
Guerre d’Ukraine. Poutine, vu que ça marche dans certaines gauches à l’Ouest, aimerait nous prendre pour des décérébré.e.s !
Poutine a fait, hier, un rappel, et il s’agit bien d’un rappel de propos réitérés à maintes reprises, par lui comme par ses comparses en criminalité néofasciste : l’Ukraine appartient à la Russie (1). Plus clair que cela, tu meurs. Pourtant, tout comme son alter ego américain en néofascisme international (et national), le dictateur russe dit tout et son contraire, entre autres sur les raisons de son bellicisme en nous bassinant sur l’idée que cette guerre est une guerre préventive face à la menace que ferait peser l’OTAN sur son pays. Affirmation au demeurant totalement loufoque, l’OTAN comme les Etats-Unis, n’ayant jamais eu l’intention de se charger du fardeau d’une guerre en Europe (comme on avait vu cela en Syrie au grand bénéfice de la Russie !) qui les « distrairait » de leur axe stratégique du renforcement militaire en Indo-Pacifique avec, dans leur viseur, la Chine et sa volonté de mettre la main sur Taïwan.
Hormis cette loufoquerie, il reste qu’affirmer en même temps qu’on fait la guerre à l’Ukraine pour se protéger, en créant une zone tampon, face au déploiement des bases de l’OTAN dans l’est européen et affirmer que l’Ukraine appartient de toute éternité à la Russie et qu’il faut donc la récupérer comme un bien qui lui a été aliéné, rajoute une seconde loufoquerie, dit plus sobrement, relève d’une faille argumentative de taille.
En effet, si l’argument est que l’Ukraine est, au fond, russe et que la guerre est le moyen de lui faire retrouver son…âme russe, en quoi cette réintégration au pays serait-elle, « en même temps », un moyen de se mettre à l’abri de la menace occidentale ? En effet, celle-ci serait toujours là pour un territoire russe juste élargi à l’Ukraine. Notre dictateur et sa bande qui, pour justifier la guerre, jouent sur les deux tableaux argumentatifs (non à l’OTAN, oui à une Ukraine russe), sans voir qu’ils se neutralisent, seraient-ils en train de renouer avec les sénilités politiques des derniers dirigeants de l’exURSS, vraie menace, elle-là, qui s’est concrétisée le 25 décembre 1991, mais essentiellement de l’intérieur ? Peut-être pas.
Sans écarter totalement cette dernière hypothèse, je crois qu’une autre est la plus plausible : celle que cette incohérence argumentative, relève d’un lapsus politique qui dévoile, derrière la proclamation lénifiante, la main sur le coeur, de la russité intrinsèque de l’Ukraine, que celle-ci ne peut espérer autre chose d’une éventuelle intégration dans la Russie que le statut, bien peu alléchant, d’être un tampon, un espace prétendant mettre à distance l’Occident. Une Ukraine russe ne participerait alors que d’une vision étroitement instrumentale la sacrifiant à servir d’espace bunkérisant, sous régime ultra militarisé, policiarisé à outrance, la Russie en cent fois pire
La meilleure preuve que le mystico-lyrisme de la russité de l’Ukraine est du baratin de bas étage, comme l’est l’idée que l’Occident serait une menace pour la Russie, est donnée par cette guerre de destruction massive menée par la Russie en Ukraine : il n’y a que les petits esprits du poutinisme et de leurs ramifications occidentales, pour ne pas voir le caractère grossier de ce qui n’est que pure propagande belliciste. L’insulte à l’intelligence que constitue l’acceptation que la Russie massacre les siens parce qu’elle les reconnaît comme siens, doit pousser à faire le constat que le lapsus sur l’Ukraine bien aimée entité russe renvoie à ce qui serait réservé aux Ukrainien.ne.s : une logique de domination, de nettoyage ethnique et de purification politique (ah oui, il y a tant d’ukronazi.e.s), à l’oeuvre dans les territoires occupés, qui amènerait, si la Russie gagnait cette guerre, à instituer en Ukraine une russité néofasciste, impérialiste, totalitaire. Génocidaire … Première étape d’une dynamique expansionniste qui n’est pas près de s’arrêter à l’Ukraine (2).
Tout ça, russité de l’Ukraine, pour ça ! Il faut se rendre à l’évidence, Poutine est, en plus du reste que sont les horreurs commises par lui, une menace pour l’intelligence qui fait penser au personnage franquiste que fut le fondateur de la Légion espagnole, José Millán-Astray, l’impérissable auteur de ce double cri lancé, en pleine guerre civile espagnole, à la figure du célèbre philosophe Miguel de Unamuno : Vive la mort, mort à l’intelligence ! La quintessence de ce qu’est Poutine ! Franquisme-poutinisme, les voies de l’histoire sont tout, sauf impénétrables…
¡No pasará !
(1) « Vladimir Poutine a déclaré, au forum économique de Saint-Pétersbourg, vendredi, que Russes et Ukrainiens formaient un seul et même peuple et que, « en ce sens, l’ensemble de l’Ukraine nous appartient ». » (Midi Libre de ce jour)
(2) Autre déclaration du même : »Ce que foule le pied d’un soldat russe nous appartient. » (ib.)

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