Sommet de l’OTAN et mobilisation internationaliste

Hana Gauer nous donne une lecture de ce qu’a donné le récent sommet de l’OTAN qui évite les divers impressionnismes médiatiques qui nous arrivent. Ce sommet est un impressionnant sommet de faux semblants qui déroutent les schémas diplomatiques et politiques consacrés, trumpisme et chaos induit obligent. Mais ils sont paradoxalement significatifs d’effets géopolitiques qui, sur le sujet de l’aide à l’Ukraine et de la défense européenne à construire face aux menaces russes, sauvent l’essentiel : l’aide militaire à l’Ukraine en désamorçant les blocages des prorusses Hongrois et Slovaques et en réduisant, sans garantie de retours de flammes cependant, les risques de blocages des Américains, voire des Italiens. Point négatif, on ne peut pas tout avoir, l’Ukraine est reléguée à un strapontin politique : on l’aide mais on ne fait plus jouer les orgues. Un indice de tout cela, les réactions de mécontentement de Moscou qui pensait que les divisions l’emporteraient dans l’OTAN, divisions qui sont son atout maître pour espérer avancer un pion militaire en Lituanie ou en Finlande, tout en massacrant l’Ukraine, sans risquer de se brûler les ailes expansionnistes.
Rien de tout ce qui s’est conclu à La Haye n’est sûr, n’est acquis définitivement, ni exempt de retournements et, précisément, de retour des divisions à faire retrouver le sourire aux Russes, mais, si l’on se place du point de vue du soutien à la résistance ukrainienne, la perte de substance politique du soutien otanesque et, particulièrement, européen, en sa faveur apparaît comme la condition pour que soit maintenu (à vérifier tout de même la traduction concrète en termes de fournitures d’armements) le soutien militaire. En l’état des choses, on ne pouvait espérer mieux.
Tout cela étant posé, il reste à voir du côté des gauches comment la nécessité du soutien militaire acquis là où il peut être acquis, il n’y a pas d’alternative, si elles se laissent aller dans la direction que proposent des partis comme Podemos en Espagne ou le PTB belge, le sous-armement ou même le désarmement de l’Ukraine, sous l’enseigne du nécessaire refus de la guerre, ce qui, en nécessité évidente, est favorable à Poutine, ou si l’on défend que le soutien internationaliste à l’Ukraine résistante et à l’autodéfense européenne repose sur la capacité à se donner les moyens d’être militairement, et donc politiquement, dissuasives face à la Russie. Et, à cette fin, c’est toute une campagne, strictement calée à gauche, qui est de mise pour que les financements induits par un tel positionnement politico-militaire, internationaliste, indépendant des Etats européens et de l’OTAN, soient assumés par des politiques de taxation des plus riches. De toute évidence, Podemos, PTB, et toute une série d’organisations de gauche, en claire rupture d’internationalisme en basculant vers le pacifisme le plus primaire, renoncent à mener une telle campagne autour de slogans comme « tout soutien militaire et non militaire à l’Ukraine », Ukraine poste avancé de l’autodéfense européenne face à l’expansionnisme russe », « armement européen à hauteur des besoins d’autodéfense des peuples européens », « aucun financement des dépenses de défense sur le dos des budgets sociaux et des services publics », « contrôle populaire sur les dépenses de défense », « nationalisation des entreprises d’armements »…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Alors ce sommet de l’OTAN ?
Good job.
L’OTAN fait semblant de céder, Trump fait semblant d’avoir gagné. Peskov fait la grimace, c’est bon signe.
Point 1:
5 % du PIB ?
On vend à Trump un paquet cadeau : 5 % de budget défense !
Mais à l’intérieur ?
– 3,5 % pour l’armement pur (OK).
– Et 1,5 % pour « autres trucs utiles à la sécurité »… On mettra ce qu’on veut dedans : cybersécurité, routes militaires, dons à l’Ukraine, câbles Internet blindés ou stocks de masques FFP2.
Bref, assez flou pour que tout le monde signe. Mais qui peut plus, fait plus.
Point 2:
L’article 5 en majuscules : un message à Moscou.
Aucun doute : l’engagement de défense collective est confirmé, martelé.
C’est ce que les Européens attendaient vraiment
Trump ne l’a pas contesté (jusqu’à son prochain tweet). Tout le monde respire. Sauf Peskov qui râle.
On a cité la Russie comme principale menace avec le terrorisme…
Point 3 : Ukraine, sa sécurité est la nôtre…
Un petit paragraphe, une chaise au dîner, mais pas à la table de Trump et pas pendant des négociations.
Le message est clair : on soutient, mais on n’embarque pas Zelensky dans le Titanic des querelles OTAN–Trump.
Mais, l’OTAN réaffirme son soutien à l’Ukraine.
La déclaration officielle rappelle que « la sécurité de l’Ukraine contribue à la sécurité de l’OTAN, et promet un soutien durable, y compris à l’industrie de défense ukrainienne. »
La trouvaille technique : l’aide à l’Ukraine compte dans les 5 % !
C’est là que tout se joue :
En incluant les dons militaires à l’Ukraine dans le calcul des dépenses de défense, on permet aux pays pro-Ukraine de continuer à l’armer, sans s’opposer frontalement aux frileux (Hongrie, Slovaquie, et dans une certaine mesure l’Italie et les États-Unis).
Traduction politique :
L’OTAN fait le pari qu’aider Kyiv sans trop en parler est plus efficace diplomatiquement qu’en faire un drapeau.
C’est un soutien stratégique, mais dépolitisé.
On a adapté l’emballage comme un « investissement de sécurité collective » et on garde Trump et les canards boiteux dans la pièce.
L’OTAN fait semblant de céder, Trump fait semblant d’avoir gagné.
Résultat : tout le monde repart content. Ou presque. Pas de drame.
Le sommet aura permis d’acheter du temps, d’adoucir Trump, de remettre Poutine face à l’article 5 — tout en glissant l’Ukraine sous la moquette.
Déclaration officielle en 5 points :
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