Marche à la guerre et révolutions démocratiques. 13/06/25.

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Par aplutsoc2 le 13 juin 2025

Ce vendredi 13 juin 2025, l’actualité dominante est constituée par le bombardement israélien de centrales nucléaires, de bases militaires et aériennes, avec des victimes civiles et, de source israélienne, « pas de radioactivité » (il est permis d’en douter …), en Iran.

Demain 14 juin, l’affrontement de Los Angeles va s’étendre sur tout le continent étatsunien.

, pour qui veut se doter d’une compréhension stratégique globale de la situation mondiale, c’est-à-dire tournée vers l’action, la clé des développements immédiats, y compris entre Israël et l’Iran, se trouve aux Etats-Unis, avec depuis une semaine Los Angeles comme épicentre, mais un « épicentre » qui va, demain 14 juin, se généraliser à tous les Etats-Unis. La guerre contre l’Iran peut perturber cette marche en avant vers l’affrontement aux Etats-Unis, mais elle semble ne pas pouvoir ni la stopper ni l’inverser.

Voici une semaine, Trump a déclaré la guerre à la Californie. Le gouverneur démocrate de Californie, tout en prétendant maintenir l’ordre tout seul contre les éventuelles « émeutes » et « immigrants recherchés », appelle en même temps à la résistance contre Trump qu’il traite d’aspirant dictateur, et refuse de traquer la majorité des migrants nécessaires à l’économie.

700 marines ont été déployés dans LA, cependant que des vétérans entourent la base de Camp Pendleton en appelant les militaires à la désobéissance, au nom de la constitution.

Le mouvement de masse qui monte est démocratique et se réclame de la tradition constitutionnaliste américaine : c’est normal et c’est toujours en s’appuyant sur les acquis que l’on va de l’avant. Mal avisé tout révolutionnaire qui fait la fine bouche.

Au moment présent, il faut frapper ensemble, en tentant de montrer qu’on peut, à chaque fois, frapper plus fort, que la maire Karen Bass, le gouverneur Gavin Newson que Trump appelle à arrêter et traite de racaille, et que le sénateur Alex Padilla molesté hier par des nerfs pour avoir tenté de poser une question à la conférence de presse du secrétaire à la sécurité intérieure de Trump, Kristie Noem (dont la réputation politique vient de qu’elle a raconté la mise à mort de son chien, coupable d’avoir mal participé à une chasse, sur les réseaux sociaux).

Demain, plus encore que ce qui se produit d’ores et déjà, des millions et des millions de manifestants vont déferler dans tous les Etats-Unis pendant que Trump va faire défiler l’armée en son honneur. Cette poussée vers l’affrontement national se produit juste après la crise avec Musk, qui a levé le tabou sur la destitution de Trump même s’il a ensuite reculé, terrorisé par la perte de milliards de dollars.

Douguine, idéologue officiel russe, a donné le ton en qualifiant Gavin Newson d’Antéchrist, comme Georges Soros. Georges Soros a également été dénoncé comme celui qui fait venir noirs, arabes et musulmans en Europe, au meeting de l’extrême droite européenne près de Montargis, par Victor Orban, aux côtés de Marine Le Pen qui a recentré l’orientation du RN, afin qu’il n’y ait pas de doute, sur l’Axe Trump/Poutine à 100%, donc contre toutes les conquêtes démocratiques existantes en Europe et en Amérique : c’est cela qu’ils appellent wokisme, « ultra-libéralisme », finance cosmopolite, etc.

Ils sont bien les racistes et les antisémites, « Soros » étant chez eux la force occulte qui fait venir les migrants…

Le contenu de ce mouvement, un contenu le plus souvent explicite, c’est de chasser Trump, au nom de la constitution, et avec lui bien sûr Vance : il ne s’agit pas de mettre Vance à sa place !

Or il est constitutionnellement impossible à cette étape de les chasser. Le vice-président a été prévu pour que l’exécutif ne soit jamais renversé. Or il s’agit, aux Etats-Unis, de renverser l’exécutif, pour que toutes les libertés ne soient pas renversées par l’exécutif, ce qui est en train d’arriver.

Ce mouvement démocratique et constitutionnel dépasse donc, d’ores et déjà, par sa dynamique démocratique, les limites de la constitution !

La tâche première est donc le plein soutien aux manifestants qui, dans tous les États-Unis, se préparent par millions à affronter Trump.

Netanyahou, Khamenei, en guerre contre les peuples.

Venons-en maintenant aux « frappes » par avions et drones d’Israël en Iran.

De la part de Netanyahou et des chefs militaires israéliens, cette offensive est une fuite en avant pour sortir de l’impasse.

Car la seule issue possible de ce qu’ils sont en train de faire à Gaza et en Cisjordanie, c’est un génocide – l’abus fétichiste du mot, abus fort ancien, a perturbé la perception du moment où il arrive, mais à présent tous le voient arriver : les Gazaouis et les Cisjordaniens (et on donne peu cher des Palestiniens d’Israël et de soit Jérusalem dans ce cas) sont massacrés, directement ou par la faim et les maladies, soit chassés.

Mais le massacre serait visible du monde entier en direct, à la différence des débuts du génocide des Tutsis en 1994 par exemple. Et pour l’expulsion, ou la déportation, il n’y a pas de destinations possibles tout autour. C’est donc l’impasse – ce pourquoi Trump, nullement par une sensibilité quelconque (il ne sait pas ce que c’est, la sensibilité), s’est inquiété. Ouvrir un front, depuis longtemps évoqué, avec l’Iran, sort apparemment de l’impasse des dirigeants israéliens – dans un premier temps seulement.

Dans un premier temps seulement, car tout gouvernement capitaliste iranien, celui des mollahs mais tout autre aussi, entouré de puissances nucléaires (Israël, Pakistan, Inde, Russie) et menacé de surcroit par celle des Etats-Unis, est et sera fatalement conduit à un programme d’armement nucléaire, ou à d’autres terribles armes de destruction massive.

L’attaque israélienne peut briser le plan d’armement nucléaire de toute preuve menée par l’Iran, bien que l’on n’ait d’autres certitudes à ce sujet que les affirmations israéliennes, mais elle ne peut pas éliminer ce problème, pas plus d’ailleurs que la tentation logique de l’Arabie saoudite, et des Emirats Arabes Unis, et de la Turquie… d’en faire autant.

C’est en l’occurrence ici Israël qui a commencé, déclenché le processus, en se dotant de l’arme nucléaire, initialement avec l’aide française (double secret de Polichinelle), il ya des décennies.

Bombarder l’Iran n’est en rien une aide aux mouvements démocratiques, féministes et sociaux contre le régime des mollahs. Une grande grève des camionneurs était en train de s’étendre lorsque les frappes sont survenues. « Femme, Vie, Liberté » couve sous la cendre. Et les manifestations de rue les plus récentes contre le régime des mollahs ont été appelées au nom de la défense de la Palestine et de Gaza.

En fait, les gouvernements israéliens s’engagent à frapper avant que ce régime ne s’effondre, et avec l’espoir secret qu’ils lui procurent un sursis intérieur. La chute de Bachar el Assad en Syrie les a profondément affolés.

Rien ne serait pire pour les aspirants génocidaires au pouvoir en Israël que des révolutions démocratiques victorieuses dans les pays de la région. L’effondrement de l’« Axe de la Résistance » formé par l’Iran, Bachar el Assad maintenant renversé, le Hezbollah, le Hamas et les Houthis, renforcerait la véritable résistance palestinienne, celle d’un peuple de femmes et d’hommes, de vieux et d’enfants, qui veut vivre et pas mourir, rester et pas partir.

Et en ce moment même, les femmes yéménites descendent en masse dans la rue pour de l’eau, la remise en marche des centrales électriques et contre la corruption : elles ont affronté les miliciens Houthis à Aden le 24 mai dernier.

C’est là le mouvement des peuples, et certainement pas les missiles Houthis dans la mer Rouge, qui, seul, aide les Palestiniens, et avec eux les Juifs israéliens anti-guerre !

C’est contre tous les peuples de la région que le pouvoir israélien a annoncé qu’il s’installait dans un cycle de bombardements de longue durée en Iran. La guerre, ici, a pour fonction première, non d’empêcher la nucléarisation déjà très avancée de toute la région, mais les révolutions démocratiques partout. Mais même ainsi, comme en Syrie, celles-ci vont se frayer leur chemin, car c’est une question de survie.

L’OTAN, en tant qu’institution, n’a pas approuvé l’attaque israélienne, qu’elle qualifie d’ « unilatérale » – cela, bien que de toute évidence Trump était au courant, mais est-il vraiment membre de l’OTAN ? …

Les puissances européennes s’affolent mais n’arrivent toujours pas à condamner la politique israélienne, pas plus qu’elles ne mettent les moyens, qu’elles ont, de casser le blocus de Gaza par la force s’il le faut.

La Chine s’est empressée de faire savoir qu’elle se verrait bien en médiatrice ! Le Qatar et l’Oman s’affichent sur la même ligne. Et les pays voisins, tous en mauvais termes avec l’Iran, Arabie saoudite, Turquie, Pakistan, se sont tous positionnés en défense (verbale) de l’Iran.

Mais Poutine ? Il a juste fait savoir (à cette heure) par l’intermédiaire de Peskov qu’il est « informé en temps réel » , et un communiqué de la Commission de la Douma aux Affaires internationales, « pacifiste » comme le Kremlin sait si bien se présenter comme pacifiste, affichant l’inquiétude : « Une guerre totale entre l’Iran et Israël pourrait embrasser tout le Proche-Orient et déboucher sur une troisième guerre mondiale. »

A propos de la troisième guerre mondiale, signalons que voici trois jours, Tulsie Gabbart, la très poutinienne cheffe du renseignement américain (CIA, NSA, FBI) a publié, après un voyage à Hiroshima, une vidéo hallucinante où elle affirme que l’Apocalypse nucléaire est imminente par la faute des « élites politiques et des bellicistes » . Qui sont-ils ?

Sans doute les mêmes que dénoncent Douguine ou Orban et leurs idiots utiles à droite et à gauche : l’Europe. En réalité, les puissances européennes ne font pas ce qu’elles ont le pouvoir de faire : armer l’Ukraine et briser le blocus de Gaza. C’est cela, la seule voie vers la paix, et donc vers l’affrontement avec l’Axe Trump/Poutine.

Nous avons donc remarqué la discrétion de Poutine sur les malheurs de son ami iranien pourvoyeur de drones Shahed. Mieux encore : nous notions le 9 juin que « Selon Volodomyr Zelensky 20 000 roquettes anti-aériennes améliorées aux Etats-Unis sur les conseils de techniciens ukrainiens, et promesses par Biden, ont été détournées par Trump sur « le Proche-Orient », c’est-à-dire au profit du terrorisme de Netanyhaou ».

Ces moyens volés à l’Ukraine pour le compte de Poutine, ont été versés à la défense anti-aérienne israélienne en prévision des ripostes iraniennes.

D’où la question qui hante chancelleries et milieux pro-ukrainiens : et si Trump et Poutine avaient dealé « tant pis pour l’Iran et tant pis pour l’Ukraine » ? L’affaire ayant en outre cet avantage pour les Etats-Unis qu’elle est, pour l’instant, sous-traitée à Israël en s’en lavant vraisemblablement les mains.

La Russie peut ainsi poursuivre sa propre fuite en avant de puissance impérialiste pauvre et blessée, où la dictature tient par la guerre et a besoin de la guerre. Continuer donc en Ukraine, où, s’il y avait eu un « cessez-le-feu » à la manière de Trump, attaquer en Baltique. Voir continuer en Ukraine et tester la non-réaction de l’OTAN en Baltique, ou aux franges de la Roumanie ?

Une première chose est sûre : les hurlements des « pacifistes » à la Douguine ou à la Tulsie Gabbart sont déterminés par le projet de guerre contre l’Europe de l’Axe Trump/Poutine.

Une seconde chose est sûre : ce qui peut éloigner le danger, c’est l’insurrection démocratique aux Etats-Unis.

Une troisième chose est sûre dont les milieux politiques de gauche feraient bien de prendre enfin conscience : les questions militaires arrivent de tous les côtés. Armer l’Ukraine. Casser par la force s’il le faut le blocus de Gaza. Renverser les régimes pourris du Proche-Orient à la manière syrienne. Organisateur de l’autodéfense aussi bien contre ICE (la police anti-migrants aux Etats-Unis) que contre tous les nervis trumpistes.

Sous des formes diverses mais avec une profonde unité sur le fond, la seule voie de la paix est celle de la révolution, la révolution démocratique prolétarienne pour sauver le monde vivant, et elle passe par la force, notre force.

Ce champ est nécessaire.

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