
L’ex-président a accusé les juges d’avoir rendu une décision « politique » et d’être motivés par la « haine », des propos qui lui ont valu un recadrage ce lundi matin.
POLITIQUE – De sa prise de parole en sortant de l’audience à son interview fleuve dans le très droitier JDD, Nicolas Sarkozy a multiplié les attaques contre la justice au cours des derniers jours. L’ancien président n’a pas digéré sa condamnation à de la prison ferme le 25 septembre dernier et il l’a fait savoir. L’ex-maire de Neuilly a fait appel de la décision et avec ses avocats, ils ont fustigé un « procès politique » et accusé les juges d’avoir été motivés par la « haine ».
Des déclarations qui, sans surprise, ont fortement agacé les magistrats liés à son dossier. Invités respectivement dans les matinales de France Inter et RTL, le président du tribunal de Paris et le procureur du Parquet national financier ont répondu très sèchement aux accusations de l’ex-président, largement reprises depuis plusieurs jours dans les rangs de la droite et de l’extrême droite.
« Nous n’avons pas de haine à exprimer […] notre boussole c’est la règle de droit », a rétorqué le chef du PNF, Jean-François Bohnert, au cours d’une interview sur RTL dont vous pouvez voir un extrait ci-dessous. Après avoir nié avoir « un problème personnel avec Nicolas Sarkozy », il a démenti les accusations selon lesquelles sa juridiction ciblerait particulièrement les hommes politiques. Reconnaissant que le public du PNF « émane plutôt de la sphère politique », le magistrat a rappelé qu’il s’agit d’un état de faits et non d’« une volonté du parquet ».
Jean-François Bohnert a aussi eu des mots très forts pour dénoncer les menaces visant depuis le jugement la présidente de la chambre qui a condamné Nicolas Sarkozy. « C’est proprement insupportable et inadmissible », a-t-il cinglé, rappelant que les attaques ont été dénoncées jusqu’au sommet de l’État. Deux enquêtes judiciaires ont d’ailleurs été ouvertes et confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne.
« Discréditer un juge, c’est une atteinte à l’État de droit »
« On est en train de marcher sur la tête, quand on vient critiquer avec violence et menaces de mort un tribunal, c’est l’État de droit qui est menacé », a insisté le chef du PNF, considérant que « la démocratie est en danger […] dès lors qu’on s’en prend à la justice de façon aussi véhémente, aussi violente. » Le président du tribunal judiciaire de Paris, Peimane Ghaleh-Marzban, était lui aussi très remonté.
Dans une interview sur France Inter dont vous pouvez écouter un extrait ci-dessous, il est revenu sur les graves accusations de Nicolas Sarkozy dans le JDD, affirmant que « toutes les limites de l’État de droit » avaient « été violées » et allant jusqu’à parler de « véritable dérive dans notre démocratie ». Ce qui « est une atteinte à l’État de droit, ce sont des menaces contre les juges » et non un jugement « rendu minutieusement », a-t-il tranché, « c’est inacceptable et ça devrait être un électrochoc ».
Soulignant que « la liberté d’expression permet de critiquer une décision de justice », le magistrat estime que s’en prendre au juge et le « discréditer », c’est « une atteinte à l’État de droit ». Peimane Ghaleh-Marzban a aussi fait valoir que la justice avait « tenu compte de la situation professionnelle de Nicolas Sarkozy » en assortissant la peine de prison d’un effet différé. « Dans la pratique judiciaire, cinq ans d’emprisonnement, il y a très habituellement un mandat de dépôt » et « les menottes auraient dû être passées à la barre à M. Sarkozy », a-t-il souligné.
« J’ai l’impression que les uns et les autres découvrent la réalité de la justice de notre pays. Mais tous les jours, allez en comparution immédiate, les personnes sont incarcérées alors qu’elles peuvent faire appel », a-t-il encore assuré.
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