Pour vous donner quelques nouvelles d’Emmaüs Roya : le 09/03/24, nous avions été victimes d’une interpellation brutale de la part des sentinelles dans la vallée de la Roya, avec les compagnons et un enfant au bord du véhicule. Suite à cet épisode, grâce à la médiatisation et aux recours juridiques, les Sentinelle s’étaient fait plus discrets et nous nous pensions plus tranquilles.
Hier, le 07/08/25, nous avons de nouveau vécu une interpellation par les sentinelles. Les gendarmes locaux sont intervenus et les sentinelles sont partis.
Nous voulons rappeler ici que les sentinelles sont des militaires, et qu’ils n’ont pas le droit de procéder à des contrôles d’identité (sans la présence d’un OPJ, un officier de police judiciaire).
Leur mission est l’observation, la surveillance dans le cadre de la lutte anti-terroriste : or, des personnes en train de porter des plaques d’oeufs frais de poule ne semble pas constituer une menace grave à l’ordre public. Le chef des militaires a lui-même affirmé qu’ils avaient procédé au contrôle car les personnes étaient noires, mais que c’était « les ordres ».
En 2022 déjà l’Etat Major des armées déplorait que «la vocation initiale de Sentinelle de lutte contre le terrorisme militarisé [ait été] dévoyée», dans la mesure où «les actions conduites dans le domaine de la lutte contre l’immigration clandestine sont prégnantes, alors que les armées n’ont pas pour mission de contribuer à cette politique».
(source Observations définitives sur l’opération Sentinelle de la Cour des Comptes publié en juin 2022.)
Mais nous voulons rappeler que se faire immobilisés par des militaires armés de fusils pendant plus de 30mn n’a rien de normal. Cela n’a rien de normal et cela laisse des séquelles.
Après une interpellation de ce type, c’est l’angoisse qui revient, la crainte de l’avenir, la perte de confiance en soi, l’appréhension.
Malheureusement, les compagnons, comme toute personne racisée en France, ont l’habitude de se faire arrêter, contrôler, etc, et ils s’en remettront. Car ils ont l’habitude, car ils ont vécu pire.
Bref, tous les compagnons vont bien et la vie continue.
Malgré ce contexte local difficile, et le contexte national déprimant, à Emmaüs Roya, nous continuerons de prôner le vivre-ensemble, de semer des graines et de récolter des légumes, de défendre les plus exclus, de restaurer les personnes dans tous les sens du terme, de croire à une société juste et solidaire, et surtout nous continuerons de le dire haut et fort
Merci à tous pour votre soutien, et surtout ne lâchons rien !
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