
Le texte optimiste ci dessous, dans un blog de 4,5 millions d’abonnés, qui reflète le sentiment de nombreux américains aujourd’hui est de Robert Reich, né le 24 juin 1946 à Scranton, un universitaire et homme politique américain, professeur à l’université de Berkeley, membre de l’aile gauche du Parti démocrate.
« Mes amis,
Je ne peux pas vous dire exactement comment je le sais, mais après soixante ans passés en politique, j’ai développé un sixième sens, et ce sixième sens me dit que le vent tourne désormais contre Trump. Tout ce qui s’est passé la semaine dernière le prouve.
Lundi, il a porté plainte contre le Times dans une action en justice qui, selon CNN, se lisait « comme une tribune pro-Trump, avec des pages et des pages d’éloges enthousiastes pour le président ».
Mardi, il a accusé le journaliste Jonathan Karl et son employeur, ABC News, de tenir des propos haineux à son encontre, et a prévenu que Pam Bondi, la procureure générale, pourrait les poursuivre.
Mercredi, après que Brendan Carr, son fidèle président de la FCC
Arcom), a fait pression sur ABC pour qu’elle suspende Jimmy Kimmel, il a affirmé que la « SUPPRESSION » de Kimmel était une « excellente nouvelle pour l’Amérique » et a exhorté NBC à licencier Jimmy Fallon et Seth Meyers.

Jeudi, il a déclaré que les chaînes de télévision avaient été méchantes avec lui et que Brendan Carr pourrait devoir commencer à leur retirer leurs licences. « Quand vous avez une chaîne avec des émissions en soirée et qu’ils ne font que s’en prendre à Trump », a-t-il déclaré, « Ils n’ont pas le droit de faire ça. Cette chaîne est une branche du Parti démocrate. »
Vendredi, il a laissé entendre que toute couverture négative à son sujet était « véritablement illégale ». S’adressant aux journalistes dans le Bureau ovale, il a déclaré : « Ils prennent une excellente nouvelle et la déforment. Voyez-vous, je pense que c’est totalement illégal », ajoutant : « Personnellement, on ne peut pas tolérer ça, on ne peut pas raconter n’importe quoi si on a la chance de pouvoir suivre des chaînes de télé gratuitement du gouvernement américain. »
Samedi, il a exigé que Bondi poursuive plusieurs de ses rivaux politiques, alors même que les grands jurys et les procureurs fédéraux n’avaient trouvé aucune preuve d’actes répréhensibles. Il a exigé qu’elle le fasse « MAINTENANT !!! ».
Dimanche, lors de la cérémonie commémorative de Charlie Kirk, il a exprimé son désaccord avec la prétendue indulgence de Kirk envers ses adversaires idéologiques, ajoutant : « Je déteste mon adversaire et je ne veux pas son bien. »
On aurait presque pu sentir le grand géant endormi de l’Amérique ouvrir un œil et froncer les sourcils, puis cligner des yeux, se redresser et s’étirer, puis hurler : « Mais qu’est-ce qui se passe ? »
Immédiatement après la suspension de Kimmel, les téléspectateurs (250 000 en 3 jours) et clients de Disney ont commencé à résilier leurs abonnements à Disney+ et Hulu (chaîne de streaming) et à menacer d’un boycott plus large. Selon Strength in Numbers, le boycott de Disney a rapidement atteint quatre fois l’ampleur de tous les boycotts des cinq dernières années. L’action Disney a chuté d’environ 3,5 % et a continué de baisser les jours suivants, soit une perte de valeur boursière de quelque 4 milliards de dollars. Même Ted Cruz (sénateur du Texas à fond pro Trump) – Ted Cruz ! – a commencé à émettre de graves avertissements concernant la censure.
À ce moment-là, le géant rugissait et trépignait.
Lundi, Disney a décidé de remettre Kimmel à l’antenne. Et Kimmel a descendu en flèche Trump et ses attaques contre la liberté d’expression dés son retour pour sa première émission, passant de 240 000 personnes qui le regardaient auparavant en moyenne à 7, 5 millions grâce la volonté de Trump de le virer. Les sondages pour Trump étaient déjà en baisse avant l’explosion autoritaire de la semaine dernière. Maintenant, ils sont en chute libre. La victoire à 70% contre 30% de la candidate démocrate aux élections partielles en Arizona cette semaine en est un exemple. Sans parler de l’annonce d’une hausse des prix courants de 2,9% rien que pour le mois d’août à cause des tarifs douaniers, autant que pour toute l’année passée.
Je suis assez vieux pour avoir déjà vu le grand géant endormi de l’Amérique se réveiller.
La chasse aux sorcières communiste de Joe McCarthy a détruit d’innombrables carrières avant que le géant ne rugisse : « N’avez-vous aucune décence ? » McCarthy a fondu presque aussi vite que la Méchante Sorcière de l’Ouest. Sa popularité nationale s’est évaporée. Trois ans plus tard, censuré par ses collègues du Sénat, ostracisé par son parti et ignoré par la presse, McCarthy s’est tué à force d’alcool, brisé à quarante-huit ans.
Le géant a rugi à nouveau dix ans plus tard, après que la télévision eut montré des manifestants pour les droits civiques tabassés par des suprémacistes blancs. Le Congrès adopta alors la loi sur les droits civiques.
Il rugit à nouveau après la mort de dizaines de milliers de jeunes Américains dans la jungle du Vietnam, mettant enfin fin du coup à l’une des guerres les plus coûteuses, les plus meurtrières et les plus stupides du pays.
Il rugit à nouveau contre Richard Nixon après qu’on l’entendit sur un enregistrement comploter pour étouffer l’affaire du Watergate, puis a été contraint de quitter la Maison Blanche en hélicoptère pour rentrer en Californie.
La grogne reprend à nouveau contre l’actuel occupant sociopathe du Bureau ovale, qui ne tolère aucune critique et qui, en une semaine mouvementée, a révélé son mépris total pour la liberté des Américains de le critiquer, d’écrire ou de parler négativement de lui, voire de plaisanter à son sujet. Je suis peut-être trop optimiste, mais j’en ai vu beaucoup. Je connais les signes.
Le géant endormi demeure toujours endormi jusqu’à ce qu’une vénalité devienne si nocive, une action si irrespectueuse du bien commun, une brutalité si bruyante, qu’il n’ait d’autre choix que de se réveiller. Et lorsqu’il le fait, le bon sens du peuple américain le pousse à mettre fin à ce qui l’a réveillé.
Robert Reich
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