
“Wokisme” vs “antiwokisme” : une réalité à deux vitesses
Il est devenu courant d’entendre dénoncer un supposé “wokisme” devenu omniprésent, accusé de censurer, de fragmenter la société, de menacer la liberté d’expression ou même de miner la démocratie. Pourtant, lorsqu’on tente de cerner précisément ce qu’est le “wokisme”, on se heurte à une difficulté majeure : il n’existe pas de doctrine claire, ni de corpus unifié, ni même d’acteurs cohérents s’en réclamant comme d’un mouvement politique structuré.
Contrairement au marxisme, à l’existentialisme ou à toute autre pensée constituée, il n’existe aucun manifeste “woke”, aucun projet politique global “woke”. Ce que l’on regroupe sous ce terme vague renvoie à des luttes diverses, menées dans des contextes variés : contre le racisme systémique, contre les violences sexistes, pour les droits LGBTQIA+, pour la mémoire postcoloniale… Autant de combats qui, historiquement, ont souvent été à l’avant-garde de l’élargissement démocratique.
En revanche, l’antiwokisme, lui, est une construction idéologique claire et identifiable, avec une origine, des objectifs, des relais médiatiques et des porte-paroles. Il émerge dans les années 2010 aux États-Unis, porté par des cercles conservateurs soucieux de reprendre la main sur la culture et l’université. Donald Trump en fera une arme de mobilisation politique majeure. Depuis, le discours s’est exporté.
En Belgique, cette logique a trouvé ses relais dans les figures de Bart De Wever et de Georges-Louis Bouchez. Sous des formes différentes – nationalisme identitaire d’un côté, libéralisme autoritaire de l’autre – ils convergent dans la dénonciation de tout ce qui, selon eux, remet en cause les fondements traditionnels de la société.
Mais de quoi parle-t-on vraiment ? L’antiwokisme ne s’attaque pas à un courant réel et homogène, mais cherche à délégitimer toute remise en cause de l’ordre établi. Il s’agit de marginaliser les approches critiques en sciences sociales (féminisme, études postcoloniales, théorie queer, etc.) en les caricaturant comme des dérives émotionnelles, dogmatiques ou communautaristes.
Ce discours a deux fonctions principales :
1. Neutraliser les critiques des rapports de pouvoir structurels, en les réduisant à des sensibilités individuelles ou des “caprices identitaires”.
2. Rétablir un récit autoritaire de l’universel, dans lequel seules les élites traditionnelles auraient le droit de dire ce qui est “républicain”, “rationnel” ou “démocratique”.
Or, il faut le rappeler : les théories critiques ne rejettent pas l’universel. Elles contestent un usage hégémonique et aveugle de l’universel, qui ignore la manière dont il a historiquement servi à exclure des populations entières : femmes, personnes racisées, minorités sexuelles, colonisés, etc.
Ce que l’antiwokisme appelle “division de la société” est en réalité une demande de reconnaissance et de justice. Ce qu’il nomme “idéologie woke” est souvent l’expression d’une exigence démocratique plus radicale et plus inclusive.
La rhétorique antiwoke fonctionne précisément parce qu’elle inverse les rôles : les dominés deviennent les oppresseurs, les revendications deviennent des menaces, les luttes deviennent des dérives.
Il est donc essentiel de renverser la perspective :
Le “wokisme” n’est pas une idéologie constituée.
L’antiwokisme, lui, l’est bel et bien.
Et son objectif n’est pas la nuance ou le débat, mais la conservation des hiérarchies sociales, sous couvert de rationalité ou de bon sens.
Il est devenu courant d’entendre dénoncer un supposé “wokisme” devenu omniprésent, accusé de censurer, de fragmenter la société, de menacer la liberté d’expression ou même de miner la démocratie. Pourtant, lorsqu’on tente de cerner précisément ce qu’est le “wokisme”, on se heurte à une difficulté majeure : il n’existe pas de doctrine claire, ni de corpus unifié, ni même d’acteurs cohérents s’en réclamant comme d’un mouvement politique structuré.
Contrairement au marxisme, à l’existentialisme ou à toute autre pensée constituée, il n’existe aucun manifeste “woke”, aucun projet politique global “woke”. Ce que l’on regroupe sous ce terme vague renvoie à des luttes diverses, menées dans des contextes variés : contre le racisme systémique, contre les violences sexistes, pour les droits LGBTQIA+, pour la mémoire postcoloniale… Autant de combats qui, historiquement, ont souvent été à l’avant-garde de l’élargissement démocratique.
En revanche, l’antiwokisme, lui, est une construction idéologique claire et identifiable, avec une origine, des objectifs, des relais médiatiques et des porte-paroles. Il émerge dans les années 2010 aux États-Unis, porté par des cercles conservateurs soucieux de reprendre la main sur la culture et l’université. Donald Trump en fera une arme de mobilisation politique majeure. Depuis, le discours s’est exporté.
En Belgique, cette logique a trouvé ses relais dans les figures de Bart De Wever et de Georges-Louis Bouchez. Sous des formes différentes – nationalisme identitaire d’un côté, libéralisme autoritaire de l’autre – ils convergent dans la dénonciation de tout ce qui, selon eux, remet en cause les fondements traditionnels de la société.
Mais de quoi parle-t-on vraiment ? L’antiwokisme ne s’attaque pas à un courant réel et homogène, mais cherche à délégitimer toute remise en cause de l’ordre établi. Il s’agit de marginaliser les approches critiques en sciences sociales (féminisme, études postcoloniales, théorie queer, etc.) en les caricaturant comme des dérives émotionnelles, dogmatiques ou communautaristes.
Ce discours a deux fonctions principales :
1. Neutraliser les critiques des rapports de pouvoir structurels, en les réduisant à des sensibilités individuelles ou des “caprices identitaires”.
2. Rétablir un récit autoritaire de l’universel, dans lequel seules les élites traditionnelles auraient le droit de dire ce qui est “républicain”, “rationnel” ou “démocratique”.
Or, il faut le rappeler : les théories critiques ne rejettent pas l’universel. Elles contestent un usage hégémonique et aveugle de l’universel, qui ignore la manière dont il a historiquement servi à exclure des populations entières : femmes, personnes racisées, minorités sexuelles, colonisés, etc.
Ce que l’antiwokisme appelle “division de la société” est en réalité une demande de reconnaissance et de justice. Ce qu’il nomme “idéologie woke” est souvent l’expression d’une exigence démocratique plus radicale et plus inclusive.
La rhétorique antiwoke fonctionne précisément parce qu’elle inverse les rôles : les dominés deviennent les oppresseurs, les revendications deviennent des menaces, les luttes deviennent des dérives.
Il est donc essentiel de renverser la perspective :
Le “wokisme” n’est pas une idéologie constituée.
L’antiwokisme, lui, l’est bel et bien.
Et son objectif n’est pas la nuance ou le débat, mais la conservation des hiérarchies sociales, sous couvert de rationalité ou de bon sens.
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