Nous n’oublions pas Alexandre Iarashuk.

Le dirigeant historique du syndicalisme indépendant bélarusse est toujours en prison. Le combat se poursuit pour le sauver, car sa santé est menacée. Il vient d’obtenir le Prix international Arthur Svensson pour les droits syndicaux. Arthur Svensson fut un ouvrier norvégien, devenu dirigeant syndicaliste dans la Chimie et l’Energie puis responsable syndical international.

Aplutsoc est intervenu à plusieurs reprises pour sauver A. Iarashuk et le syndicalisme indépendant, acquis des grèves des années 1989-1993, comme la KVPU en Ukraine et la KTR en Russie.

Voici la traduction du texte d’attribution de son prix :

Le Prix international Arthur Svensson pour les droits syndicaux 2025 est accordé à Aliaksandr Yarashuk, qui a sacrifié sa liberté personnelle pour défendre le droit de s’organiser, d’agir collectivement et de mener des activités syndicales. Yarashuk est président du Congrès biélorusse des syndicats démocratiques (BKDP), vice-président de la Confédération syndicale internationale (CSI) et membre du Conseil d’administration de l’Organisation internationale du Travail (OIT). Il est emprisonné depuis 2022 pour sa défense acharnée des droits fondamentaux des travailleurs, des droits humains et de la démocratie.

La Biélorussie est considérée comme le pire pays d’Europe pour les travailleurs. Après l’élection présidentielle de 2020, manifestation frauduleuse, la situation s’est détériorée. La liberté d’expression et la liberté d’association sont inexistantes. Le mouvement syndical indépendant a été interdit, et les travailleurs qui s’opposent au régime sont victimes de licenciements, de harcèlement, de violences policières, de détentions arbitraires, de torture et de « disparitions ». Ces mesures s’inscrivent dans le plan du régime visant à supprimer le mouvement syndical indépendant.

Afin de défendre l’indépendance des syndicats en Biélorussie, Yarashuk et ses collègues ont déposé une plainte auprès du Comité de la liberté syndicale de l’OIT en 2002. Le gouvernement biélorusse n’a pas progressé dans la mise en œuvre des conventions et n’a pas répondu aux recommandations de la commission d’enquête de l’OIT. Le syndicat indépendant a plaidé que l’OIT devait invoquer l’article 33 de sa Constitution, et en 2023, il a obtenu gain de cause. Pour la deuxième fois de son histoire, l’OIT a adopté une résolution au titre de l’article 33, qui autorise les États membres à imposer de lourdes sanctions contre le régime biélorusse.

Au printemps 2022, Yarashuk a publiquement protesté contre la participation de la Biélorussie à l’invasion russe de l’Ukraine. Suite à cette déclaration, le bureau du syndicat et son domicile ont été perquisitionnés et son matériel électronique confisqué. Yarashuk a été arrêté et placé en détention provisoire, accusé d’« actions de groupe portant gravement atteinte à l’ordre public ». En novembre 2022, de nouvelles accusations ont été portées contre Yarashuk pour ses appels à des sanctions contre la Biélorussie, et il a été condamné à quatre ans de prison pour « menaces à la sécurité nationale ». Le 21 avril 2023, le ministère biélorusse de l’Intérieur a ajouté les prisonniers politiques à la « liste des extrémistes ».

En 2021, le syndicat indépendant biélorusse, représenté par le BKDP et ses syndicats affiliés, a reçu le « Prix international Arthur Svensson pour les droits syndicaux » pour sa lutte courageuse pour la démocratie et les droits syndicaux fondamentaux. En 2022, le mouvement syndical indépendant a été interdit et de nombreux syndicalistes, comme Yarashuk et ses collègues, ont été emprisonnés ou ont dû fuir le pays.

Le gouvernement biélorusse a intensifié la répression contre les syndicats indépendants et leurs membres, mais Yarashuk refuse de se laisser intimider et réduire au silence. Il refuse de céder, même si sa vie est en jeu. Le régime le punit pour son courage et souhaite l’empêcher de participer à l’OIT et à d’autres instances où il pourrait revendiquer les droits fondamentaux.

Le comité souhaite honorer la résolution de Yarashuk et son combat de longue date pour les droits syndicaux en lui décernant le « Prix international Arthur Svensson pour les droits syndicaux » 2025