
La circulation est totalement paralysée à Belgrade depuis 5 jours par des barrages/barricades itinérantes dont le nombre a encore augmenté hier passant de 70 à 73 malgré la répression et les arrestations qui se multiplient, 79 hier soir (mais un certain nombre ont été libérés) tandis que le nombre global de blocages sur l’ensemble du pays se maintenait malgré la répression autour de 200 (on peut multiplier par dix si on veut avoir un équivalent en rapport à la population en France, donc environ 730 barricades/blocages à Paris)) et les transports publics ont été complètement bloqués hier soir dans la capitale.
Il est impossible de planifier un déplacement ni quoi que ce soit à Belgrade depuis des jours, car partout où l’on va, des barricades sont érigées par des citoyens rebelles.
La méthode de blocages itinérants, s’en allant quand la police arrive, pour rebloquer un peu plus loin, est pacifique et innovante, ressemblant à ce qu’ont fait un temps les Gilets jaunes, et elle rend fous les policiers, totalement impuissants avec des policiers casqués et équipés qui sont non seulement épuisés, mais aussi humiliés par ce jeu du chat et de la souris avec les citoyens.
Ainsi, hier soir, à Novi Sad (2e ville avec 7 blocages massifs aux principaux carrefours paralysant la ville, la police), la police dans la nuit a appelé les manifestants à se disperser parce que, eux sont fatigués. Il faut dire que la mobilisation dure depuis 8 mois à Novi Sad où elle a commencé.
Il n’y a rien de plus dangereux pour un régime autoritaire que lorsque les citoyens n’en ont plus peur et que les autocrates sont ridiculisés.
En même temps, dans leur objectif de paralyser tout le pays, les étudiants ont demandé aux parlementaires de l’opposition d’arrêter de participer aux activités du Parlement, ce qu’a fait une grande partie de l’opposition/ Ils ont également demandé aux directions syndicales (proches du pouvoir) d’appeler à la grève faute de quoi ils appelleraient les ouvriers à quitter les syndicats existants et de créer leurs propres organisations. Pour le moment, on ne connait pas leur réponse, à moins que l’arrête de transports hier soir à Belgrade en soit une.
Le pouvoir vacille, incapable de ramener l’ordre. Bien sûr, il peut faire comme Pinochet, donner l’ordre de tirer, c’est toujours possible, tellement il est aux abois. Mais en ce cas, il risquerait l’insurrection. Il préférera peut-être plutôt que de tout perdre sur un coup de dés, de céder à la revendication des étudiants, des élections maintenant, mais en les faisant tarder, en espérant que le mouvement déclinera, qu’il pourra le diviser avec l’aide de l’opposition officielle, en se disant enfin qu’il pourra toujours tricher au maximum comme il vient de la faire dans les deux élections locales où il a fini par gagner tellement il a truqué le scrutin.
On verra…
En attendant, il faut faire connaître largement ce mouvement ici, pour prendre exemple, en tirer des leçons, parce qu’en France, il n’y a toujours pas un mot des médias sur ces évènements très importants pour toute l’Europe, mais pas un mot non plus de la gauche ou l’extrême-gauche, alors que par exemple en Allemagne, la presse suit la situation de plus près.
Photos : Mobilisation à Novi Sad ; face à face étudiants-citoyens/policiers devant la faculté de génie mécanique à Belgrade ; blocage au carrefour central de Belgrade Autokommanda ; un blocage se met en place dans le quartier de Zemun à Belgra
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