À Gaza, les images saisissantes des Palestiniens sur le chemin du retour après le cessez-le-feu

Avec l’arrêt des combats et le retrait partiel de l’armée israélienne, des milliers de Palestiniens déplacés ont pris la route pour retourner à leur domicile.

INTERNATIONAL – C’est une population meurtrie mais poussée par l’espoir qui avance au milieu des décombres. Minés par deux ans de guerre, des milliers de Palestiniens ont pris la route vers le nord de la bande de Gaza ce vendredi 10 octobre, après l’annonce d’un cessez-le-feu dans l’enclave palestinienne.

Plus tôt dans la journée, gouvernement israélien a indiqué avoir approuvé la première phase de l’accord avec le Hamas, qui prévoyait la libération des otages dans les 72 heures, mais aussi le retrait des troupes israéliennes jusqu’à une « ligne convenue » avec les Américains « au sein de l’enclave », avait annoncé Donald Trump jeudi. Un retrait confirmé ce vendredi par l’émissaire américain Steve Witkoff sur X.

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De quoi redonner espoir aux femmes, hommes et enfants palestiniens, impatients de retrouver leurs maisons, même parmi les ruines. Le mouvement vers le nord a d’abord été timide, avant de grossier le long de la route al-Rachid. À la mi-journée une file de piétons s’étirait, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo ci-dessus, souvent sans effets personnels, si ce n’est des sacs à dos.

Quelques véhicules avançaient lentement dans le même sens au milieu de la foule, comme le montrent des images filmées par l’AFP à Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza. Certains dans le cortège scandent « Dieu est grand », applaudissent, sifflent en signe de joie.

Certaines zones de Gaza restent « extrêmement dangereuses »

Dans la foule, Ibrahim al-Helou, originaire de la ville de Gaza et qui était déplacé dans le camp de réfugiés d’al-Maghazi au centre du territoire palestinien, oscille entre enthousiasme et prudence. Quand il a commencé à rentrer chez lui, « la situation était dangereuse, avec des coups de feu », raconte le quadragénaire. Il dit avoir alors attendu un moment avant de reprendre la route vers Gaza pour vérifier l’état des maisons là-bas et « évaluer la situation ».

Ahmad Azzam, autre déplacé de la ville de Gaza, 35 ans, raconte avoir déménagé dès qu’il a appris le retrait des troupes. « Lorsque j’ai appris la nouvelle du retrait israélien et que la route serait ouverte dans les heures à venir, ma famille et moi nous sommes immédiatement rendus à al-Rachid Street pour retourner à Gaza », explique-t-il à l’AFP.

Trouvant la situation dangereuse, il a préféré attendre sur une colline surplombant la route côtière. « Seules quelques personnes prennent le risque d’avancer », a-t-il déclaré à midi, heure à laquelle le retrait des troupes a officiellement commencé. L’armée israélienne a averti ce vendredi la population de la bande de Gaza que plusieurs zones du territoire restaient « extrêmement dangereuses. »

Plus au sud, dans la grande ville de la partie méridionale du territoire Khan Younès, des centaines de déplacés retournaient eux aussi vers les ruines de leurs maisons, à la faveur du retrait de l’armée israélienne de plusieurs zones du territoire palestinien.

« Nous retournons chez nous, chargés de blessures et de chagrin »

Bidons et bouteilles d’eau vides à la main, à pied pour la plupart ou pour certains, rares, en vélo, ils avançaient entre les décombres de bâtiments détruits sur des chemins poussiéreux, selon des images de l’AFPTV. Au milieu d’un monticule de gravats, un homme jette des bouts de bois, semblant faire le tri de ce qui peut être récupéré.

« Cela fait deux ans que nous sommes déplacés, vivant sur les trottoirs, sans abri ni endroit où loger. Dieu merci, la trêve est proche », commentait dans la matinée Arij Abou Saadaeh, une Gazaouie déplacée en route vers chez elle à Bani Suheila, pleine d’espoir que « la trêve durera ». Elle dit « pleurer profondément » un fils et une fille morts pendant la guerre, mais se « réjouit » malgré tout « de la trêve et de la paix », car la trêve veut-elle croire « apporte aussi de la joie : le retour chez nous ».

Amir Abou Iyadeh, autre Gazaoui déplacé, âgé de 32 ans, raconte être déjà retourné la veille chez lui. « Nous retournons chez nous pour nettoyer, malgré les destructions, le siège et la douleur », dit-il, sac à dos rose sur le torse, tenant par une main sa fille, de l’autre main un bidon vide. « Nous retournons chez nous, chargés de blessures et de chagrin », mais « nous sommes heureux – même si nous retournons dans des ruines sans vie, au moins c’est notre terre. Espérons que le calme reviendra et que la guerre prendra fin. »

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