90 ans de la fondation du POUM

90 ans de la fondation du POUM : il ne s’agit pas seulement d’apprendre du passé, mais aussi de penser à l’avenir (Pelai Pagès, Enrique del Olmo, Andy Durgan, Miguel Salas)

Par aplutsoc le 2 septembre 2025

Pelai Pagès, Enrique del Olmo. Andy Durgan et Miguel Salas sont membres de la Fondation Andreu Nin, qui préserve l’héritage et la mémoire historique du POUM.

Source du texte : www.sinpermiso.info, 30 août 2025

En septembre 1935, le Parti ouvrier d’unification marxiste (POUM) est fondé à Barcelone. Il est le fruit de la convergence du Bloc ouvrier et paysan (BOC – Bloc Obrer i Camperol ) et de la Gauche communiste, d’origine trotskiste. Mais surtout, il est né de la convergence d’une génération de militants aux origines et aux trajectoires très diverses, allant du nationalisme républicain de gauche et de l’anarcho-syndicalisme au socialisme et au communisme nés de la Révolution russe de 1917.

Ces femmes et ces hommes acceptèrent de lutter pour la transformation de l’Espagne de l’époque. Ils ne comptaient pas se limiter à quelques réformes, ni changer quelques choses sans changements fondamentaux ; ils souhaitaient bouleverser les conditions sociales et politiques qui permettraient aux classes ouvrières de surmonter le retard, la misère et l’exploitation subis depuis des générations. La République de 1931 avait suscité d’immenses espoirs, mais elle ne parvint pas à résoudre les problèmes majeurs et graves du pays : le pouvoir des banquiers et des propriétaires fonciers, l’influence de l’Église et celle de l’armée ; et sous le couvert de tous ces pouvoirs réactionnaires, la menace du fascisme et la tradition de coups d’État de l’armée grandissaient. Le POUM ne cessait d’alerter sur le danger d’un coup d’État militaire et réactionnaire qui anéantirait les acquis, aussi limités soient-ils, de la République.

Pour les femmes et les hommes fondateurs du POUM, lutter contre les inégalités sociales et les menaces fascistes signifiait combattre le capitalisme et ouvrir la voie à une transformation démocratique et socialiste de la société. Ils étaient guidés par l’unité des forces de gauche, incarnée par l’Alliance ouvrière qui alimenta le soulèvement des Asturies d’octobre 1934 et le soulèvement catalan du 6 octobre, ainsi que par la nécessité d’unifier les organisations marxistes en un seul parti.

Pour remédier au retard des campagnes et aux abus des propriétaires fonciers, ils exigeaient la nationalisation des terres et leur distribution aux paysans. Pour améliorer les conditions de vie des classes ouvrières, ils exigeaient des augmentations de salaires et une réduction du temps de travail. Pour développer l’économie, ils prônaient la nationalisation des banques et des industries de base du pays. Ils proposaient une réorganisation républicaine du territoire de la péninsule Ibérique fondée sur la reconnaissance du droit à l’autodétermination des nations et des peuples qui la composent (Espagne, Portugal, Catalogne, Galice et Pays basque). Pour atteindre ces objectifs démocratiques et révolutionnaires, il était nécessaire que les classes travailleuses prennent le pouvoir et engagent un processus vers le socialisme.

Cela pouvait paraître utopique et irréaliste, mais la révolution de 1936, en réponse au coup d’État de Franco, a montré que l’initiative des masses pouvait aller encore plus loin. C’est ainsi que les transformations révolutionnaires ont changé le pays où la réaction fasciste avait été vaincue. George Orwell l’a décrit ainsi dans son Hommage à la Catalogne : « Pour la première fois de ma vie, je me suis retrouvé dans une ville où la classe ouvrière tenait les rênes. Presque tous les bâtiments, quelle que soit leur taille, étaient aux mains des ouvriers et couverts de drapeaux rouges ou de la bannière rouge et noire des anarchistes ; les murs arboraient la faucille, le marteau et les initiales des partis révolutionnaires. »

Cependant, la guerre tourna à l’avantage des partisans de Franco, avec le soutien de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste, tandis que le camp républicain s’abstenait de poursuivre les acquis révolutionnaires ; ceux-ci furent même annulés, et une campagne répressive fut déclenchée, à l’initiative des forces staliniennes, contre les hommes et les femmes du POUM qui soutenaient le socialisme. Comme l’a dit Albert Camus : « L’assassinat d’Andreu Nin marque un tournant dans la tragédie du XXe siècle. »

Pour commémorer le 90ème anniversaire du POUM, la Fondation Andreu Nin organise une série d’événements à Barcelone les 26, 27 et 28 septembre. Nous voulons préserver la mémoire de son parcours historique, mais surtout, nous voulons que ses expériences, avec leurs succès et leurs erreurs, soient prises au sérieux par les nouvelles générations.

Quatre-vingt-dix ans ont passé et les temps ont changé, mais certains des problèmes auxquels ils ont été confrontés présentent des similitudes : la crise du capitalisme sous sa forme actuelle, la résurgence du fascisme, les guerres actuelles et les nouvelles menaces militaires, les inégalités croissantes, etc. Comprendre et discuter de l’expérience du POUM peut être utile pour le présent. Son idée d’unité de la classe ouvrière, exprimée à l’époque sous la forme de l’Alliance ouvrière, peut constituer une réponse à la montée de la vague réactionnaire et pro-fasciste. La lutte des classes et le rôle moteur de la classe ouvrière sont des éléments décisifs pour une alternative socialiste au capitalisme ; une vision démocratique et la défense de l’autodétermination des différentes nations de la péninsule ibérique ; la défense du républicanisme face à la monarchie et une conception démocratique de l’organisation de l’État ; et la rupture, toujours en suspens en Espagne, entre l’État et l’Église. Il ne s’agit pas de se contenter de ce qui est, mais de générer une perspective de changement révolutionnaire en réponse aux différentes crises sociales, politiques et écologiques que traverse la société. Un changement qui doit être construit sur des conditions de pleine égalité, rejetant le patriarcat et favorisant une relation mixte entre tous les peuples, sans distinction de sexe, d’origine ou de culture.

Ces réflexions et ces débats sont ce que nous voulons voir exprimé de nos jours. Ils sont ouverts à la participation de tous et à l’avis et au débat commun afin que la mémoire du passé puisse être une référence pour l’avenir.

Nous t’attendons.

Programme des journées

Vendredi 26 septembre

Espai Veinal Calbria 66 (c/ Calabre, 66)

  • 18h30 Hommage à Maria Teresa Carbonell
  • L’actualité de l’héritage du POUM, avec Gerardo Pisarello (pré-pondérateur pour Comuns), Vidal Aragonés (ancien député de la CUP) et Laura Camargo (ex députée au Parlement des Baléares) Anticapitalistas). Modératrice : Cristina Monge, politologue.

Samedi 27 septembre

Espaces pour la mémoire révolutionnaire: la route du POUM

Locaux des CCOO (Via Laietana, 16)

  • 16 heures – Les femmes du POUM, avec les historiennes Marta Brancas, Isabella Lorusso et Cindy Coignard. Modératrice : Montserrat Vila, Plate-forme contre les Violences de Genre.
  • Récital de chansons de Teresa Rebull, chœur de Visca la Vida.
  • Lecture dramatisée par l’actrice Carme Sansa.
  • 18 heures – Le POUM dans la révolution espagnole, avec les historiens Reiner Tosstorff, Pelai Pagès et Dolors Maron. Modératrice : Sonia Herrera, journaliste.

Dimanche 28 septembre

Centre culturel La Model (c/Entenza, 155)

  • 10 heures – Répression et contre-révolution : les prisonniéres et les prisonniers du POUM, avec Pelai Pagès et Andy Durgan.
  • 12 heures – Nouveau regard sur l’histoire du POUM, avec les historiens Irene Vigil, Albert Portillo et Dani Cortijo.

Source : site de la Fondation Andreu Nin

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