L’été des missiles (et drones) ukrainiens.
La vidéo que je vous mets dans ce post fait un historique du rôle des missiles dans l’autodéfense ukrainienne face à l’envahisseur néofasciste russe. C’est un document intéressant à plusieurs titres : en premier lieu car il est l’histoire de la réussite des Ukrainien.ne.s à s’émanciper, certes pour partie, mais cette partie est fondamentale, de leur dépendance incontournable vis-à-vis de l’aide de leurs alliés : aide militaire avant tout car de là dépendait, et dépend encore, que l’Ukraine soit toujours un Etat indépendant, un peuple indépendant, certes amputé d’une partie de lui-même mis sous domination totalitaire, mais dont l’indépendance se conçoit appelée à s’élargir jusqu’à réintégrer les compatriotes annexés.
Mais les Ukrainien.ne.s ont vite expérimenté et compris l’insuffisance de cette aide face au déséquilibre du rapport de force entre, d’une part, une nation ayant tout juste reconstruit, après avoir été tragiquement malmenée lors des premières incursions russes sur son territoire, une armée de résistance et, d’autre part, un Etat impérialiste ou sous-impérialiste, lourdement militarisé, considéré comme l’une des principales puissances militaires du monde, affichant ouvertement sa vocation expansionniste et barbare. C’est le courage, l’ingéniosité et la détermination d’une société civile venue en appui des plus actifs, y compris militairement parlant, de ses soldats qui a permis d’amortir, et de quelle façon, le choc de l’agression de février 2022 et à reprendre du terrain perdu. Et permet, à ce jour, à cette société civile de faire front face aux frappes massives qui la ciblent impitoyablement.
Cette intense dialectique du militaire et du civil, qui fait défaut à une Russie arrogante, quant à sa supériorité militaire, et optant, par là, pour la réduction policière à la passivité politique de sa société civile… Cette dialectique civile-militaire ukrainienne donc explique, en première instance, comment la résistance à l’envahisseur a empêché celui-ci de parvenir à ses fins, l’occupation de toute l’Ukraine. Et l’oblige à opter pour un médiocre grignotage militaire de km2 maintenu sur le front, extrêmement coûteux en vies humaines et en pertes matérielles, et ainsi, impuissance et humiliation de la puissance qu’il croit être, à déplacer son effort vers les attaques rageuses des zones civiles. Rageuses car celles-ci lui renvoient l’image, pour lui, le totalitaire, ahurissante, de ce qu’est une société civile mobilisée pour son indépendance nationale et se découvrant, paradoxalement grâce à lui, anti-impérialiste !
Mais, pour revenir à l’objet de la vidéo ci-jointe et sous cet éclairage du rôle essentiel de l’humain, civil et militaire, dans la résistance de l’Ukraine, celle-ci, n’en a pas moins oublié l’importance des moyens militaires à mettre en oeuvre pour que, sur le temps long, nécessairement long, cette résistance de l’humain, pardon pour l’image facile, se dote d’une main de fer : comme je l’ai dit, les Ukrainien.ne.s, puissamment soucieux de leur souveraineté, pas seulement contre l’ennemi, mais aussi par rapport à des Etats alliés, tout compte fait, parfois, velléitaires, parfois versatiles, parfois même, pleutres, lestant les capacités de résistance à coups de lignes rouges à ne pas dépasser et à coups d’armements fournis au compte goutte ou même délibérément non livrés, ont fini par prendre en main, avec implication, là encore, de la société civile, la fabrication de leurs armements. En cohérence avec le primat qu’ils et elles accordent à leur indépendance pour leur autodéfense !
C’est tout cela qui est l’amont de ce que nous montre cette vidéo consacrée à la production domestique de missiles : on savait, les Russes le savent à leurs dépens, que l’Ukraine était devenue une puissance, oui, une puissance, majeure dans la fabrication et l’utilisation des drones, la voilà qui atteint un niveau technologique stupéfiant dans sa propre fabrication des missiles de tous ordres, de croisière, balistiques…, à différentes portées (jusqu’à 3000 km) et avec des charges explosives toujours plus fortes. Cet été, cela a permis à l’Ukraine d’infliger des destructions massives, inédites, dans les structures de l’économie de guerre russe, ce qui explique les premiers grands revers sur le terrain subis par l’envahisseur depuis 2022. Le plus emblématique, comme évoqué ailleurs sur cette page FB étant celui du front de Pokrovsk qui, excusez du peu, est rien moins que l’objectif central d’une offensive d’été décevant les attentes du commandement russe. La petite musique, en cet fin d’été, de son échec pur et simple se fait de plus en plus audible à travers les failles s’élargissant du triomphalisme propagandiste du Kremlin.
Pour finir, chacun, sauf les pro-russes missionné.e.s pour répandre de l’intox, comprendra que ce que montre cette vidéo participe, ni plus ni moins, d’un gigantesque effort militaire ukrainien comme moyen de la libération nationale, centré, à la différence de ce que fait l’ennemi, sur le ciblage de sites militaires. Sans nécessité, ni volonté d’impacter la société civile russe : signe de la puissance morale et politique, au coeur de sa résilience militaire, d’un peuple qui ne voit en aucun peuple un ennemi !
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