Pourquoi les BRICS ne dénoncent pas le génocide en cours à Gaza

PM in a family photograph with Members, Partners and Outreach invitees on the sidelines of 17th BRICS Summit at Rio de Janeiro, in Brazil on July 07, 2025.

Série Questions/Réponses sur les BRICS 2025 (Partie 1)

Pourquoi les BRICS ne dénoncent pas le génocide en cours à Gaza

7 août par Eric Toussaint

Source : This file or its source was published by Press Information Bureau on behalf of Prime Minister’s Office, Government of India, CC, Wikimedia Commons, https://commons.wikimedia.org/wiki/File:2025_BRICS_Summit_Family_Picture.jpg

Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et l’Afrique du Sud) qui ont admis en leur sein 5 États de plus (Égypte, Émirats Arabes Unis, Éthiopie, Indonésie et Iran) se sont réunis à Rio de Janeiro les 6 et 7 juillet 2025. L’Arabie Saoudite était présente mais n’a pas officiellement adhéré en tant que pays membre. Une petite vingtaine d’autres États considérés comme partenaires étaient également représentés.

Alors que le président des États-Unis multiplie les actions unilatérales tant au niveau militaire qu’au niveau commercial, les BRICS défendent le multilatéralisme et le système des Nations Unies qui sont en pleine crise. Ils défendent également le mode de production capitaliste, productiviste-extractiviste qui exploite le travail humain et détruit la nature.

Les BRICS représentent la moitié de la population mondiale, 40% des ressources fossiles d’énergie, 30% du produit intérieur mondial et 50% de la croissance. S’ils voulaient mettre en œuvre un modèle de développement différent, ils auraient à leur disposition d’importants moyens pour le faire mais ce n’est pas dans leur intention et cela ne fait pas partie de leur pratique.

Il est nécessaire d’exprimer un point de vue clairement critique à l’égard des BRICS. Cette posture n’empêche en rien de dénoncer, d’abord et avec la plus grande fermeté, le gouvernement des États-Unis, ainsi que ses alliés européens et indo-pacifiques (Japon, Australie, etc.), pour leur politique impérialiste. Cette politique s’exprime de manière flagrante par leur soutien à l’État d’Israël, responsable du génocide en cours à Gaza et des agressions militaires contre les pays voisins. Israël est le bras armé des États-Unis dans la région. Sans le soutien indéfectible de Washington et la complicité de l’Europe occidentale, le gouvernement néo-fasciste israélien ne pourrait pas poursuivre le génocide. De leur côté, les BRICS ne prennent aucune mesure concrète, en tant que groupe de pays, pour effectivement empêcher la poursuite des massacres et du génocide.

Dans cette série de questions/réponses, Éric Toussaint analyse la déclaration finale du sommet des BRICS rendue publique le 6 juillet 2025 ainsi que la politique pratique des BRICS et des institutions qu’ils ont mises en place.

Cette première partie de la série aborde la politique internationale des BRICS concernant leurs relations avec Israël et le génocide dont se rend coupable le gouvernement israélien.

Ensuite, dans les autres parties de la série, l’auteur abordera la position des BRICS par rapport à d’autres questions internationales : les attaques des Etats-Unis et d’Israël contre l’Iran, les Houthis, l’invasion de l’Ukraine, l’OTAN,…. Il abordera également la position des BRICS sur des sujets comme le système financier international, le dollar, la Nouvelle banque de développement, le G20, la crise écologique,…

Sommaire

 Est-il vrai que les BRICS ne dénoncent pas le génocide en cours à Gaza ?

Dans la déclaration finale du sommet des BRICS publiée le 6 juillet 2025, les BRICS ne parlent pas de génocide pour décrire ce qui est en cours à Gaza

Oui. Dans la déclaration finale du sommet des BRICS publiée le 6 juillet 2025, les BRICS ne parlent pas de génocide pour décrire ce qui est en cours à Gaza. Les BRICS critiquent l’utilisation de la force par Israël dans les points 24 à 27 de leur déclaration mais ils n’utilisent nulle part le terme « génocide » ou « nettoyage ethnique » ou « massacre ». Ce qui est frappant également, c’est que la partie de la déclaration du 7 juillet 2025 qui concerne Gaza est quasiment identique à ce qui se trouve dans la déclaration finale du précédent sommet des BRICS tenue en Russie à Kazan en octobre 2024 (point 30 de la déclaration finale, voir la version en anglais sur le site officiel russe : http://static.kremlin.ru/media/events/files/en/RosOySvLzGaJtmx2wYFv0lN4NSPZploG.pdf ). Comme si les preuves, qui s’accumulent chaque jour, concernant le génocide ne justifiaient pas d’employer clairement ce terme.

 Est-il vrai que les BRICS ne proposent pas des sanctions contre Israël ?

Oui c’est vrai : dans leur déclaration finale les BRICS ne proposent pas de sanction contre Israël. Ils ne proposent pas de rompre les différents accords qui les lient à l’État d’Israël. Pourtant le génocide en cours et les massacres de Gazaouis à la recherche de nourriture justifient et exigent des actions allant au-delà des protestations de la part des BRICS et d’autres États. Les protestations des dirigeants des BRICS étaient totalement insuffisantes en octobre 2024 lors de leur sommet à Kazan et le sont encore plus en 2025. Il faut des actes concrets et forts que seuls des gouvernements et des organismes multilatéraux peuvent prendre. Bien sûr les mobilisations de rue, les occupations de places ou d’université, les initiatives juridiques des organisations citoyennes sont fondamentales mais elle ne remplacent pas les actions des États et des institutions internationales.

Pour une mise en contexte du génocide en cours à Gaza et les responsabilités des puissances occidentales, lire : Gilbert Achcar, « Gaza ou la faillite de l’Occident », Le Monde diplomatique, juin 2025, https://www.monde-diplomatique.fr/2025/06/ACHCAR/68472 Lire également de Gilbert Achcar, Gaza, génocide annoncé – Un tournant dans l’histoire mondiale, La Dispute, Paris, 2025, https://ladispute.fr/catalogue/gaza-un-genocide-annonce-un-tournant-dans-lhistoire-mondiale/

 Les BRICS prennent-ils des mesures concrètes contre le gouvernement israélien ?

L’Afrique du Sud a pris l’initiative d’une plainte contre Israël devant la Cour internationale de Justice de La Haye mais elle a une pratique commerciale en contradiction avec cette action juridique

Les BRICS ne prennent aucune mesure concrète contre le gouvernement israélien, aucun boycott, aucun embargo. Certes, l’Afrique du Sud a pris l’initiative d’une plainte contre Israël devant la Cour internationale de Justice de La Haye, ce qui est positif, mais elle a une pratique en contradiction avec cette action juridique. En effet, l’Afrique du Sud maintient des relations commerciales avec Israël notamment en permettant à des sociétés sud-africaines d’exporter régulièrement par bateau des cargaisons de charbon vers Israël.

 Les BRICS maintiennent-ils des relations commerciales avec Israël ?

À part l’Iran, les pays membres des BRICS maintiennent les relations commerciales avec Israël. En plus de l’Afrique du Sud, La Russie, le Brésil, les Émirats Arabes Unis, l’Égypte et la Chine poursuivent la vente de combustibles (pétrole, gaz, charbon,…) à Israël. C’est une aide importante envers le gouvernement israélien qui a besoin de diversifier ses sources d’approvisionnement en matière énergétique pour poursuivre son effort de guerre et son fonctionnement normal, pour éviter que le mécontentement de la population israélienne n’augmente dans des proportions incontrôlables.

Pour en savoir plus sur la poursuite des relations commerciales entre les BRICS et Israël pendant le génocide, lire en anglais ou en espagnol : Patrick Bond, ‘The Blessing’ for genocide, publié le 1 octobre 2024, La “bendición” para el genocidio

Nous allons passer en revue de manière sommaire les relations entretenues par les pays membres des BRICS avec Israël.

 Quelle est la place de la Chine dans les relations commerciales d’Israël ?

La Chine est le principal fournisseur commercial d’Israël

La Chine est le principal fournisseur commercial d’Israël. La Chine réalise d’importants investissements en Israël. La Chine a exporté vers Israël pour une valeur de 13 milliards de dollars en 2022, de 16 milliards en 2023 et pour 19 milliards de dollars en 2024. La croissance se poursuit en 2025. Le volume pourrait dépasser largement les 20 milliards de dollars si aucune mesure de limitation ou de boycott n’intervient. Les montants indiqués proviennent notamment de https://tradingeconomics.com/israel/imports/china, et de l’agence Chine nouvelle Xinhua https://english.news.cn/20240122/5ad497aefbcd43f0851ff597b64fab5a/c.html On peut lire de source chinoise que pour Israël, en 2023, la Chine était est la plus importante source d’importations et ce pour la quatrième année consécutive. Les Etats-Unis viennent en deuxième position. En 2024, cette position dominante de la Chine s’est confirmée https://eng.yidaiyilu.gov.cn/p/0TBMCK92.html.

Parmi les marchandises échangées entre Israël et la Chine, les produits high-tech sont dominants : des équipements électriques/électroniques (imports et exports), machines industrielles, produits optiques et médicaux figurent parmi les catégories majeures échangées.

Le déficit commercial d’Israël avec la Chine est très important. Israël importe beaucoup plus de la Chine qu’il n’exporte vers la Chine. Le déficit commercial israélien avec la Chine a augmenté fortement ces dernières années. Il a dépassé 10 milliards de dollars en 2024.

Précisons que si on prend les pays de l’UE en bloc, c’est l’UE qui est le principal fournisseur d’Israël avec un montant d’environ 26 milliards de dollars exportés vers Israël en 2024 En réalité, chaque pays de l’UE fournit Israël séparément et parmi eux c’est l’Allemagne avec environ 6 milliards de dollars qui vient en tête au niveau des exportations vers Israël. C’est pour cela que la Chine peut être considérée comme le premier fournisseur (avec 19 milliards d’exportation de la Chine vers Israël en 2024) et les Etats-Unis comme le deuxième fournisseur (avec un montant d’un peu plus de 9 milliards de dollars d’exportations vers Israël en 2024).

Parmi les produits manufacturés vendus par la Chine à Israël, on trouve des drones qui à l’origine ne sont pas destinés à un usage militaire mais qui sont transformés en armes par les militaires israéliens pour tuer des civiles palestinienes. C’est ce dont témoigne une enquête réalisée par le média indépendant israélien +972 Magazine qui indique que ces drones sont produits par l’entreprise privée chinoise Autel Robotics (basée à Shenzhen) qui produit des drones EVO). Voici un extrait de ce qui est révélé :

“L’armée israélienne a militarisé une flotte de drones commerciaux fabriqués en Chine pour attaquer les Palestinienes dans certaines zones de Gaza qu’elle cherche à dépeupler, comme le révèle une enquête menée par +972 Magazine et Local Call. Selon des entretiens menés auprès de sept soldats et officiers ayant servi dans la bande de Gaza, ces drones sont pilotés manuellement par des troupes au sol et sont fréquemment utilisés pour bombarder des civiles palestiniennes, y compris des enfants, dans le but de les forcer à quitter leurs maisons ou de les empêcher de retourner dans les zones évacuées. Les soldats utilisent le plus souvent des drones EVO, produits par la société chinoise Autel, qui sont principalement destinés à la photographie et coûtent environ 10 000 NIS (environ 3 000 dollars) sur Amazon. Cependant, grâce à un accessoire militaire connu en interne sous le nom de « boule de fer », une grenade à main peut être fixée au drone et larguée d’une simple pression sur un bouton pour exploser au sol. Aujourd’hui, la majorité des compagnies militaires israéliennes à Gaza utilisent ces drones. S., un soldat israélien qui a servi dans la région de Rafah cette année, a coordonné des attaques de drones dans un quartier de la ville que l’armée avait ordonné d’évacuer. Au cours des près de 100 jours pendant lesquels son bataillon a opéré dans cette zone, les soldats ont mené des dizaines de frappes de drones, selon les rapports quotidiens de son commandant de bataillon examinés par +972 et Local Call. Dans ces rapports, tous les Palestiniens tués étaient répertoriés comme des « terroristes ». Cependant, S. a témoigné qu’à l’exception d’une personne trouvée en possession d’un couteau et d’une seule rencontre avec des combattants armés, les dizaines d’autres personnes tuées – en moyenne une par jour dans la zone de combat de son bataillon – n’étaient pas armées. Selon lui, les frappes de drones ont été menées dans l’intention de tuer, alors que la majorité des victimes se trouvaient à une telle distance des soldats qu’elles ne pouvaient constituer aucune menace. [1] » Lire : +972 Magazine, “‘Like a video game’ : Israel enforcing Gaza evacuations with grenade-firing drones”, 10 juillet 2025, https://www.972mag.com/drones-grenades-gaza-chinese-autel/

Dans un article publié Euro-Med Monitor, une ONG indépendante basée à Genève (Suisse), en février 2024, dénonçait déjà l’utilisation par les militaires israéliens des drones produits par AUTEL Robotics https://euromedmonitor.org/en/article/6166/Gaza:-Israel-systematically-uses-quadcopters-to-kill-Palestinians-from-a-close-distance Cette ONG qui se consacre à la documentation des violations des droits de l’homme dans la région Moyen-Orient, Afrique du Nord (MENA) et Europe avait demandé aux entreprises chinoises notamment AUTEL de se conformer au droit international :

« Dans les régions touchées par des conflits armés, les entreprises courent un risque accru de se rendre complices de violations graves du droit international humanitaire et des droits humains. Par conséquent, les entreprises opérant dans de tels environnements doivent agir pour diminuer ces risques. Lorsqu’un produit est utilisé de manière abusive, en contradiction avec les obligations internationales et les valeurs non violentes de l’entreprise, en particulier à des fins militaires conduisant à des crimes de guerre ou violations graves des droits humains, l’entreprise doit agir. Elle doit prendre des mesures immédiates pour mettre fin ou empêcher sa contribution. Euro-Med Human Rights Monitor souligne que les entreprises, y compris Autel Robotics, un fabricant chinois d’électronique et de drones, doivent se conformer au droit international. » [2]Source : Euro-Med Monitor, “Chinese companies must prevent their arms, drones from being used in Israeli international crimes”, 1 juillet 2024, https://euromedmonitor.org/en/article/6387/Chinese-companies-must-prevent-their-arms,-drones-from-being-used-in-Israeli-international-crimes

Des drones civils fabriqués par une autre entreprise chinoise sont également utilisés par l’armée israélienne dans la guerre contre la population palestinienne de Gaza. Il s’agit de drones fabriqués par DJI (Da-Jiang Innovations), qui est une entreprise privée chinoise basée à Shenzhen (Chine), leader mondial de la fabrication de drones civils et professionnels. Voir l’article publié par Al Jazeera le 8 mai 2025 : « Israel retrofitting DJI commercial drones to bomb and surveil Gaza », https://www.aljazeera.com/news/2025/5/8/israel-retrofitting-dji-commercial-drones-to-bomb-and-surveil-gaza

Comme l’écrit Francesca Albanese, rapporteuse spéciale auprès des Nations Unies sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés, dans son rapport intitulé « De l’économie de l’occupation à l’économie du génocide » rendu public en juin 2025 :

« 20. Lorsque des entités commerciales poursuivent leurs activités et leurs relations avec Israël – avec son économie, son armée et ses secteurs public et privé liés au territoire palestinien occupé – elles peuvent être reconnues coupables d’avoir sciemment contribué à : (a) La violation du droit des Palestiniennes à l’autodétermination ; (b) L’annexion du territoire palestinien, le maintien d’une occupation illégale et, par conséquent, le crime d’agression et les violations des droits humains qui y sont associées ; (c) Les crimes d’apartheid et de génocide ; (d) D’autres crimes et violations accessoires. 21. Les lois pénales et civiles de diverses juridictions peuvent être invoquées pour tenir les entités corporatives ou leurs dirigeants responsables des violations des droits humains et/ou des crimes relevant du droit international. »

Le rapport complet en anglais est disponible en ligne : https://www.un.org/unispal/document/a-hrc-59-23-from-economy-of-occupation-to-economy-of-genocide-report-special-rapporteur-francesca-albanese-palestine-2025/

Il incombe donc aux autorités du pays où ces entreprises sont basées et aux entreprises elles-mêmes d’éviter toute forme de complicité avec les autorités israéliennes, cela vaut pour la Chine comme pour le reste de la planète.

 La Chine réalise-t-elle des investissements en Israël ?

La Chine a réalisé d’importants investissements dans deux ports israéliens d’une importance stratégique, le port de Haïfa et le Port d’Ashdod, tous deux situés sur la Méditerranée. La société chinoise China Harbor Engineering Company, filiale de China Communications Construction Company, a modernisé et développé le terminal portuaire d’Ashdod. Ce projet a permis de d’augmenter les capacités des installations portuaires et d’améliorer les infrastructures pour répondre à la croissance du commerce international. Le port d’Ashdod est l’un des principaux hubs commerciaux d’Israël. Sa modernisation a renforcé sa position stratégique dans la région, facilitant ainsi les échanges entre la Chine et Israël, notamment dans le cadre de la nouvelle route de la soie (Belt and Road Initiative ou BRI). La China National Offshore Oil Corporation (CNOOC), une autre grande société chinoise, a acquis une part importante du terminal à conteneurs de Haïfa, dans le cadre d’un partenariat avec le gouvernement israélien. Ce projet, tout comme celui d’Ashdod, a permis à Israël d’attirer des investissements dans l’amélioration des infrastructures portuaires. Dans le cas des installations du Port de Haïfa, les investissement chinois se font en partie via une collaboration avec des sociétés indiennes. Au-delà des ports, les entreprises chinoises investissent également dans d’autres secteurs des infrastructures, comme les transports, l’énergie et la haute technologie. Par exemple, des projets dans le domaine des technologies de transport intelligent, de l’intelligence artificielle, de la cybersécurité, et des télécommunications sont en cours de développement, avec la participation de grandes entreprises chinoises comme Huawei et ZTE.

Photo : Diane Krauthamer, CC, Flickr, https://www.flickr.com/photos/diane_krauthamer/53332980781

 Quelles sont les relations entre le gouvernement russe et le gouvernement israélien ?

Il est de notoriété publique que Vladimir Poutine et Netanyahou ont une bonne opinion l’un de l’autre même si la Russie critique publiquement l’Israël pour sa politique au Proche-Orient. Jusqu’ici dans aucune de ses déclarations, Poutine n’a dénoncé le génocide en cours à Gaza. Par contre, il a utilisé très souvent le terme génocide pour justifier l’invasion de l’Ukraine et l’annexion d’une partie de son territoire. Dans son discours du 24 février 2022 pour justifier l’« opération militaire spéciale » en Ukraine, Poutine a déclaré :

« Notre objectif est de protéger les personnes victimes de génocide de la part du régime de Kiev depuis huit ans. Nous nous efforcerons de démilitariser et dénazifier l’Ukraine. » (http://kremlin.ru/events/president/news/67843 ) [3].

Il faut également noter que le 1 juillet 2025, Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères de Russie, quelques jours avant de se rendre au sommet des BRICS à Rio, a déclaré :

« Nous constatons avec satisfaction que le chef du nouveau gouvernement israélien Benjamin Netanyahu s’est prononcé deux fois en un mois pour régler le problème palestinien avec une solution à deux États. Nous espérons que cette position sera appuyée par des démarches concrètes. De notre côté, nous continuerons de contribuer à la reprise des négociations – aussi bien via les canaux bilatéraux que sur diverses plateformes internationales, notamment dans le cadre du Quartet des médiateurs internationaux pour le Moyen-Orient. Il faut garder un œil sur la situation dans la bande de Gaza, dont la population continue d’éprouver de graves difficultés humanitaires. Il faut entreprendre des démarches pour lever le blocus ou tout au moins le réduire. » (voir la déclaration complète sur le site officiel du ministère des affaires étrangères de la Fédération de Russie https://mid.ru/fr/foreign_policy/news/1511247/ ) [4].

Comme on peut le constater dans cette déclaration, il n’y a pas de la part de Sergueï Lavrov de dénonciation du génocide en cours et son attitude à l’égard du premier ministre fasciste Benjamin Netanyahu est positive, ce qui est tout à fait inadmissible.

Israël dépend toujours partiellement de la Russie pour son alimentation (céréales) et pour l’énergie (pétrole, gaz, charbon), malgré les tensions géopolitiques. Israël exporte vers la Russie des produits à forte valeur ajoutée : agro-produits, matériel médical, chimie et électronique. Israël a un déficit commercial important avec la Russie. En 2023, le volume du commerce avait baissé suite aux sanctions prises contre la Russie après l’invasion de l’Ukraine mais en 2024, il a rebondi. Le volume des échanges avait atteint 3,5 milliards en 2022, a chuté à 2,6 milliards en 2023 et a rebondi à 3,9 milliards en 2024. En résumé, Israël, dans la pratique, n’applique pas les sanctions occidentales à l’égard de la Russie suite à l’invasion de l’Ukraine et la Russie n’applique pas de sanction à l’égard d’Israël malgré le génocide en cours.

Dans la pratique, Israël n’applique pas les sanctions occidentales à l’égard de la Russie suite à l’invasion de l’Ukraine, tout comme la Russie n’applique pas de sanction à l’égard d’Israël malgré le génocide en cours

À noter que depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, des centaines de millions de dollars (environ 300 millions de dollars par trimestre) ont été transférés en Israël via les comptes d’oligarques ou de nouveaux migrants. Lire en anglais : https://internationalinvestment.biz/en/analytics/5344-over-95000-russians-have-relocated-to-israel.html Soulignons également qu’environ 500 soldats de l’armée israélienne porteurs d’un passeport russe ont participé aux opérations dans la bande de Gaza entre octobre 2023 et mars 2024, 9 d’entre eux y ont trouvé la mort. Cette information a été fournie par les autorités israéliennes. Lire https://en.topwar.ru/239764-izrailskoe-posolstvo-nazvalo-chislo-pogibshih-v-gaze-rossijan-mobilizovannyh-v-sostav-cahal.html et https://tass.com/world/1786343 Pour l’année 2025, nous ne disposons pas d’informations précises concernant les chiffres mais il est avéré que des soldats de l’armée israélienne qui participe au génocide ont la double nationalité russe et israélienne. Les autorités russes ne critiquent pas les Russes mobilisés au sein de l’armée israélienne, y compris ceux engagés à Gaza.

 Où en est le commerce entre l’Inde et Israël ?

L’Inde représente plus d’un tiers du total des exportations d’armes d’Israël

Le volume du commerce entre l’Inde et Israël est en croissance et se situe autour de 10 milliards de dollars. L’Inde fournit des produits pétroliers à Israël, des diamants et autres pierres précieuses, des produits chimiques et pharmaceutiques ainsi que des armes (dont des drones).

Israël fournit des armes (missiles), des munitions, des systèmes de défense à l’Inde. Selon le site Moneycontrol.com, un des principaux site financiers en Indele commerce des armes entre Israël et l’Inde a été multiplié par 33 en 10 ans, entre 2015 et 2024, atteignant en 2024, 185 millions de dollars US. Le magazine New Internationalist écrit dans son édition de janvier 2025 :

« Des entreprises indiennes telles qu’Adani-Elbit Advanced Systems India, Premier Explosives et l’entreprise publique Munitions India fournissent activement des drones et des armes à Israël alors que ce dernier poursuit sa guerre génocidaire contre la population de Gaza. En avril , soucieuse de ne pas compromettre ces accords, l’Inde s’est abstenue lors du vote d’une résolution de l’ONU appelant à un cessez-le-feu et à un embargo sur les armes à destination d’Israël. De son côté, Israël a continué à fournir sans interruption du matériel militaire à l’Inde, ce qui représente un engagement important étant donné qu’Israël a postposé plus de 1,5 milliard de dollars d’exportations d’armes vers d’autres pays depuis octobre 2023. Depuis l’arrivée au pouvoir du Premier ministre Narendra Modi en 2014, l’Inde est devenue un acteur clé dans le commerce des armes d’Israël. En tant que premier importateur mondial d’armes, ce pays d’Asie du Sud est devenu l’acheteur le plus fiable d’Israël, représentant 37 % de ses exportations totales d’armes. » [5] Mohammad Asif Khan, “Partners in power : Israel, India and the arms trade”, 1 January 2025, New Internationalist, https://newint.org/arms/2025/partners-power-israel-india-and-arms-trade
Lire également : https://www.stopadani.com/adani_groups_business_with_israel Concernant de nouvelles collaborations entre Adani , Elbit et un société étatsunienne d’armement, lire sur le site de Adani : https://www.adani.com/newsroom/media-releases/adani-defence-aerospace-and-sparton-enter-strategic-partnership-to-indigenise-anti-submarine

Rien n’indique une volonté une volonté de changement dans l’orientation pro israélienne du premier ministre indien (présent en personne au sommet des BRICS à Rio en juillet 2025). L’Inde et Israël espèrent conclure un accord de libre-échange avant la fin de l’année 2025. En effet selon Times of Israël du 18 février 2025 :

« Israël et l’Inde cherchent à signer dès cette année un accord de libre-échange longtemps attendu, suite à la décision, par le président américain Donald Trump, de réorganiser les plans d’une route commerciale entre les États-Unis et l’Inde qui passerait par Israël. »

En ce qui concerne les positions de l’Inde à propos de la Palestine, on a assisté à un changement important en faveur d’Israël surtout depuis l’élection de Narendra Modi. En 2017, il est devenu le premier Premier ministre indien à se rendre en Israël sans visiter la Palestine, rompant ainsi avec la tradition. Le gouvernement Modi a évité de critiquer directement Israël, en particulier lors des bombardements de Gaza (2014, 2021, 2023, 2024 et 2025) et des violences commises par les colons en Cisjordanie. À l’intérieur du pays, la solidarité avec la Palestine est de plus en plus attaquée, dénigrée ou délégitimée par la droite hindoue, en particulier dans le climat politique et idéologique façonné par le Bharatiya Janata Party (BJP) de Modi.

 Comment sont les relations de l’Afrique du Sud avec Israël ?

« Les conglomérats extractifs et miniers, tout en fournissant des sources d’énergie civile, ont alimenté les infrastructures militaires et énergétiques d’Israël, toutes deux utilisées pour créer des conditions de vie visant à détruire le peuple palestinien. », Francesca Albanese, rapporteuse spéciale auprès des Nations Unies sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés, « De l’économie de l’occupation à l’économie du génocide » 

Il n’y a aucun doute qu’il est très positif que le gouvernement d’Afrique du Sud ait déposé une plainte contre Israël le 29 décembre 2023 devant la Cour Internationale de Justice (CIJ), le tribunal des Nations Unies chargé de régler les différends entre États. Pretoria accuse Israël de violer la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide dans son assaut militaire à Gaza. La requête de l’Afrique du Sud avance ses accusations dans ce qu’elle dénonce comme le contexte plus large de la conduite d’Israël envers les Palestinienes pendant ses soixante-quinze ans d’apartheid, ses cinquante-six ans d’occupation belligérante du territoire palestinien et ses seize ans de blocus de la bande de Gaza. Dans sa décision du 26 janvier 2024, tout en n’accédant pas à la demande de l’Afrique du Sud d’exiger d’Israël la suspension de ses opérations militaires à Gaza, la Cour ordonne à Israël de prendre des mesures pour prévenir les actes de génocide dans la bande de Gaza. Depuis ce moment, Israël a malgré tout poursuivi le génocide du peuple palestinien à Gaza et a renforcé le blocage de l’aide humanitaire.

L’Afrique du Sud a contribué à créer, en janvier 2025, le « groupe de La Haye » pour coordonner des mesures juridiques et diplomatiques contre la politique d’Israël à Gaza (lire : https://www.theguardian.com/law/2025/jan/31/south-africa-and-malaysia-to-launch-campaign-to-protect-justice). Selon la déclaration inaugurale, les principaux engagements consistent à exiger le respect des ordonnances de la Cour Internationale de Justice et des mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) à l’encontre des dirigeants israéliens, à interdire le transfert d’armes ou de carburant (à des fins militaires) susceptible de servir dans le conflit et de bloquer l’accès aux ports aux navires transportant du matériel militaire vers Israël. Les pays fondateurs du groupe sont l’Afrique du Sud, la Colombie, le Belize, la Bolivie, Cuba, le Honduras, la Malaisie, la Namibie et le Sénégal. Une réunion d’urgence a eu lieu à la mi-juillet 2025 à Bogota.

Du côté des BRICS, des 4 États fondateurs (Brésil, Russie, Inde et Chine), jusqu’ici, aucun ne s’est joint à la plainte de l’Afrique du Sud alors que 15 États se sont joints d’une manière ou d’une autre à cette plainte. Parmi les 5 BRICS, seuls le Brésil, très tardivement, c’est à dire en juillet 2025, a annoncé son intention de se joindre dans le futur à la plainte contre Israël. Si on prend en compte les 10 pays qui composent en 2025 les BRICS, jusqu’ici seule l’Égypte s’est jointe à la plainte.

De la part de l’Afrique du Sud, ce qui est déplorable et très gravement incohérent par rapport à sa juste plainte contre Israël, c’est qu’elle continue à commercer avec ce pays notamment en fournissant du charbon. Selon certaines sources, 15% du charbon consommé par Israël provient d’Afrique du Sud. Patrick Bond professeur d’université en Afrique du Sud a dénoncé régulièrement les livraisons de charbon sud-africain à Israël, lire notamment en anglais https://www.cadtm.org/The-Blessing-for-genocide et en espagnol : https://www.cadtm.org/La-bendicion-para-el-genocidio Selon Patrick Bond, l’argument principal avancé par les autorités de Pretoria pour justifier la poursuite de la fourniture de charbon à Israël, est que, dans le cas contraire, cela irait à l’encontre des règles de l’OMC. Ce à quoi Patrick Bond répond que cet argument n’est pas du tout sérieux car ces dernières années, un nombre considérable d’États contreviennent aux règles de l’OMC sans que rien ne se passe. On peut ajouter que si l’Afrique du Sud mettait fin à son commerce avec Israël son acte serait incontestablement légitime.

En effet, comme l’écrit Francesca Albanese, rapporteuse spéciale auprès des Nations Unies sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés, au point 89 de son rapport intitulé « De l’économie de l’occupation à l’économie du génocide » :

« Les conglomérats extractifs et miniers, tout en fournissant des sources d’énergie civile, ont alimenté les infrastructures militaires et énergétiques d’Israël, toutes deux utilisées pour créer des conditions de vie visant à détruire le peuple palestinien. » [6]

Signalons que ce rapport tout à fait fondamental a été rendu public fin juin 2025, avant le sommet des BRICS. Or la déclaration finale du sommet BRICS rendue publique le 6 juillet 2025 n’en fait pas mention.

Patrick Bond a rassemblé un important dossier concernant le groupe sud-africain d’armement Paramount Group dont le patron est Ivor Ichikowitz pour dénoncer la collaboration étroite entre cette entreprise, Israël et les Émirats Arabes Unis (EAU). Bond dénonce notamment la collaboration de Paramount Group avec la société israélienne d’armement Elbit. Son dossier intitulé « Le commerce entre l’Afrique du Sud et Israël comprend-il des armements ? » (« Does SA-Israel trade include armaments ? ») a été publié le 21 décembre 2024, https://diplomaticinside.com/2024/12/21/does-sa-israel-trade-include-armaments/

Il faut savoir que le patron de Paramount Group, Ivor Ichikowitz, a dénoncé la plainte introduite par l’Afrique du Sud contre Israël. Il écrivait dans le magazine Fortune :

« La position récente de l’Afrique du Sud, ouvertement hostile à Israël et très favorable au Hamas, qui a abouti à traduire l’État d’Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ), aurait très bien pu conduire à une sanction et à l’exclusion de l’Afrique du Sud de l’AGOA, une perspective qui pèse toujours sur les relations entre les États-Unis et l’Afrique du Sud. » [7] Source : Ivor Ichikowitz, “South Africa should be truly non-aligned–and stop risking its vital trade ties with the West”, Fortune, 26 janvier 2024, https://fortune.com/2024/01/26/south-africa-non-aligned-risk-vital-trade-ties-west-us-biden-israel-politics/

Patrick Bond, différents mouvements sud-africains et de nombreux activistes appellent les autorités de Pretoria à prendre des sanctions contre Israël en interdisant l’exportation de charbon vers ce pays et notamment en mettant fin à toutes les relations commerciales.

 Quelles sont les relations commerciales du Brésil avec Israël ?

Le volume du commerce entre le Brésil s’élève à un peu moins de 2 milliards de dollars. Le Brésil importe plus d’Israël qu’il n’exporte vers Israël. Le Brésil exporte du pétrole brut vers Israël, cela constitue 1/4 de ses exportations vers ce pays. Il exporte aussi de la viande qui représente environ 20% de ses exportations et des graines de soja transgénique pour également 20%. Le reste : du poulet casher, des armes, etc.

 Il y a donc un commerce d’armes entre le Brésil et Israël ?

Le Brésil a entretenu un commerce des armes avec Israël malgré le génocide et surtout maintient une coopération technologique notable dans le domaine de la défense

Oui. En 2024, par exemple, le Brésil a exporté des armes vers Israël pour un montant limité (un peu moins de 2 millions de dollars) mais il s’agissait de munitions de guerre (voir https://tradingeconomics.com/brazil/exports/israel/arms-ammunition-parts-accessories ). Le Brésil a importé en 2024 des armes de guerre d’Israël pour un peu moins de 9 millions de dollars (voir https://tradingeconomics.com/brazil/imports/israel/military-weapons-excluding-revolvers-pistols-lances ). Le Brésil entretient donc un commerce des armes malgré le génocide et surtout maintient une coopération technologique notable dans le domaine de la défense, principalement avec l’entreprise israélienne Elbit Systems (voir site officiel https://www.elbitsystems.com/ ) et sa filiale brésilienne Ares Aeroespacial e Defesa. Il faut savoir que la firme Elbit System est explicitement mentionnée dans le rapport et figure sur la liste des firmes d’armement qui collaborent directement au génocide selon Francesca Albanese, rapporteuse spéciale auprès des Nations Unies sur la situation droits humains dans les territoires palestiniens occupés.

Au point 31 de son rapport, Francesca Albanese écrit :

« Le complexe militaro-industriel est devenu le pilier économique de l’État. Entre 2020 et 2024, Israël était le huitième exportateur d’armes au monde. Les deux plus grandes entreprises d’armement israéliennes – Elbit Systems, créée sous forme de partenariat public-privé puis privatisée, et l’entreprise publique Israel Aerospace Industries (IAI) – figurent parmi les 50 premiers fabricants d’armes au monde. Depuis 2023, Elbit coopère étroitement avec les opérations militaires israéliennes, en intégrant du personnel clé au ministère de la Défense, et a reçu le prix israélien de la défense 2024. Elbit et IAI fournissent un approvisionnement national essentiel en armement et renforcent les alliances militaires d’Israël grâce à l’exportation d’armes et au développement conjoint de technologies militaires. » [8]

Elle ajoute au point 33 :

« Les drones, hexacoptères et quadricoptères ont également été des machines à tuer omniprésentes dans le ciel de Gaza. Les drones, largement développés et fournis par Elbit Systems et IAI, volent depuis longtemps aux côtés de ces avions de combat, surveillant les Palestiniens et fournissant des renseignements sur les cibles. Au cours des deux dernières décennies, avec le soutien de ces entreprises et la collaboration d’institutions telles que le Massachusetts Institute of Technology (MIT), les drones israéliens ont été équipés de systèmes d’armes automatisés et ont acquis la capacité de voler en formation en essaim. » [9]

La collaboration entre le Brésil et Israël dans le domaine militaire par l’intermédiaire d’Elbit et sa filiale ARES est avérée. Par exemple, Ares a fourni des stations d’armes téléopérées (RCWS, REMAX) au Brésil dans le cadre d’un contrat d’environ 100  millions de dollars. La coopération va au-delà des échanges physiques, avec des transferts technologiques, co-production et formation via Elbit/Ares.

Par ailleurs, en avril 2024, sous pression du ministère de la défense, le programme VBCOAP (armored self propelled howitzer) du Brésil a désigné le système ATMOS 2000 155 mm monté sur camion (Tatra T 815 6×6) développé par Elbit Systems comme vainqueur d’un appel d’offres impliquant également le Caesar (France), le SH 15 (Chine) et le Zuzana 2 (Slovaquie/CZ). Le contrat initial prévoit l’acquisition de 36 obusiers : 2 unités devaient être livrées dans les 12 mois pour évaluation technique et opérationnelle au Brésil. Les 34 systèmes restants seront livrés annuellement jusqu’en 2034. Le montant total du marché est estimé à 150 200 millions de dollars, voire 210  millions de dollars selon certaines sources (voir le journal brésilien The Rio Times : https://www.riotimesonline.com/lulas-brazil-acquires-israeli-defense-tech-despite-criticism-over-gaza-conflict/ ). Au moment où nous écrivons cet article, le projet est «  gelé  » (frozen) depuis octobre 2024 en raison des critiques du président Lula da Silva contre Israël et la guerre à Gaza (https://www.defensenews.com/global/the-americas/2024/10/07/brazils-deal-for-israeli-howitzers-frozen-over-gaza-war/ ). Toutefois, aucun décret exécutif d’annulation n’a été signé. Depuis l’annonce du gel du contrat, le ministère de la Défense brésilien et le chef de l’armée tentent de débloquer le dossier et persuader le président de procéder aux livraisons, notamment des deux unités prototypes pour tests opérationnel. A la fin du mois de juillet 2025, le ministre brésilien des relations extérieures, Mauro Vieira, a annoncé un durcissement des positions du Brésil à l’égard d’Israël et l’arrêt du commerce des armes avec Israël (en portugais : https://www.gazetadopovo.com.br/republica/brasil-sancoes-israel-por-genocidio-gaza-chanceler-onu/ ).

 Comment se comporte l’Égypte, qui est membre à part entière des BRICS, à l’égard de la solidarité avec le peuple palestinien ?

Nous observons depuis des années une collaboration croissante entre l’Égypte, Israël et les États-Unis, au détriment de la solidarité avec la Palestine

Il faut d’abord souligner le fait que les autorités égyptiennes ont réprimé et empêché en juin 2025 des milliers de personnes provenant de dizaines de pays différents de se déplacer dans le pays pour rejoindre le poste frontalier de Rafah afin d’exprimer leur solidarité avec le peuple palestinien, exiger la fin du génocide et soutenir la nécessité d’un cessez le feu. En effet, le 10 juin 2025, des militantes venues de plus de 50 pays ont lancé la Marche mondiale pour Gaza, une initiative civile portée par une large coalition internationale pour dénoncer le blocus israélien et exiger l’ouverture d’un corridor humanitaire vers Gaza via le poste-frontière de Rafah. Cependant, les autorités égyptiennes ont empêché le déroulement de la marche, mobilisant dès le départ une campagne de diffamation médiatique contre les organisateurs. La répression s’est intensifiée par des arrestations (dans les rues, hôtels et restaurants), confiscations de passeports et destructions de téléphones, empêchement des convois de quitter le Caire. Des violences et mises en détention ont également été observées à Ismaïlia, où 200 militantes ont été arrêtées. Plusieurs expulsions et refoulements à l’aéroport ont aussi été signalées. (Lire https://jewishcurrents.org/egypt-cracks-down-on-the-global-march-to-gaza ).

Cette répression reflète la collaboration croissante entre l’Égypte, Israël et les États-Unis, au détriment de la solidarité avec la Palestine. En effet, à l’époque de Gamal Abdel Nasser, l’Égypte a refusé toute normalisation avec Israël et a continué à critiquer sévèrement les abus israéliens à l’encontre des Palestinienes. Mais son successeur, Anwar Sadat, a signé un traité de paix avec Israël en 1979, sous l’égide des États-Unis. Considéré comme une trahison par les Palestinienes, et les peuples de la région, y compris le peuple égyptien, ce traité a ouvert la voie à une coopération croissante, militaire, sécuritaire et économique. Sous la présidence d’Abdel Fattah al-Sissi, cette normalisation s’est accentuée à des niveaux sans précédent, avec une coopération sécuritaire, dépendance économique accrue à l’égard du gaz israélien, soutien implicite au blocus de Gaza, en contrôlant étroitement le point de passage de Rafah et en démantelant les tunnels de commerce vers Gaza. Le régime continue à réprimer systématiquement les manifestations pro-palestiniennes et même des gestes symboliques comme brandir un drapeau palestinien peuvent mener à des accusations de terrorisme.

 Qu’en est-il du commerce entre l’Égypte et Israël ?

En 2022 : le commerce entre l’Égypte et Israël était estimé à environ 300 millions USD, contre environ 330 millions USD selon un rapport de 2021. En 2023, les échanges ont augmenté de 56 % par rapport à 2022, soit un total estimé à environ 468 millions USD. En 2024, la croissance s’est accélérée en fin d’année, avec un bond de 168 % au quatrième trimestre, mais le total annuel exact n’est pas précisé. Le principal produit acheté par l’Égypte à Israël est le gaz naturel. Le gaz « israélien » représentait 15 20 % de la consommation égyptienne début 2025.

 Y a-t-il une collaboration militaire entre l’Égypte et Israël ?

Oui, il existe une collaboration militaire secrète mais substantielle entre l’Égypte et Israël, malgré leur histoire conflictuelle (guerres de 1948, 1967, 1973). Depuis 2007, l’Égypte et Israël organisent de fait un blocus à l’égard de Gaza (restrictions sur la circulation biens et des personnes, surveillance des tunnels). L’Égypte et Israël mènent des opérations conjointes en détruisant des tunnels entre Gaza et l’Égypte (avec aide technologique israélienne). L’Égypte a acquis des systèmes de surveillance israéliens (dont des radars Elbit) via des intermédiaires européens. Selon le Wall Street Journal du 7 mars 2024, Israël a mené des frappes secrètes contre des armes transitant par l’Égypte vers Gaza, avec l’accord tacite des autorités égyptiennes. L’aide militaire apportée par les Etats-Unis à l’Égypte pour un montant de 1,3 milliard de dollars est octroyée à la condition que Le Caire collabore avec Israël. Les États-Unis veillent à ce que cette condition soit respectée.

 Quelles relations les Émirats Arabes Unis entretiennent-ils avec Israël ?

En 2020, sous l’égide du président Donald Trump, les accords d’Abraham débouchent sur la normalisation des relations entre Israël et les Émirats arabes unis

En 2020, sous l’égide du président Donald Trump, les accords d’Abraham [10] débouchent sur la normalisation des relations entre Israël et les Émirats arabes unis (pour en savoir plus sur les Émirats Arabes Unis lire l’encadré). Le 29 août 2020, quelques semaines après l’annonce des accords d’Abraham, les Émirats ont abrogé la loi fédérale de 1972 qui interdisait les relations économiques avec Israël. Cette décision a rendu légaux les échanges commerciaux et les investissements bilatéraux ; l’importation et la vente de produits israéliens ; la coopération scientifique, culturelle, technologique, etc. Avant cette abrogation, des relations de plus en plus étroites s’étaient progressivement établies.

Après les accords d’Abraham, le Comprehensive Economic Partnership Agreement (CEPA) a été signé le 31 mai 2022 et est entré en vigueur le 1er avril 2023, avec suppression ou forte réduction des droits de douane sur environ 96 % des lignes tarifaires et 99 % de la valeur des échanges (Wikipédia). Ce traité vise à faire croître les échanges bilatéraux jusqu’à plus de 10 milliards de dollars dans les cinq ans suivant sa conclusion. Le conflit à Gaza a réduit en 2024 la visibilité des échanges, mais le commerce est resté actif et s’est accru. Pour preuve, le volume du commerce qui atteignait 2,5 milliards de dollars en 2022 atteindra selon les prévisions 5 milliards de dollars en 2025.

Selon Bloomberg, il y a, en 2025, environ 600 entreprises israéliennes actives aux EAU et selon un rapport de Dubai Chamber (2023), plus de 200 entreprises émiraties ont noué des partenariats ou ouvert des activités en Israël depuis la normalisation des relations (https://www.dubaichamber.com).

Encadré : ABC à propos des Émirats Arabes Unis

Bien que Dubaï soit la plus grande ville, la plus connue à l’international, et un centre commercial, financier et touristique majeur, c’est Abou Dhabi qui est la capitale officielle des Émirats arabes unis. Les Émirats Arabes Unis (EAU) ont un rôle économique et militaire international de loin supérieur à leur population. La population des EAU est d’environ 10 millions d’habitantes dont seulement une dizaine de pourcent sont émiraties. Sur ces 10 millions, environ 9 millions sont étrangeres dont 3 millions viennent de l’Inde, 1,5 million viennent du Pakistan, un autre million et demi du Bangladesh et le reste vient principalement d’autres pays d’Asie (Philippines, Sri Lanka, Népal). Enfin, environ 1 million vient des pays arabes dont la moitié de l’Égypte.

Dubaï, la plus grande ville est devenue un centre financier international de premier plan qui est rentré en compétition avec d’autres centres financiers comme Londres, Zurich, Luxembourg, Singapour, Hong Kong. Pour attirer les sociétés financières privées internationales, les autorités émiraties offrent les conditions les plus favorables imaginables : une législation ainsi qu’une fiscalité particulièrement clémentes à l’égard des grandes entreprises et des hautes fortunes.

Le Dubaï International Financial Centre (DIFC) est une zone franche réglementée avec son propre système judiciaire inspiré du droit anglais, abritant plus de 5 000 entreprises, dont plus de 1 000 institutions financières (banques, compagnies d’assurances, fonds, etc.). La Zone franche offre comme avantage : 0 % d’impôt sur les sociétés (dans certaines conditions) ; pas de taxes sur les plus-values ni sur les dividendes ; 100 % de propriété étrangère. On verra plus loin dans la série que le recours à des Zones franches ou Zones Économiques Spéciales est développé à la fois par des pays comme les EAU et, à sa manière, par la Chine (qui exerce plus de contrôles et est moins favorable en terme d’impôts et taxes) et est mis en avant par les BRICS lors de leurs sommets.

Comme l’écrit Husam Mahjoub dans une étude publiée par le Transnational Institute (TNI) basé à Amsterdam :

« Les Émirats arabes unis sont devenus une puissance sous-impériale en Afrique, investissant dans des ports, des aéroports et des projets d’infrastructure afin d’extraire des ressources et d’accroître leur influence politique et militaire à l’échelle mondiale. Il est essentiel de comprendre le rôle des Émirats arabes unis dans la refonte de la géopolitique régionale pour que les mouvements de résistance et de justice puissent contester efficacement les structures de pouvoir impérialistes. » [11]

Husam Mahjoub donne deux exemples concrets de la montée en puissance des EAU :

« Le premier vol d’Emirates Airlines a décollé le 25 octobre 1985, reliant Dubaï à la ville pakistanaise de Karachi, à bord d’un avion loué à Pakistan International Airlines. Aujourd’hui, Emirates dispose d’une flotte de plus de 260 appareils et dessert plus de 136 destinations à travers le monde. En 2023, l’aéroport international de Dubaï a été classé pour la dixième année consécutive comme le hub le plus fréquenté au monde pour les passagers internationaux. Le port de Jebel Ali, situé au large de la côte de Dubaï, a été inauguré en 1979, suivi six ans plus tard par la création de la zone franche de Jebel Ali. En 2023, il était le dixième port à conteneurs le plus fréquenté au monde. » [12]

Ce qui précède est d’une certaine manière la pointe de l’iceberg car au-delà de la ville vitrine de Dubaï et de l’archi connue ligne aérienne Emirates, les EAU sont une importante puissance économique et y compris militaire.
Les EAU ont investi 60 milliards de dollars dans plusieurs pays africains dans divers secteurs tels que l’exploitation minière, le pétrole, les infrastructures, la logistique et l’agriculture, commençant à jouer un rôle significatif dans leur économie nationale. Avec ce volume d’investissement, les EAU viennent en quatrième position après la Chine, les pays de l’UE et les États-Unis.
Les EAU sont des alliés d’Israël et des États-Unis mais jouent un rôle particulier dans la région arabe et en Afrique au Sud du Sahara.

Comme l’écrit Husam Mahjoub :

« Tout au long des années 2010, les ambitions sous-impériales des Émirats arabes unis et du Qatar ont, à bien des égards, reflété le modèle israélien. Malgré leur petite taille et leur faible population, et bien qu’ils soient situés dans un environnement régional hostile, ils ont tiré parti de leur richesse et de leurs relations stratégiques avec les puissances occidentales pour exercer leur influence dans toute la région. Les deux nations ont soutenu diverses factions, notamment des mercenaires et des insurgés, afin de promouvoir leurs intérêts nationaux et d’affirmer leur domination régionale. » [13]

Pour justifier l’emploi du concept de sous-impérialisme à propos des EAU, Husam Mahjoub se réfère aux travaux de Ruy Mauro Marini . Son explication mérite d’être reproduite ici :

« Le concept de sous-impérialisme, introduit par le chercheur et militant marxiste brésilien Ruy Mauro Marini, fournit des informations précieuses pour analyser les stratégies et les impacts des Émirats arabes unis. Il montre comment les Émirats arabes unis peuvent être à la fois soumis à l’impérialisme et agents de pratiques impérialistes dans leurs sphères d’influence, tout en remettant en cause les acteurs impérialistes traditionnels.
Dans ce contexte, le sous-impérialisme désigne un phénomène selon lequel un pays, sans être une grande puissance impériale mondiale, agit de manière à s’aligner sur les intérêts des puissances impériales ou à les soutenir, et se comporte de manière impérialiste au sein de sa propre région. » [14]

Le pouvoir et la richesse aux Émirats arabes unis sont concentrés entre les mains des familles régnantes d’Abou Dhabi (Al-Nahyan) et de Dubaï (Al-Maktoum), ainsi que de quelques clans capitalistes spécialisés dans le commerce et la finance qui leur sont étroitement liés. Le chef de l’État est Cheikh Mohamed Bin Zayed Al Nahyan. Il était présent en personne aux sommets des BRICS à Kazan en 2024 et à Rio en 2025 au Brésil.

Au centre de la géostratégie des EAU figure la prise de contrôle d’infrastructures portuaires et de logistiques sur tout le pourtour de l’Afrique. Les EAU possède des infrastructures en Afrique du Nord, sur la Méditerranée (Algérie et Égypte) ; en Afrique occidentale et australe, sur l’océan Atlantique (Angola, Congo, République démocratique du Congo (RDC), Guinée et Sénégal) ; sur l’océan Indien, en Afrique orientale (Kenya, Mozambique et Tanzanie) ; ainsi que dans la région de la mer Rouge, y compris la Corne de l’Afrique, avec des projets en Égypte, au Puntland, au Somaliland et à Djibouti. Ils investissent dans des hubs de logistiques à l’intérieur du territoire africain : Rwanda, Maroc, Nigeria, Afrique du Sud et Tanzanie. Voir le dossier réalisé par le Financial Times : « The UAE’s rising influence in Africa », 30 May 2024, https://archive.ph/6HEca#selection-1375.0-1384.2

Le fait que les EAU aient accueilli la COP 28 montre également qu’ils sont très engagés dans le capitalisme vert. Lors de la COP 28, la société Blue Carbon LLC, créée par un membre de la famille royale des Émirats arabes unis, a passé de nombreux contrats avec des dirigeantes des Suds pour accaparer pendant 30 ans des surfaces hallucinantes de leurs terres. Ces terres permettront à Blue Carbon LLC de vendre des crédits carbone aux entreprises polluantes [15], pour que ces dernières « compensent » la pollution qu’elles génèrent. 25 millions d’hectares de forêt du Libéria, d’Angola, du Kenya, de Tanzanie, d’Ouganda, de Zambie ou du Zimbabwe ont été achetés par cette société, et donc par les Émirats arabes unis (l’équivalent de la surface du Royaume-Uni). 20% de la surface du Zimbabwe, 10% de la surface du Libéria et de la Zambie, 8% de la surface de la Tanzanie ont été accaparés par Blue Carbon LLC.

Comme le montre très bien l’universitaire Adam Hanieh [16], les EAU et d’autres pays du Golfe tentent de placer les pseudos-technologie de captation du carbone et le marché des compensations carbone au centre des discussions, notamment lors des COP, pour qu’on ne parle pas de la fin des énergies fossiles (dont ils sont de très gros exportateurs). Leur stratégie est la suivante : noyer le poisson et être à la tête des fausses solutions passant par la finance et par le marché pour pouvoir générer toujours plus d’argent sur le dos de la transition écologique et continuer à extraire et exporter tranquillement les hydrocarbures. En bref, s’activer pour que rien ne change.

 Y a-t-il un commerce des armes entre Israël et les Émirats Arabes Unis ?

Lors du salon d’armement tenu en février 2025 à d’Abou Dhabi, 34 firmes israéliennes d’armement étaient présentes

Oui, le commerce des armes est bien réel entre Israël et les Émirats depuis la normalisation en 2020. Il concerne principalement des systèmes anti-aériens (SPYDER, Barak 8, le Dôme de fer -Iron Dome-), des drones et technologies électroniques, et s’appuie aussi sur la coopération industrielle. Bien que les contrats spécifiques restent sensibles, le commerce s’est accéléré depuis 2022, avec une visibilité publique croissante depuis 2024–2025 via les salons d’armement comme le salon IDEX  qui a lieu tous les deux ans. Lors de l’exposition IDEX tenue en février 2025, 34 firmes israéliennes spécialisées dans l’armement étaient présentes. La société émiratie EDGE spécialisée dans l’armement collabore activement avec les entreprises israéliennes du secteurs de l’armement comme Elbit, Rafael, IAI, RT, Thirdeye.

 Y a-t-il une collaboration directe des forces armées émiraties avec l’armée israélienne ?

Oui, il y a une collaboration militaire même si elle n’est pas officiellement revendiquée par les deux parties. Cette collaboration s’explique d’ailleurs en partie par l’hostilité de ces deux pays à l’égard de l’Iran et de son influence dans la région. Il en va de même de leurs intérêts communs contre les Houthis au Yémen.

Depuis le début de la guerre au Yémen en 2015, les Émirats arabes unis ont accru leur présence militaire dans la région, notamment sur l’île principale de Socotra, officiellement yéménite. Les EAU ont occupé cette île, y ont installé une base militaire et coopèrent sur place avec l’armée israélienne. L’archipel de Socotra, situé au large du Yémen dans l’océan Indien, contrôle des voies maritimes cruciales entre la mer Rouge et le golfe d’Aden. Environ 20 000 navires de transport passent chaque année à proximité de l’archipel de Socotra, dont 9 % visant l’approvisionnement mondial annuel en pétrole. Lire : Karim Shami, “Tyranny on the waters : The UAE-Israeli occupation of Yemen’s Socotra Island”, 24/03/2023, https://thecradle.co/articles-id/916# Lire également : “UAE, Israel expand spy bases in Yemen’s Socotra under US-sponsorship : Report”, 29/07/2024, https://thecradle.co/articles-id/26154
Les EAU collaborent aussi avec Israël, l’Inde et plusieurs pays de l’UE (Italie, Allemagne, France, Grèce) dans le projet d’une voie terrestre reliant le golfe de Dubaï au port de Haïfa au travers de la péninsule arabique via Riyad en Arabie saoudite afin d’éviter le passage par le canal de Suez pour le commerce Asie-Europe. Lire : https://www.jns.org/uae-israel-land-corridor-operating-despite-war/ Il s’agit aussi d’une certaine manière de développer une alternative aux nouvelles routes de la soie développées par la Chine. Lire : https://www.gisreportsonline.com/r/imec/

 En quoi consiste la collaboration des EAU avec les Etats-Unis sur le plan militaire ?

Il est important de souligner que les EAU sont le seul pays membre des BRICS à avoir sur son territoire une base militaire permanente des Etats-Unis, ce qui a évidemment des liens avec la politique de collaboration avec Israël. La présence militaire des États-Unis aux Émirats arabes unis (EAU) est importante, stratégique et durable, s’inscrivant dans une coopération bilatérale de défense renforcée depuis la guerre du Golfe en 1991. A proximité de la capitale des EAU, les États-Unis disposent d’une base militaire accueillant des avions de chasse (F-22, F-35 occasionnellement), des avions de surveillance (AWACS, JSTARS), des drones armés (MQ-9 Reaper), des avions ravitailleurs, etc. Cette base constitue une plateforme logistique clé pour les opérations américaines dans le Golfe Persique, en Irak et en Syrie, pour le commandement CENTCOM (Middle East/Asie centrale) et pour la surveillance de l’Iran. Les effectifs sont d’environ 2 000 à 3 000 militaires étasuniens stationnés de façon permanente ou de manière rotative. Les États-Unis ont déployé aux EAU des systèmes de défense antimissile comme les Patriot PAC-3. Les EAU collaborent avec la Cinquième Flotte américaine, basée à Bahreïn. Les EAU participent à des exercices navals conjoints et à des initiatives comme la Coalition internationale pour la sécurité maritime dans le détroit d’Hormuz. Les EAU garantissent un accès aux ports émiratis pour la flotte américaine et ses alliés.

 Comment se comporte l’Éthiopie envers Israël ? Y a-t-il une coopération militaire entre Israël et l’Éthiopie ?

Il existe aussi depuis novembre 2020 un accord de coopération entre le Mossad et le service de sécurité éthiopien (NISS), couvrant l’échange d’expertise et la lutte anti-insurrectionnelle

Malgré le génocide en cours à Gaza, la coopération militaire entre Israël et l’Éthiopie, pays membre à part entière des BRICS, se poursuit.

D’après plusieurs sources, Israël demeure l’un des principaux fournisseurs militaires de l’Éthiopie, notamment à travers la vente de systèmes de défense aérienne comme le Spyder-MR, destiné à protéger le Grand Barrage de la Renaissance Éthiopienne contre toute attaque aérienne.

La coopération militaire s’inscrit dans la durée malgré les changements de régimes à Addis Abeba. Elle remonte aux années 1960–1990 : Israël a formé des unités parachutistes et des forces de contre-insurrection pour l’armée éthiopienne (Division Nebelbal), fourni 150 000 fusils, des bombes à fragmentation, et dépêché des conseillers militaires pour entraîner la Garde présidentielle (lire https://en.wikipedia.org/wiki/Ethiopia%E2%80%93Israel_relations). Il existe aussi depuis novembre 2020 un accord de coopération entre le Mossad et le service de sécurité éthiopien (NISS), couvrant l’échange d’expertise et la lutte anti-insurrectionnelle.

En raison du génocide en cours à Gaza, le partenariat militaire entre l’Éthiopie et Israël est relativement discret, mais contribue de façon notoire à la stratégie sécuritaire éthiopienne et à l’influence israélienne en Afrique de l’Est. Cela inclut l’échange de renseignements, la coordination stratégique et le renforcement des capacités éthiopiennes. Lire : https://hiiraan.com/news4/2025/Mar/200683/israel_ethiopia_discuss_joint_efforts_to_combat_al_shabaab_and_houthis.aspx

À noter qu’Israël entretient dans cette région d’excellents rapports avec le régime de Museveni en Ouganda (qui était représenté au sommet des BRICS à Rio par la vice-présidente). Lire en anglais : www.alestiklal.net/en/article/how-israel-is-penetrating-the-african-continent.

Le volume du commerce entre Israël et l’Éthiopie est faible, environ 100 millions de dollars par an. Par contre, des entreprises israéliennes sont de plus en plus intéressées par des investissements dans le domaine agricole en Éthiopie.

 Quelles relations l’Indonésie entretient-elle avec Israël ?

L’Indonésie a importé des technologies d’espionnage et de surveillance d’Israël

L’Indonésie, premier pays musulman en population et membre des BRICS à part entière, n’entretient pas de relations diplomatiques officielles avec Israël mais la réalité est bien différente. En mai 2024, une enquête conjointe menée par le quotidien israélien Haaretz, Amnesty International et Tempo a révélé que l’Indonésie avait importé des technologies d’espionnage et de surveillance d’Israël. L’enquête révèle que l’Indonésie a importé et déployé entre 2017 et 2023 une large gamme de logiciels espions hautement intrusifs et d’autres technologies de surveillance sophistiquées. Plusieurs entreprises israéliennes ont été identifiées comme fournisseuses indirectes : NSO Group (via Q Cyber Technologies SARL, Luxembourg) qui a produit le logiciel espion Pegasus, Intellexa Consortium connu pour son logiciel Predator, Candiru / Saito Tech,Wintego Systems Ltd. Les logiciels espion acquis par l’Indonésie, comme Pegasus, Predator, etc., sont conçus pour être : ultra-invisibles, infecter sans interaction explicite, permettant la gestion d’images, messages, appels, position, etc. Parmi les acteurs ayant acquis ces technologies figurent la Police nationale indonésienne (Polri), l’Agence nationale de cybersécurité et cryptographie (BSSN), et selon certains médias, le Ministère de la Défense. Amnesty a averti que ces dispositifs représentent un risque majeur pour les droits civiques, notamment la liberté d’expression et la vie privée. Lire en français : https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2024/05/unravelling-a-murky-network-of-spyware-exports-to-indonesia/

A la mi-juillet 2025, l’Indonésie a officiellement rejoint le « groupe de La Haye » lors du sommet d’urgence de Bogotá organisé les 15 et 16 juillet  2025 (https://thehaguegroup.org/meetings-bogota-fr/ ). Elle figure ainsi parmi les 13 pays qui se sont engagés à appliquer des mesures concrètes et coordonnées pour faire respecter le droit international face au génocide en cours à Gaza.

A part cela, le volume du commerce entre Israël et l’Indonésie est faible, moins de 200 millions de dollars par an.

Tableau synthétique 1 – Relations des pays membres des BRICS avec Israël
Pays Usage du terme « génocide » Sanctions contre Israël Participation à la plainte devant la CIJ
Chine ❌ Non ❌ Non ❌ Non
Russie ❌ Non ❌ Non ❌ Non
Inde ❌ Non ❌ Non ❌ Non
Brésil ✅ Oui ❌ Non 🟡 Annonce d’intention (juillet 2025
Afrique du Sud ✅ Oui ❌ Non ✅ Oui (plainte dès décembre 2023)
Iran ✅ Oui 🟢 Rupture historique ❌ Non (déjà hostile à Israël)
Égypte ✅ Oui ❌ Non ✅ Oui
Indonésie ❌ Non (pas d’usage officiel) ❌ Non ❌ Non
Éthiopie ❌ Non ❌ Non ❌ Non
Émirats Arabes Unis ❌ Non ❌ Non ❌ Non
Tableau synthétique 2 – Relations des pays membres des BRICS avec Israël
Pays Commerce avec Israël (pendant le conflit) Coopération militaire avec Israël Commentaire
Chine ✅ Très élevé (+ de 20 milliards de $, la Chine est le principal fournisseur commercial d’Israël). Cela inclut des drones civils qui sont reconvertis en armement par l’armée israélienne ❌ Non La Chine est le principal fournisseur commercial d’Israël. La Chine a investi des sommes considérables dans les infrastructures portuaires d’Israël
Russie ✅ Assez important et en progrès (+ de 3 milliards de dollars US ❌ Non mais présence de Russes dans les opérations militaires de l’armée israélienne à Gaza sans que Moscou les critique Environ 1 million de Juifs russes sont arrivés en Israël depuis les années 1990. Entre 300 000 et 500 000 Israéliens pourraient détenir un passeport russe (en plus de leur passeport israélien).
Inde ✅ Élevé (≈ 10 milliards $) et en augmentation ✅ Forte (achat d’armes, drones, partenariat Adani-Elbit) L’Inde s’est abstenue à l’ONU sur un arrêt des livraisons d’armes à Israël
Brésil ✅ Modéré (≈ 2 milliards $) ✅ Coopération technologique via Elbit Systems Contrat de fourniture de 36 canons avec Elbit gelé mais pas annulé
Afrique du Sud ✅ Exportation de charbon ❌ Non mais l’entreprise d’armement sud-africaine Paramount Group collabore avec Israël Incohérence entre plainte et commerce
Iran ❌ Aucun commerce officiel ❌ Non
🟢 Rupture historique
Structurellement opposé à Israël
Égypte ✅ Échanges accrus en 2024 (gaz) ✅ La collaboration militaire égypto-israélienne est réelle, intense, mais cachée A réprimé la Marche mondiale pour Gaza
Indonésie ✅ Faible mais réel (≈ 200 millions $) ✅ Technologies de surveillance israéliennes L’Indonésie a rejoint le « groupe de La Haye » en juillet 2025
Éthiopie ✅ Faible (≈ 100 millions $) ✅ Achat de systèmes de défense israéliens Coopération sécuritaire discrète mais réelle
Émirats Arabes Unis ✅ Élevé (5 milliards $ et en croissance en 2025) ✅ Très active, collaboration directe 34 firmes israéliennes présentes au salon d’armement à Abou Dhabi en février 2025

Légende :
• ✅ = Oui
• ❌ = Non
• 🟡 = Annonce d’intention
• 🟢 = Déjà rompu ou en opposition historique

 Conclusion de la première partie Gaza et les BRICS : le refus de dénoncer le génocide et de prendre des sanctions

L’analyse détaillée des positions et des pratiques des pays membres des BRICS face au génocide en cours à Gaza révèle une contradiction flagrante entre leurs discours officiels – souvent centrés sur le droit international, le multilatéralisme et la souveraineté des peuples – et leurs actes concrets comme c’est le cas de l’invasion de l’Ukraine par la Russie ou des actions des EAU. En tant que BRICS+, les dix États membres se refusent à désigner comme tel le crime de génocide en train d’être perpétré à Gaza, pourtant largement documenté et dénoncé par des instances internationales et par Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations Unies.
Dans les faits, les BRICS n’ont pris en commun aucune mesure forte : pas de sanctions, pas de rupture des relations diplomatiques ou économiques, pas d’embargo, ni même de suspension symbolique de la coopération avec Israël. Au contraire, pour la majorité d’entre eux, les relations commerciales — notamment dans les domaines stratégiques de l’énergie, des technologies de surveillance, des infrastructures ou de l’armement — se sont poursuivies, voire intensifiées, en 2024 et 2025. L’Afrique du Sud fait certes figure d’exception par sa plainte devant la CIJ, mais cette action très positive est en contraction par la poursuite des exportations de charbon vers Israël et d’autres relations commerciales.
Le double langage diplomatique souligne une vérité fondamentale : malgré leur rhétorique sur un « ordre mondial plus juste », les BRICS défendent avant tout leurs intérêts géopolitiques, économiques ou sécuritaires, souvent au détriment des principes de justice internationale. Cette réalité met en échec les espoirs placés par certains secteurs progressistes dans la possibilité d’un pôle « alternatif » incarné par ce bloc.
Pour ceux et celles qui à gauche se font des illusions sur la volonté des BRICS de prendre des initiatives claires en faveur des peuples, le dernier sommet et leur attitude en tant que bloc par rapport au génocide à Gaza et à leurs relations avec Israël, devraient contribuer à leur ouvrir les yeux.

Dans la suite de la série, nous verrons que les dirigeants des BRICS soutiennent le mode de production capitaliste qui nous a menées au désastre actuel. Les BRICS sont favorables au maintien de l’architecture financière internationale (avec le FMI et la Banque mondiale en son centre) et commerciale internationale (OMC, traités de libre-échange,…) telle qu’elle existe. Les BRICS soutiennent le soi-disant capitalisme vert et ils font du greenwashing. Certains d’entre eux, telle la Russie, recourent à l’agression militaire contre d’autres peuples, comme c’est le cas en Ukraine. De la même manière et plus souvent que les autres, les Etats-Unis (et les puissances européennes) le font et l’ont fait à maintes reprises tout autour de la planète.

L’auteur remercie pour leur relecture et pour leurs conseils Gilbert Achcar, Omar Aziki, Patrick Bond, Joseph Daher, Sushovan Dhar, Fernanda Gadea, Gabriella Lima, Jawad Moustakbal, Maxime Perriot et Claude Quemar. L’auteur est entièrement responsable des opinions qu’il exprime dans ce texte et des erreurs éventuelles qu’il contient.

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Notes

[1“The Israeli military has weaponized a fleet of Chinese-manufactured commercial drones to attack Palestinians in parts of Gaza that it seeks to depopulate, an investigation by +972 Magazine and Local Call can reveal. According to interviews with seven soldiers and officers who served in the Strip, these drones are operated manually by troops on the ground, and are frequently used to bomb Palestinian civilians — including children — in an effort to force them to leave their homes or prevent them from returning to evacuated areas. Soldiers most commonly use EVO drones, produced by the Chinese company Autel, which are primarily intended for photography and cost around NIS 10,000 (approximately $3,000) on Amazon. However, with a military-issued attachment known internally as an “iron ball,” a hand grenade can be affixed to the drone and dropped with the push of a button to detonate on the ground. Today, the majority of Israeli military companies in Gaza use these drones. S., an Israeli soldier who served in the Rafah area this year, coordinated drone attacks in a neighborhood of the city that the army had ordered to be evacuated. During the nearly 100 days that his battalion operated there, soldiers conducted dozens of drone strikes, according to daily reports from his battalion commander that +972 and Local Call reviewed. In the reports, all Palestinians killed were listed as “terrorists.” However, S. testified that aside from one person found with a knife and a single encounter with armed fighters, the scores of others killed — an average of one per day in his battalion’s combat zone — were unarmed. According to him, the drone strikes were carried out with the intent to kill, despite the majority of victims being located at such a distance from the soldiers that they could not have posed any threat.” +972 Magazine, “‘Like a video game’ : Israel enforcing Gaza evacuations with grenade-firing drones”, 10 juillet 2025, https://www.972mag.com/drones-grenades-gaza-chinese-autel/

[2«  In regions affected by armed conflicts, companies face an increased risk of becoming complicit in serious violations of international humanitarian and human rights laws. Consequently, businesses operating in such environments must exercise enhanced due diligence to mitigate these heightened risks effectively. More specifically, when a product is misused in ways that contradict the company’s international obligations and non-violent values, particularly for military purposes leading to the commission of international crimes and grave human rights violations, the company must act decisively. It should take immediate steps to cease or prevent its contribution and use leverage to mitigate the remaining impact to the greatest extent possible. Euro-Med Human Rights Monitor emphasises that companies, including Autel Robotics—a Chinese electronics and drone manufacturer—must comply with international law.” Source : Euro-Med Monitor, “Chinese companies must prevent their arms, drones from being used in Israeli international crimes”, 1 juillet 2024, https://euromedmonitor.org/en/article/6387/Chinese-companies-must-prevent-their-arms,-drones-from-being-used-in-Israeli-international-crimes

[3Dans une interview avec Tucker Carlson, datant du 9 février 2024, Poutine a affirmé que «  L’Ukraine, sous contrôle occidental, a mené une guerre contre sa propre population dans le Donbass. Des enfants, des femmes, des personnes âgées ont été tués quotidiennement. Est-ce que ce n’est pas un génocide  ?  » https://www.youtube.com/watch?v=hYfByTcY49k

[4Précisons qu’au cours de 2024 et de 2025, Lavrov a commencé à utiliser le terme de génocide à propos de l’action d’Israël à Gaza. Il y a visiblement une division des rôles entre Poutine qui évite de dénoncer l’action génocidaire d’Israël et son ministre des affaires étrangères. Précisons aussi que Lavrov représentait la Russie au sommet des BRICS à Rio en juillet et qu’il n’a pas prononcé le terme génocide dans ces déclarations publiques pendant le sommet. Comme indiqué au début de l’article, le terme génocide ne figure d’ailleurs pas dans la déclaration finale du sommet de Rio à la rédaction de laquelle il a été associé.

[5“Indian companies like Adani-Elbit Advanced Systems India, Premier Explosives, and the state-owned Munitions India are actively supplying drones and weapons to Israel as it continues its genocidal war against the people of Gaza. In April, careful not to jeopardize these arrangements, India abstained from a UN ceasefire resolution that included calls for an arms embargo on Israel. Israel, in turn, has continued its uninterrupted supply of military equipment to India – a significant commitment as Israel has delayed over $1.5 billion in arms exports to other countries since October 2023. Since Prime Minister Narendra Modi’s rise to power in 2014 India has become a key player in Israel’s arms trade. As the world’s largest arms importer, the South-Asian country has become Israel’s most reliable buyer, accounting for 37 per cent of its total arms exports.” Mohammad Asif Khan, “Partners in power : Israel, India and the arms trade”, 1 January 2025, New Internationalist, https://newint.org/arms/2025/partners-power-israel-india-and-arms-trade

[6“Extractive energy and mining conglomerates, while providing sources of civilian energy, have fuelled Israel’s military and energy infrastructures – both used to create conditions of life calculated to destroy the Palestinian people.” https://www.un.org/unispal/document/a-hrc-59-23-from-economy-of-occupation-to-economy-of-genocide-report-special-rapporteur-francesca-albanese-palestine-2025/ et https://www.ohchr.org/en/documents/country-reports/ahrc5923-economy-occupation-economy-genocide-report-special-rapporteur

[7“South Africa’s most recent position, outrightly hostile to Israel and very sympathetic to Hamas, culminating in dragging the State of Israel to the International Court of Justice (ICJ), could well have led to South Africa being punished and excluded from AGOA–a prospect that still looms over U.S.-S.A. relations.” Source : Ivor Ichikowitz, “South Africa should be truly non-aligned–and stop risking its vital trade ties with the West”, Fortune, 26 janvier 2024, https://fortune.com/2024/01/26/south-africa-non-aligned-risk-vital-trade-ties-west-us-biden-israel-politics/

[8“The military-industrial complex has become the economic backbone of the State. Between 2020 and 2024, Israel was the eighth largest arms exporter worldwide. The two most prominent Israeli weapons companies – Elbit Systems, established as a public-private partnership and later privatized, and state-owned Israel Aerospace Industries (IAI) – are among the top 50 arms manufacturers globally. Since 2023, Elbit has cooperated closely on Israeli military operations, embedding key staff in the Ministry of Defense, and was awarded the 2024 Israeli Defense Prize. Elbit and IAI provide a critical domestic supply of weaponry, and reinforce Israel’s military alliances through arms exports and joint development of military technology.  » Point 31 https://www.un.org/unispal/document/a-hrc-59-23-from-economy-of-occupation-to-economy-of-genocide-report-special-rapporteur-francesca-albanese-palestine-2025/ et https://www.ohchr.org/en/documents/country-reports/ahrc5923-economy-occupation-economy-genocide-report-special-rapporteur

[9“Drones, hexacopters and quadcopters have also been omnipresent killing machines in the skies of Gaza. Drones largely developed and supplied by Elbit Systems and IAI have long flown alongside these fighter jets, surveilling Palestinians and delivering target intelligence. In the last two decades, with support from these companies and collaborations with institutions like Massachusetts Institute of Technology (MIT), Israel’s drones acquired automated weapons systems and the ability to fly in swarm formation.” Point 33.

[10Les accords d’Abraham sont deux traités de paix entre Israël et les Émirats arabes unis d’une part et entre Israël et Bahreïn d’autre part. Le premier, entre Israël et les Émirats arabes unis, est annoncé le 13 août 2020 par le président des États-Unis Donald Trump. Ils sont signés le 15 septembre 2020 à la Maison-Blanche à Washington, accompagnés d’une déclaration tripartite signée aussi par le président américain en tant que témoin. Ces accords sont prolongés par ceux avec le Soudan, et le Maroc. Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Accords_d%27Abraham

[11“The United Arab Emirates has become a sub-imperial power in Africa, investing in ports, airports and infrastructure projects to extract resources and increase its global political and military influence. Understanding the UAE’s role in reshaping regional geopolitics is critical for resistance and justice movements to challenge imperialist power structures effectively.” Husam Mahjoub “The emerging sub-imperial role of the United Arab Emirates in Africa” , TNI, 4 February 2025, https://www.tni.org/en/article/the-emerging-sub-imperial-role-of-the-united-arab-emirates-in-africa

[12“Emirates Airlines’ first flight took off on 25 October 1985, flying from Dubai to the Pakistani city of Karachi, using an aircraft leased from Pakistan International Airlines. Today, Emirates has a fleet of more than 260 aircraft, serving over 136 destinations worldwide. In 2023, Dubai International Airport was ranked as the world’s busiest hub for international passengers for the tenth consecutive year. Jebel Ali Port, located off the coast of Dubai, was inaugurated in 1979, followed by the establishment of the Jebel Ali Free Zone six years later. In 2023, it was the world’s tenth-busiest container port.” Husam Mahjoub “The emerging sub-imperial role of the United Arab Emirates in Africa” , TNI, 4 February 2025, https://www.tni.org/en/article/the-emerging-sub-imperial-role-of-the-united-arab-emirates-in-africa

[13“Throughout the 2010s, in many ways the sub-imperial ambitions of the UAE and Qatar mirrored the Israeli model. (external link) Despite being small in both size and population and situated in a hostile regional environment, they leveraged their wealth and strategic relationships with Western powers to exert influence across the region. Both nations have supported various factions, including mercenaries and insurgents, to advance their national interests and assert regional dominance. ” Husam Mahjoub “The emerging sub-imperial role of the United Arab Emirates in Africa” , TNI, 4 February 2025, https://www.tni.org/en/article/the-emerging-sub-imperial-role-of-the-united-arab-emirates-in-africa

[14“Using the framework of sub-imperialism, a concept that was introduced by the Brazilian Marxist scholar and activist Ruy Mauro Marini (external link), provides valuable insights for analysing the UAE’s strategies and impacts. It demonstrates how the UAE can simultaneously be both a subject of imperialism and an agent of imperialist practices within its spheres of influence while challenging traditional imperialist actors. Sub-imperialism, in this context, refers to a phenomenon where a country, while not being a major global imperial power, acts in ways that align with or support the interests of imperial powers and behaves in an imperialist manner within its own region.” Husam Mahjoub “The emerging sub-imperial role of the United Arab Emirates in Africa” , TNI, 4 February 2025, https://www.tni.org/en/article/the-emerging-sub-imperial-role-of-the-united-arab-emirates-in-africa

[15Vincent Lucchese, «  Capter le CO2, un cadeau empoisonné pour les pays du Sud  », Reporterre, 11 décembre 2023, https://reporterre.net/Capter-le-CO2-un-cadeau-empoisonne-pour-les-pays-du-Sud

[16Adam Hanieh, «  Blanchissement de carbone – La «  nouvelle ruée vers l’Afrique  » du Golfe  », CADTM, 14 aout 2024, https://www.cadtm.org/Blanchissement-de-carbone-La-nouvelle-ruee-vers-l-Afrique-du-Golfe

Auteur.e

Eric Toussaint Docteur en sciences politiques des universités de Liège et de Paris VIII, porte-parole du CADTM international et membre du Conseil scientifique d’ATTAC France.
Il est l’auteur des livres, Banque mondiale – Une histoire critique, Syllepse, 2022, Capitulation entre adultes : Grèce 2015, une alternative était possible, Syllepse, 2020, Le Système Dette. Histoire des dettes souveraines et de leur répudiation, Les liens qui libèrent, 2017 Bancocratie, ADEN, Bruxelles, 2014 Procès d’un homme exemplaire, Éditions Al Dante, Marseille, 2013 Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010. Il est coauteur avec Damien Millet des livres AAA, Audit, Annulation, Autre politique, Le Seuil, Paris, 2012 La dette ou la vie, Aden/CADTM, Bruxelles, 2011. Ce dernier livre a reçu le Prix du livre politique octroyé par la Foire du livre politique de Liège.
Il a coordonné les travaux de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015 par la présidente du Parlement grec. Cette commission a fonctionné sous les auspices du parlement entre avril et octobre 2015.

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