fréquentes. Et où le manque de démocratie interne est assumé, au nom des objectifs politiques.
A l’Assemblée nationale ce mardi 6 mai, la cheffe de file des députés LFI, Mathilde Panot, s’attendait aux questions de la presse. La veille, la députée du Val-de-Marne avait invité ses ouailles à la «plus grande vigilance» concernant les invitations médiatiques. Ses troupes sont même priées de «refuser» les matinales dans les jours à venir, comme l’indique un message envoyé dans une boucle de messagerie interne, consulté par Libé. Face aux caméras, la fidèle de Mélenchon s’est chargée de la riposte : «Je n’ai pas envie de commenter un ouvrage qui collectionne à la fois des ragots et des mensonges, puisque beaucoup de faits rapportés dans ce livre sont faux.» Ajoutant : «LFI ne correspond absolument pas à ce que [dit] ce livre.»
La députée a réfuté plusieurs passages mentionnés dans l’ouvrage, anecdotiques en miroir de la thèse de ce dernier, celle d’un mouvement politique légitimant la violence et la mise en sourdine de la démocratie interne au motif de la défense d’un projet politique. Selon Panot, Mélenchon n’aurait ainsi jamais prononcé cette phrase à l’encontre de Manuel Bompard, le coordinateur du mouvement : «Toi, achète-toi un cerveau.» Telle députée LFI n’élèverait pas non plus ses enfants seule, comme l’écrivent les deux journalistes, mais «avec son mari», selon Panot. Jean-Luc Mélenchon n’aurait pas davantage l’habitude de boire un verre de vin blanc à la fin de ses meetings, mais plutôt du rouge, voire un jura. Conclusion de Panot : «Tout est factuellement faux et contestable dans ce livre.»
La patronne du groupe déplore également l’objet du livre, centré sur le fonctionnement interne du mouvement. «Aucune idée politique ne se trouve dans ce livre, aucune de nos campagnes, aucune de nos mobilisations.» Interrogée, enfin, sur les consignes adressées à ses troupes, Panot a énoncé : «Nous sommes libres de répondre ou non à des invitations médiatiques.»
Invité ce mardi sur BFM TV, Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste français, a dénoncé de son côté le manque de «démocratie à l’intérieur» de LFI, comparant le mouvement mélenchoniste à «une secte sous l’emprise d’un couple», celui de Jean-Luc Mélenchon «et de sa compagne Sophia Chikirou», députée de Paris.
Allié à LFI pour les dernières législatives, en 2022 et 2024, Roussel a déjà pris ses distances avec la personnalité de Mélenchon, et a redit ce mardi 6 mai que celui-ci n’était «pas un bon candidat, un bon choix pour la France».
A l’Assemblée ce mardi, le gouvernement s’est également saisi de l’enquête pour cibler LFI. Répondant à une question du député socialiste Jérôme Guedj, pris à partie lors des manifestations du 1er Mai, Aurore Bergé, ministre de l’Egalité entre les femmes et les hommes, a dégoupillé : «Depuis le 7 octobre 2023, il y a une cassure parce qu’il y a celles et ceux qui ont choisi de chasser en meute», a-t-elle commencé, reprenant le titre de l’ouvrage, avant d’énumérer divers griefs envers la France insoumise.
Mis à jour à 15 heures 50 avec la déclaration d’Aurore Bergé lors des QAG et une correction dans la réaction de Mathilde Panot.
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