La vague #MeToo se heurte à l’inertie judiciaire
Depuis 2016, les plaintes explosent :
- +200 % pour viols sur majeur·es (7 169 en 2016, 22 352 en 2024),
- +100 % pour agressions sexuelles sur majeur·es (8 401 en 2016, 17 486 en 2024).
Mais les condamnations n’ont progressé que de 30 % (de 1 017 à 1 300). Résultat, le taux de condamnation a été divisé par deux en moins de dix ans :
- En 2016, 1 plainte sur 15 aboutissait à une condamnation.
- En 2022, 1 plainte sur 30 seulement aboutissait à une condamnation.
Un système judiciaire sous-dimensionné pour un crime de masse
Même avec ces faibles taux, les viols représentent déjà 62 % des crimes condamnés en 2023, bien plus que les homicides (25 %) ou le terrorisme (0,7 %).
Si toutes les plaintes allaient jusqu’au procès, il faudrait multiplier par dix le nombre de procès criminels en France.
Des condamnations de la France par la CEDH
En avril et septembre 2025, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné à quatre reprises la France pour revictimisation judiciaire : interrogatoires fondés sur la culture du viol, refus de caractériser la contrainte, délais excessifs, qualifiant ces pratiques de “traitements inhumains et dégradants”, de “discrimination” et de non “respect à la vie privée”.
Osez le Féminisme appelle à un sursaut politique : La condamnation par la CEDH de la France nous y oblige. Le Haut Conseil à l’Egalité le demande instamment et propose 61 recommandations pour changer de paradigme et mettre fin à l’impunité.
Pour Osez le Féminisme, l’impunité actuelle n’est pas une fatalité. Avec plus de 120 associations membres de la Coalition féministe pour une loi intégrale, nous appelons le gouvernement à :
- Adopter rapidement un projet de loi cadre intégrale, s’appuyant sur les 140 mesures déjà proposées, sans attendre que d’autres scandales ou condamnations internationales imposent un changement.
- Allouer dans le budget 2026-2027 les financements nécessaires tels que demandés : au moins les 2,6 milliards pour les violences sexistes et sexuelles, avec une part significative pour les violences sexuelles.
- Impliquer la société civile, les associations, les victimes elles-mêmes dans la construction et le suivi de la loi : ce sont elles qui vivent le parcours, elles connaissent les freins, elles doivent avoir une place dans l’évaluation.
- Renforcer les moyens de la justice : Cours d’assises, formation obligatoire des magistrats et magistrates, spécialisation des parquets.
- Garantir l’accompagnement des victimes : aide juridictionnelle automatique, déploiement de 300 structures pluridisciplinaires type Maisons des femmes, renforcement des UMJ et des centres de psychotraumatologie.
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