ALASKA : UN SOMMET POUR RIEN ?

ALASKA : UN SOMMET POUR RIEN ?
A en croire une partie des commentateurs, Poutine sortirait gagnant de cette rencontre dans la mesure où il a été reçu en grandes pompes par Trump. Et c’est à qui s’indignera le plus de ce traitement, de ces sourires et poignées de main. En oubliant un peu vite, d’une part que l’impérialisme étatsunien n’a jamais été plus « moral » que son concurrent russe ; d’autre part que les présidents français de droite et de gauche ont reçu avec des honneurs équivalents des personnages peu connus pour leur humanisme et leur sens moral, tels le roi d’Arabie saoudite ou le dictateur syrien Assad.
D’une manière générale, il semble que ces commentateurs n’aient pas grand chose à se mettre sous le clavier, comme le montre le caractère particulièrement creux des articles et éditos du Monde.
Visiblement, à l’image de ceux qu’ils servent, les médias européens sont soulagés qu’aucun accord n’ait été passé… ou divulgué. Ce qui leur permet d’entretenir l’espoir que l’impérialisme tricolore pourra encore jouer un petit rôle dans la curée finale sur les richesses de l’Ukraine. Zelensky lui aussi est soulagé : la guerre va se poursuivre et la manne européenne qui conditionne sa survie continuer provisoirement à pleuvoir.
Jusqu’à quand ? Car qui peut croire que l’Ukraine a encore des chances de gagner une guerre qu’elle n’a pas réussi à emporter avec les dollars, les F 16 et les Abraham nord-américains ? Malgré leurs rodomontades, Macron et cie n’ont pas les moyens d’emporter la victoire. Ceux qui réclament toujours plus de « pressions » sur Moscou et d’armes pour Zelensky au nom du soutien à « la résistance du peuple ukrainien » (qui lui commence à en avoir marre et à se révolter contre les gros bras des bureaux de recrutement) vont-ils finir par le le comprendre ? Ils seront peut-être les derniers…
Si aucune des deux armées ne s’effondre, et si les soldats et les travailleurs russes et ukrainiens ne mettent pas fin eux-mêmes au conflit, l’issue la plus vraisemblable sera un découpage qui suivra la ligne de front, à quelques kilomètres carrés près, à la manière de la ligne de démarcation qui sépare la Corée du Nord de celle du Sud. Sans signer de traité de paix ni céder officiellement de territoire pour sauver la face.
Trump, dont les politiciens et leurs médias guettent chaque geste et chaque mot comme les chefs grecs observaient ceux de la Pythie, nous réserve-t-il encore des surprises ? On ignore ce qu’il va raconter à Zelensky, mais il est douteux qu’il l’encourage à l’intransigeance en lui promettant de booster une guerre qu’il a désormais déléguée aux Etats européens. Son crédo semble bien être « J’ai déjà donné. A votre tour de passer à la caisse. »
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