
Le président américain a fortement incité son homologue ukrainien à accepter un accord de paix avec Vladimir Poutine, rapportent Reuters et le « Financial Times ».
INTERNATIONAL – L’échange ne s’est vraiment pas passé comme il l’aurait souhaité. En amont de sa rencontre avec Donald Trump le vendredi 17 octobre, Volodymyr Zelensky espérait obtenir de son homologue américain les « garanties de sécurité » qu’il réclame depuis des mois, voire son accord pour la livraison à Kiev de missiles étasuniens Tomahawk. Mais le président ukrainien est rentré bredouille, et a même eu droit à un gros coup de pression.
Donald Trump l’a pressé avec insistance d’accepter rapidement un accord de paix avec Vladimir Poutine, rapportent ce lundi 20 octobre plusieurs médias anglophones dont Reuters et le Financial Times, selon lesquels le locataire de la Maison Blanche a formulé une menace très claire. « Le message était, “Votre pays sera gelé [pendant l’hiver] et détruit” », si vous ne concluez pas d’accord, a rapporté à l’agence américaine une source proche du dossier, tandis qu’une autre, citée par le journal économique, assure que Donald Trump a lancé : « Si Poutine le souhaite, il va vous [l’Ukraine] détruire ».
L’échange a tourné à la « dispute houleuse »
Ce dernier indique que le locataire de la Maison Blanche a décrit l’invasion russe comme « une opération spéciale, même pas une guerre » – reprenant les éléments de langage russe. Indiquant que la discussion entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky a tourné plusieurs fois à la « dispute houleuse », le Financial Times n’hésite pas à faire un parallèle entre la rencontre de vendredi et celle du 28 février, où le président ukrainien avait été pris à partie devant les caméras par son homologue américain.
L’influence de Vladimir Poutine sur Donald Trump s’est aussi ressentie sur la question des échanges de territoires en Kiev et Moscou. Lors de leur entretien jeudi, le président russe a proposé à l’Américain de restituer les régions de Zaporijjia et de Kherson, qu’il ne contrôle que partiellement, moyennant quoi l’Ukraine doit renoncer à la totalité de la région de Donetsk, a rapporté le Washington Post.
Ce territoire, contrôlé aux trois quarts par les Russes, est une « région vitale stratégiquement » pour Kiev, selon deux sources haut placées citées par le journal américain. L’une d’elles a même insisté sur le fait que l’échange n’était pas à l’avantage des Ukrainiens. Cela n’a pas dissuadé les diplomates américains de le soumettre à Volodymyr Zelensky. Ils ont soumis la proposition évoquée par Vladimir Poutine la veille, selon une source de l’agence Reuters.
« Ils devraient s’arrêter sur les lignes de front actuelles »
Cette dernière précise que l’émissaire de Donald Trump en Russie, Steve Witkoff, fait partie de ceux qui ont « le plus agressivement pressé les Ukrainiens » d’accepter l’échange. Le milliardaire américain a repris un argument clef du Kremlin, arguant qu’une partie significative des habitants de la région de Louhansk sont russophones.
Dans ses prises de parole publiques, Donald Trump n’a pas évoqué d’échange de territoires, mais plutôt un accord basé sur la ligne de démarcation actuelle. « Nous pensons qu’ils devraient simplement s’arrêter là où ils en sont, sur les lignes de front », a-t-il affirmé face aux journalistes présents dans le Air Force One. « Le reste est très difficile à négocier si vous dites : “Vous prenez ceci, nous prenons cela », a-t-il poursuivi.
Interrogé pour savoir s’il avait demandé à Volodymyr Zelensky de céder toute la région du Donbass – qui correspond aux oblasts de Donetsk et Louhansk – aux Russes, Donald Trump a répondu par la négative avant de répéter : « Laissons les choses telles qu’elles sont. Je pense que 78 % du territoire est déjà occupé par la Russie. » Cette défense d’un statu quo diffère des souhaits de Moscou, mais semble toujours difficile à accepter pour Kiev.
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