Affrontement à New York et problème du « timing » syndical.

 

Par aplutsoc2 le 22 octobre 2025

Les syndicats ont un rôle clef dans la possibilité même d’existence d’une société civile et donc de toute démocratie. Leur limite apparaît dès que la question du pouvoir central est posée. Elle prend alors la forme du timing décalé ou d’un mauvais timing.

Amis lectrices et lecteurs, vous pensez forcément, si vous avez lu jusque là, que nous allons parler de la France, et vous avez raison, il va falloir en parler, mais il y a plus pressant encore : les Etats-Unis.

De l’avis admis dans les médias, le 18 octobre a été la plus grande journée de manifestations de l’histoire des Etats-Unis (7 millions), même s’il y a a peut-être bien eu déjà 13 millions le 14 juin, et qui sais plus encore cette fois-ci …

Quoi qu’il en soit, cet immense mouvement démocratique sur le double slogan No King ( à bas Trump)/No Kings ( à bas les oligarques, Trump, Vance, Musk, Miller, Thiel et tout le gang) ne vient certainement pas du parti démocrate, ni même d’ailleurs de l’aile socialiste de Bernie et Alexandra Ocasio Cortez (qui y participent), mais de réseaux de base qui ont construit des journées nationales de manifestations sans précédents.

Leur importance est mondiale. Et les sections syndicales de base sont le plus souvent fortement présentes dans ce mouvement. Mais pas les sommets. Pas qu’ils n’y soient pas un peu, ils n’y sont absolument pas : les sommets, au niveau de l’Union et aussi au niveau, en général, des Etats, regardent ailleurs, dans le vide.

Il y a pourtant, dans l’AFL-CIO, une aile combative de renouveau, dont nous avons parlé ici, qui a gagné la direction de l’Automobile, l’UAW, avec Shawn Fain, et a mené de grandes grèves salariales victorieuses fin 2023. Ils ont appelé à voter Biden mais n’y reviennent pas et sont équivoques à propos des tarifs douaniers de Trump. L’UAW avait, fin 2023, évoqué la « grève générale » aux Etats-Unis pour le …1° mai 2028, oui, 2028. Ils appellent à faire converger les expirations de contrats collectifs de branche à cette date-là.

C’est irréel à présent, même si c’était intéressant de lancer ça fin 2023, au vu de la bataille de masse qui se déroule tout de suite, laquelle conditionnera, de toute façon, les droits collectifs, ou leur absence, en 2028.

Figurez vous qu’il existe des « syndicalistes révolutionnaires » français s’extasient devant cette combativité américaine en comparant la perspective du 2028 de l’UAW à l’appel du congrès de Bourges de la CGT, en 1904, à la grève générale le 1° mai 1906 pour la journée de 8 heures. Ils oublient juste un détail : quand la campagne du 1°mai 1906 est lancée en 1904, les antidreyfusards, monarchistes, bonapartistes et préfascistes, ont perdu, et l’Etat de droit n’est pas menacé mais il est en train de se renforcer avec le débat sur les lois laïques. Le syndicalisme ne saurait être « indifférent » à la politique et les syndicalistes révolutionnaires de 1904, en fait, ne l’étaient pas, eux.

Aux Etats-Unis aujourd’hui, l’Etat de droit s’effondre et la bataille pour les libertés conduit à la bataille pour le pouvoir. Fixer comme date clef le 1° mai 2028, c’est, concrètement, désarmer les citoyens et les travailleurs contre leurs pires ennemis, maintenant.

Et les dates sont claires :

1) élections municipales à New York le mardi 4 novembre (2025, pas 2028 !) : la victoire annoncée de Zohran Mamdani défiera le King et les Kings au point de vue national.

2) marche nationale, manifestation centrale du mouvement No King/No Kings/50501 le 22 novembre.

Le maire de Chicago, Brandon Johnson, dans un impressionnant discours à la manifestation de samedi, a employé les mots « grève générale » et a déclaré qu’il allait falloir affronter la police.

Attention, en toute rigueur, il n’a pas « appelé à la grève générale » comme le disent certains messages qui prennent leurs désirs pour la réalité, mais il s’est rapproché, lui, le maire démocrate d’une ville clef du pays, du peuple qui l’a élu en avançant fortement sur la voie de l’affrontement avec le pouvoir central – mais c’est le pouvoir qui l’a choisi – d’une ville où cet affrontement a commencé, le syndicat des instituteurs ( ce sont surtout des institutrices noires !) le CTU, Chicago Teachers Union, organisant la protection et l’autodéfense des écoles et des quartiers.

Et des pages FB grassroots (de base) ou démocrates appellent de leur vœux maintenant un « réveil syndical » en s’appuyant sur Chicago. C’est très important.

Gauchistes et sectaires qui font la fine bouche parce que ce sont des Démocrates ou qui dissertent sur Zohran Mamdani « politicien bourgeois », vous êtes hors sol : ceux-là sont en train de vous doubler par la gauche, en défendant la Constitution ! Car c’est ça le mouvement réel !

Mais attention, attention : le pouvoir lui aussi sait que le calendrier, ce n’est pas « le 1° mai 2028 » de l’UAW, mais les quatre prochaines semaines, et les bandes de ICE ont attaqué Chinatown, à New York, ce matin.

Les affrontements ont commencé à Chinatown . Et si la provocaition armée contre Chinatown préparait la suspension trumpiste du vote le 4 novembre ?

Les chefs de l’AFL-CIO et de l’UAW et leurs structures ont une responsabilité historique.

Autodéfense ! Préparation de la grève générale de défense de la démocratie contre les milliardaires dans tous les secteurs ! Montée à Washington le 22 novembre !

Ce champ est nécessaire.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*