Oui, on ne peut que partager le cri du cœur de Marine Tondelier à propos de l’avalanche de textes trumpistes et anti-environnementaux adoptés en France en quelques jours : la bien-nommée loi Duplomb voulue par les businessmen dirigeants de la FNSEA, le retour du chantier de l’A 69, l’effaçage des quelques mesures contre l’artificialisation des sols, la suppression des ZFE (Zones à Faibles Émissions).
Alors que dans les mêmes jours, l’effondrement d’un pan de montagne descellé par le réchauffement a rayé un village suisse de la carte et que la pire vague de chaleur jamais vue en mai matraque la Méditerranée.
Mais ceci demande un bilan politique. Car voilà, en effet, ce dont aura été capable cette Assemblée nationale, sous l’exécutif Macron-Bayrou !
La loi Duplomb/FNSEA a été imposée par l’axe RN/LR/ci-devants macroniens, non par un vote mais par un détournement de procédure empêchant son débat pour la faire adopter en commission mixte paritaire avec le Sénat. À la suite de cela le groupe LFI a déposé une motion de censure. Rappelons que toute motion de censure ne peut passer que si le RN le veut bien : la seule fois où cette Assemblée a servi à quelque chose, ce fut lors de la censure du gouvernement Barnier causée par la menace sociale qui montait. Dans le même temps, le groupe LFI a voté avec le RN et LR la loi Diesel/ « asphyxions les gueux tout en parlant en leur nom ».
Par contre, on attend toujours la loi d’abrogation de la réforme des retraites de Macron, garantie en septembre 2024 par Eric Coquerel pour Noël (Noël … 2024 !).
Jeudi 5 juin, le groupe parlementaire « Gauche Démocrate et Républicaine » (formé par le PCF) de l’Assemblée nationale soumet à son vote, pour sa niche parlementaire, une résolution sur l’abrogation de la réforme des retraites. Une simple résolution est en fait un vœu, non contraignant ; le groupe GDR explique cela par le fait qu’auparavant, les tentatives d’abrogation (partielle) des groupes LFI puis PS avaient été bloquées au motif de non-recevabilité ou d’amendements massifs.
Autrement dit, le groupe GDR affiche publiquement l’incapacité d’abroger la réforme Macron des retraites tant que l’exécutif Macron-Bayrou est aux commandes (même si telle n’est pas son intention affichée : au contraire, il demande au gouvernement de respecter les « règles démocratiques inscrites dans notre Constitution » – on se demande bien lesquelles !).
La CGT appelle à une journée d’action pour cette abrogation le 5 juin, en « interpellant les députés ». La FSU soutient mollement cette initiative en disant l’inscrire dans une « campagne au long cours », dénonçant déjà – à juste titre – les prochaines attaques contre les retraites (capitalisation) à l’issue du « conclave » devenu « Délégation paritaire permanente », prévue pour le 17 juin. Solidaires a déclaré ne pas s’associer au 5 juin, au motif que ce serait … trop politique ! Dans des départements, Solidaires et FO appellent cependant à manifester ou à des rassemblements.
En fait, de même que l’on sait que la réforme des retraites ne sera toujours pas abrogée jeudi soir, on sait que la journée du 5 juin ne mobilisera pas et elle est appelée comme telle : une « journée d’inaction », en somme. Les larges masses ne sont pas disposées à faire grève pour rien, même quand elles partagent les revendications, comme on l’a vu aussi les 3 avril et 13 mai et à la SNCF ces dernières semaines.
Les obstacles à la mobilisation ne sont pas « en bas ». En bas, il y a besoin d’une perspective de renversement de cet exécutif antidémocratique : la division du NFP y fait pour l’heure obstacle. Il y a aussi besoin de clarté sur la situation internationale, contre l’Axe néofasciste Trump/Poutine et les logiques génocidaires à l’œuvre contre les Palestiniens et les Ukrainiens. A partir du moment où les directions syndicales ne participant plus au conclave (CGT, FO, FSU, Solidaires) ne cherchent pas à briser ce cadre, par exemple en mobilisant réellement et centralement vers l’Assemblée nationale ce jeudi, elles ne peuvent qu’organiser des « journées de non-action ».
Assemblée nationale nulle voire dangereuse, journées de non-action syndicale : pour compléter ce vilain tableau, il ne reste que le spectacle des positionnements envers la présidentielle de 2027 et non plus pour imposer un gouvernement démocratique abrogeant la réforme des retraites, haussant les salaires, préservant les services publics et défendant l’écologie, comme il en était question entre les législatives et la censure du gouvernement Barnier.
Le spectacle est là.
Et d’une, J.L. Mélenchon entend être le candidat providentiel par lequel adviendra la rédemption, alors qu’il est de plus en plus perçu à échelle de masse comme un facteur décisif de division et de défaite, au profit du RN.
Et de deux, Raphaël Glucskmann est bien d’accord avec lui : pas de primaires, pas de débat, pas d’unité, je serai candidat !
Et de trois, n’est-ce pas un coup de pied de l’âne à l’idée d’une primaire, du débat et de l’unité, que rajoute François Ruffin en disant pour sa part qu’il y aura une primaire … dont il sait par avance être le vainqueur désigné !
Pourtant, concernant les secteurs militants, la volonté et le besoin d’unité et de débats sont là et bien là et s’expriment d’ailleurs actuellement dans et à travers le congrès du PS, le regroupement dans l’Après, ou l’initiative du rassemblement du 2 juillet lancée par Lucie Castets.
Si se penser candidat, ou candidate, est la méthode par excellence de la division et du déni de perspective politique, c’est parce que c’est la question de la démocratie, du régime, de la V° République, qui a été soulevée massivement dans le pays, déjà depuis des années (Gilets jaunes, mouvement de défense des retraites …), et très précisément en bloquant la marche vers un exécutif Macron/Bardella en juillet dernier, à travers la formation du NFP puis son unité en faveur d’un gouvernement Castets abrogeant la réforme des retraites, haussant les salaires et sauvant les services publics.
Se fixer maintenant la ligne bleue horizon de 2027, c’est dire qu’on laisse Macron et Bayrou ou son successeur, et qu’on prend les coups d’ici là pour aboutir à la division et à l’échec. Mais la méthode de l’unité, qui s’est imposée à l’été 2024, peut et doit s’imposer à nouveau : contre l’Axe néofasciste Trump/Poutine, contre l’exécutif Macron/Bayrou et la V° République, pour l’écologie, les salaires, les services publics et les retraites, mobilisation immédiate et regroupement constituant mandatant une candidature unitaire pour changer de régime, voilà la méthode.
A plus grande échelle, les larges masses ne sauraient y être indifférentes ; leurs besoins vitaux referont irruption, et avant 2027. Car, concluons là-dessus, cet exécutif est et reste extraordinairement faible, toujours odieux et souvent ridicule. Toute mobilisation déterminée l’ébranle : les chauffeurs de taxi y sont parvenus (voir ci-dessous le communiqué de Danielle Simonnet, députée l’Après de Paris). Alors ?
Le 01/06/2025.
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