Russie. Sophia Chikirou et l’iceberg insoumis.

Russie. Sophia Chikirou et l’iceberg insoumis.

Les poutinophiles ont donc, comme le rapporte le Canard Enchaîné, défilé le 8 mai en France en miroir, anticipé d’un jour, avec le défilé qui s’est tenu à Moscou pour commémorer la victoire russe sur les nazis en 1945. Au détail près que l’opération spéciale moscovite était un exercice de haut vol pour soutenir la guerre que la Russie mène en Ukraine…contre les supposés ukronazis ! Qu’on se le dise 2025 c’est 1945 ! Et dans le rôle des nazis vous avez les Ukrainiens, l’OTAN… allez, l’Occident tout court, sans lequel la Russie, alors l’URSS, n’aurait pas vaincu les nazis !

C’est d’ailleurs ce mégadétail du soutien à la guerre russe contre l’Ukraine qu’a repris à son compte la députée LFI Sophia Chikirou en tentant, devant les débris du stalinisme présents, un grossier tour de passe-passe : et cela en qualifiant de provocation le projet d’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN et dans l’UE. Tour de passe-passe ? Oui, car pour grossière que soit la pirouette, le dit par la députée LFI se comprend un 8 mai si l’on accepte que cette intégration qui serait faite dans l’OTAN et dans l’UE serait celle d’un pays d’ukronazis. Autrement dit, sans le dire ouvertement, cette députée, dite de gauche, part, en gros(sier) implicite de son propos, de la délirante qualification du régime ukrainien comme nazi qui est la colonne vertébrale du discours de justification tenu par Poutine pour massacrer l’Ukraine. Et tant pis si, comme il fait couramment sur tout et sur rien, le susdit dictateur inverse le cours de l’histoire en brandissant, dans l’oubli des pactes nazi-staliniens de 1939-1941, le souvenir d’une victoire russe (ukrainienne et avec l’appui des Etats-Unis) défensive pour légitimer aujourd’hui une offensive militaire, une guerre qui, néofasciste, porte le sceau de l’expansionnisme belliciste du fascisme historique procédant par annexions successives de pays, massacres/exterminations de populations, crimes de guerre et processus génocidaires. Pas de quoi faire frémir une Sophia Chikirou négationniste, en faisant silence sur elles, de ces choses.

A tout cela on se doit d’ajouter que, dénier à l’Ukraine le droit d’intégrer l’OTAN (et l’UE), en l’absence des Brigades Internationales que LFI n’a pas cru bon d’organiser en soutien aux Ukrainien.ne.s (aux côtés de leurs gauches combattant l’envahisseur), c’est très exactement ce que veut obtenir Poutine. Non pas pour se protéger de la stupide supposée menace d’avancée vers l’est d’une OTAN qui n’a pas bougé le petit doigt quand il a occupé une partie de la Géorgie, puis la Crimée (sans oublier l’absence de réaction occidentale quand il est allé briser et massacrer, avec l’appui de l’Iran, la révolution populaire en Syrie), mais au contraire (ah! cette obsessionnelle inversion de l’histoire !) pour que lui soit laissée toute possibilité de mener à bien la destruction programmée de l’Ukraine indépendante. Ce qui aurait pu se passer si le peuple ukrainien n’était pas entré en résistance bousculant l’inertie et le défaitisme des pays occidentaux qui donnaient l’Ukraine vaincue d’avance ! C’est cela qui donne toute sa signification à la présence de Sophia Chikirou dans le défilé parisien du 8 mai : présence et discours qui sont une contribution politique au soft power poutinien et à ses vérités parallèles.

Mais devant ce que nous rapporte le Canard Enchaîné sur l’enchaînée au poutinisme, il faudrait éviter de garder une focale locale, je veux dire, sur la seule infâme soumise au dictateur russe ! Ouvrons-la cette focale pour comprendre que Sophia Chikirou n’est que la partie émergée de l’iceberg proPoutine qu’est LFI. Non pas tellement l’ensemble gazeux des Insoumis.e.s, bien qu’il y en ait qui soient pris.e.s dans cette glace du déshonneur et du reniement anti-internationaliste d’une lutte populaire en cours, mais plutôt l’appareil de LFI, ce cercle étroit des proches du Grand Chef, donnant le la à une masse qui, gazeuse, est dépourvue du pouvoir de peser sur les orientations et accepte, plus ou moins de bon gré, qu’il en soit ainsi pourvu que LFI fasse le job en faveur de Gaza. Manifestation d’un internationalisme à géométrie variable et donc diminué d’une pleine puissance.

Ce qu’a fait et dit la députée LFI est donc représentatif du cours anti-ukrainien pris par cette organisation. Laquelle, au début, avait tenté de donner le change en dénonçant l’agression russe. Laquelle avait laissé, un temps, ses eurodéputé.e.s voter le soutien, y compris militaire, à l’Ukraine mais, désormais, par une virulente reprise en main des troupes et des élus, avec épuration des insoumis.e.s à la soumission au Chef, par celui-ci et sa garde rapprochée du POI, impose la ligne de la paix en Ukraine aux conditions de Poutine (par cession des territoires ukrainiens, et de leurs habitant.e.s, annexés). Le tout étant couronné par l’appel, vote à l’appui à Strasbourg, à cesser toute fourniture d’armes à la résistance ukrainienne au nom d’un affligeant antimilitarisme pacifiste, munichois, dont on a oublié ce qu’il avait signifié avant et pendant la Seconde Guerre mondiale.

C’est de tout cela qu’est le nom le 8 mai 2025 d’une insoumise, et de la caste dont elle fait partie, insoumise à l’obligation de solidarité avec l’Ukraine résistante à l’égal de tout autre peuple, en lutte ou opprimé. C’est tout cela qui peut alimenter, non seulement l’indécente meute de droite et d’extrême droite, collabos du génocide commis à Gaza, qui vise LFI, mais aussi la politique de division qui sévit à gauche (et pas que du côté de LFI) et qui pave la voie de l’accès au pouvoir à l’ami(e) néofasciste, Le Pen ou Bardella, du néofasciste Poutine dont Sophia Chikirou est aussi l’amie !

 

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