Ukraine : pourquoi LF« I » ment ? Par Patrick Le Tréhondat.

Par aplutsoc le 26 août 2025
La France insoumise martèle contre toute évidence que partis et syndicats sont interdits en Ukraine. Tout observateur même distrait ou tout visiteur de l’Ukraine constate facilement que ce n’est pas le cas. Du 4 au 8 août, le syndicat étudiant Priama Diia a tenu librement et démocratiquement son troisième congrès en présence d’une soixantaine de délégués. Quelques jours plus tard le syndicat du personnel soignant Soyez comme nous sommes a organisé une conférence syndicale à Odessa. A Lviv, le groupe féministe l’Atelier féministe a tenu une réunion publique le 4 août sur le thème « Qui sont les féministes ? Contre qui et pourquoi se battent-elles ?». Le 20 août 2025, à Kharkiv, des syndicalistes de la confédération syndicale FPU (3 millions de membres) se sont réunis. Et le 20 août, l’organisation socialiste Sotsialnyi Rukh a tenu à Kyiv, rue Yaroslavska, 35a, une réunion sur la situation des travailleurs dans les infrastructures critiques, notamment en présence de Kateryna Izmaylova du Syndicat des cheminots et des conducteurs de transports d’Ukraine. La tenue du registre des activités quotidiennes des syndicats et partis (et surtout de gauche) en Ukraine serait un travail fastidieux qui rempliraient des centaines de pages.

Mais alors pourquoi LFI ment-elle sur la réalité sociale et politique de l’Ukraine ? Pourquoi méprise-t-elle à ce point le prolétariat ukrainien et ses organisations et les mouvements sociaux ?

1/ Pour LFI, la Fédération de Russie est un État anti-impérialiste politiquement « déformé » ou « dégénéré » avec des traits autoritaires. En conséquence, elle peut à la fois la soutenir contre l’impérialisme américain et ses alliés européens et regretter la répression qui frappe certains de ses opposants (choisis par ses soins) et même leur apporter son soutien. Elle peut également déplorer, à l’occasion, l’absence de démocratie dans la Fédération. Mais en dernier ressort, puisqu’elle analyse la situation mondiale en termes d’affrontements entre États et non en termes de lutte de classes, la Fédération de Russie constitue d’abord et avant tout un point d’appui à défendre contre l’impérialisme américain, ennemi unique et principal et qu’il ne faut pas trop affaiblir par des critiques inconsidérées en regard des enjeux internationaux.

2/ Dans ce cadre, le mouvement ouvrier et les mouvements sociaux ukrainiens ne peuvent pas exister. Car la reconnaissance de leur existence et leurs activités, indépendantes de l’État ukrainien, parfois contre lui lorsqu’il s’agit de défendre des acquis et droits sociaux, obligerait à reconnaître une démocratie sociale ukrainienne mille fois supérieure à la dictature poutiniste. Ce déni de réalité a, par ailleurs, l’insigne avantage de tirer un trait d’égalité entre le régime de Kyiv et celui de Moscou en termes de normes démocratiques. L’un et l’autre se valent à cette aune. A la différence près, et essentielle, que celui du Kremlin s’oppose aux États-Unis alors que celui de Zelensky en est le jouet. Il est par conséquent essentiel d’effacer dans l’équation tronquée le facteur X que constitue l’existence des organisations ouvrières et des mouvements sociaux ukrainiens. Effacement qui permet de choisir raisonnablement la Fédération de Russie contre l’Ukraine et de valider comme légitime ses ambitions coloniales comme forme de résistance anti-impérialiste. Même si dans un sanglot furtif, LFI peut regretter l’agression russe contre l’Ukraine, mais nécessité « anti-impérialiste » fait loi. Même contre la vérité.

25 août 2025

Patrick Le Tréhondat

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1 Comment

  1. L’Europe chrétienne de l’Ouest, riche de ses 29 nations est toujours un nain politique et militaire. Il reste assimilé à la sphère d’influence des USA. La Russie est de plus en plus inféodée à la puissance chinoise. La ligne de partage entre ces deux blocs prédateurs traverse l’actuelle Ukraine. Les ambitions diplomatiques non alignées françaises ont été mises en veilleuse sous Sarkozy et Hollande. Macron les a probablement définitivement éteintes en passant sous la coupe de Wall Street. Le troisième reniement de notre Humanité après les désastres de l’esclavage colonial chrétien et celui des génocides du XXème siècle a lieu aujourd’hui en Palestine. Ces trois reniements nous mettent probablement définitivement à dos tous les pays qui pouvaient espérer une autre voie entre deux blocs rivaux totalisant moins de 3 milliards d’humains sur 8 milliards.
    Les seuls à même de faire face aux appétits de Poutine sont certainement ceux qui bordent la Russie/Biélorussie. 100 millions d’habitants très motivés d’un côté de cette frontière en gestation pour les « démocraties » et 155 millions d’habitants plus ou moins volontaires de l’autre côté. Sauf pour l’insulaire Angleterre, la volonté de ne pas s’engager de la part des autres démocraties européennes est proportionnelle à la distance kilométrique qui les sépare de la ligne de front.
    Les récits idéologiques et nationaux habillent de mieux en mieux les évolutions des cours du blé, des énergies fossiles, des terres rares, des données et des industries de plus en plus florissantes de l’armement.
    Ils annoncent la fin des tentatives d’écriture d’un Droit International et cachent pour l’heure à nos insatiables appétits les guerres, les famines, les migrations et les épidémies qu’accélèrent encore un indicible changement du climat.

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