
Ce paquet de sanctions, le 18e depuis l’invasion russe de l’Ukraine en 2022, est « l’un des plus sévères contre la Russie à ce jour », a assuré la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas.
SANCTIONS – Encore un cran pour tenter de faire plier la Russie. L’UE a renforcé vendredi ses sanctions contre Moscou avec l’espoir d’être bientôt rejointe par les États-Unis, si Vladimir Poutine devait persister dans sa guerre contre l’Ukraine.
Ce paquet de sanctions, le 18e depuis l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, est « l’un des plus sévères contre la Russie à ce jour », a assuré la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas. Le gouvernement britannique a annoncé quelques heures plus tard que le Royaume-Uni se joignait à ces nouvelles sanctions.
« Cette décision est essentielle et arrive au bon moment », a réagi le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur le réseau social X. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot s’est félicité de sanctions « sans précédent » tandis que le chancelier allemand Friedrich Merz a assuré qu’elles « maintiennent la pression sur la Russie ».
S’attaquer au pétrole russe
Celles-ci ciblent la manne pétrolière russe. Elles prévoient entre autres un abaissement du plafond du prix du pétrole brut russe exporté, désormais fixé à un peu plus de 45 dollars le baril, soit 15 % de moins que le prix moyen du baril russe sur le marché.
Le mécanisme interdit à toute compagnie pétrolière, flotte marchande, etc, de vendre du pétrole russe au-dessus d’un certain prix, sous peine de sanctions.
L’UE a interdit toute importation de pétrole russe sur son territoire, mais Moscou continue à exporter son brut vers d’autres pays, dont l’Inde ou la Chine.
« Les exportations de pétrole représentent toujours un tiers des revenus de la Russie. Nous devons réduire cette source de revenus », avait souligné en juin la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
« Maintenir la pression »
Pour réduire cette manne, essentielle à la Russie pour financer sa guerre contre l’Ukraine, le G7 a décidé fin 2022 de fixer un prix de vente maximum, à 60 dollars le baril. Mais ce prix est désormais jugé trop élevé, compte tenu de la valeur actuelle du pétrole sur le marché, plutôt orientée à la baisse.
Et si cette baisse du pétrole devait se confirmer, le nouveau mécanisme permet de suivre la tendance, en restant toujours 15% sous le prix moyen, un système jugé plus souple et efficace que le précédent.
Selon Kaja Kallas, le seuil de 60 dollars a permis de réduire de 30% les revenus pétroliers russes, essentiels au financement du conflit. L’UE « maintiendra la pression jusqu’à ce que la Russie arrête sa guerre », a assuré Kaja Kallas.
Sanctions massives et suivies par plusieurs pays
Il est d’autant plus efficace qu’appliqué par tous les pays du G7, ce qui cette fois ne sera pas le cas, les États-Unis n’ayant pour l’instant pas décidé de nouveau seuil. D’autres pays du G7 ont néanmoins l’intention de se rallier au mécanisme européen, dont le Japon ou le Canada, selon des diplomates.
Les Européens, dont la France, avaient promis il y a plusieurs semaines des sanctions « massives » si le président russe continuait à refuser tout cessez-le-feu, avec l’espoir que les États-Unis les suivraient.
L’opération a été rendue plus compliquée par un veto de la Slovaquie, côté européen, et par les réticences de Donald Trump côté américain. Bratislava a finalement accepté de lever son veto et l’Union européenne espère désormais que les États-Unis la rejoignent dans les prochaines semaines, à l’expiration du délai fixé par le président américain. Donald Trump a donné lundi 50 jours à Moscou pour faire la paix, sous peine de lourdes sanctions visant ses alliés.
Flotte « fantôme » russe pour contourner les sanctions
Le Kremlin a affirmé vendredi qu’il ferait en sorte de « minimiser » les conséquences des sanctions, promettant que celles-ci auraient des « effets négatifs » pour les pays qui les ont imposées.
« Il faudra bien sûr analyser le nouveau paquet (de sanctions, NDLR) afin d’en minimiser les conséquences », a réagi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien auquel participait l’AFP. « Mais, en plus de cela, chaque nouveau paquet ajoute un effet négatif pour les pays qui s’y joignent », a-t-il ajouté.
La Russie a cherché très vite à contourner ces sanctions à l’aide d’une flotte « fantôme » de pétroliers, dont le nombre est évalué à plus de 500, et que l’UE a déjà prise pour cible. Dans le cadre de ce 18e train de sanctions, les 27 ont ajouté 105 pétroliers « fantômes » à leur liste noire de navires comptant actuellement 342 noms, a assuré Kaja Kallas sur X.
L’UE a également ajouté 22 entités, dont 11 non russes, ciblant des sociétés exploitant des navires « fantômes » ou aidant les Russes à contourner les sanctions. « Pour la première fois », l’UE a ciblé une raffinerie de pétrole appartenant au groupe russe Rosneft en Inde, s’est félicitée Kaja Kallas.
Les Européens ont également renforcé leurs sanctions financières en ajoutant 22 banques à celles qui sont interdites d’accès au système international de paiements, le Swift.
L’UE a également adopté de nouvelles sanctions contre le gazoduc Nord Stream, à l’arrêt actuellement, pour être certaine qu’il ne puisse pas être réactivé.
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