
Arguments pour la lutte sociale | Lire sur le blog ou le lecteur |
Si l’on fait l’exégèse des hiéroglyphes souriants de M. Lecornu révélés mercredi soir en lieu et place du président Macron qui avait annoncé qu’il « prendrait ses responsabilités » ce soir là et n’en a rien fait, il en est ressorti que le même Macron aura théoriquement nommé un premier ministre ce vendredi soir, que la dissolution de l’Assemblée nationale n’est pas l’option première, et que la réforme des retraites est un sujet sur lequel il peut y avoir « un débat ». Cette crise au sommet, qui est bien une crise de régime, suscite souvent des réactions de torpeur indécise dans les couches militantes, à l’image de l’intersyndicale qui, après son ultimatum-bail jusqu’au 24 septembre donné à Lecornu, après le 18 et sa journée d’action du 2 octobre, avait convenu de se réunir le mardi 8 pour reporter ensuite cette réunion au mercredi, puis finalement au jeudi, décidant alors de ne rien décider, comme si un appel à l’action n’était possible que devant un projet de budget officiel. Le patronat, lui, ne cesse de chouiner, de trépigner et de protester que le débat public porte sur la fiscalité des riches et la suspension ou l’abrogation de la réforme des retraites, ou encore sur les 211 milliards de subventions sans contreparties qu’il a absorbées. Cette rage est partagée par M. Retailleau, qui tend la main au RN et auquel le RN tend la main. L’indécision inquiète dans les couches militantes doit donc être ramené à ses vraies causes : l’absence de mots d’ordre nationaux dans une situation qui, pourtant, l’exigerait. Car si en haut ils en sont à donner des signes d’ébranlement sur LE totem de Macron qu’est la réforme des retraites, laquelle devait être sa bataille à la Thatcher refaisant de lui un président jupitérien tout puissant pour son second quinquennat, ce en quoi il a totalement échoué, c’est que le mouvement de celles et de ceux d’en bas a porté haut et porté fort au mois de septembre 2025. La lame de fond du 10 septembre a renversé Bayrou avant même d’avoir lieu et l’unité syndicale a été imposée pour le 18 septembre, et dans les deux cas ce sont des grèves, des grèves politiques, qui ont balisé la profondeur et la force du mouvement. C’est pour cela que M. Lecornu ce mercredi soir a proféré de souriants hiéroglyphes dans lesquels tout était possible mais rien n’était fait. C’est aussi pour cela qu’ils ont peur d’une dissolution alors qu’ils veulent nous faire peur avec elle : la division pourrait être balayée et l’unité réalisée avec une majorité non pas du RN et de Retailleau, mais des partis issus du NFP, ce qui poserait de fait la question de la transformation de cette assemblée en assemblée constituante. Aucune illusion n’a lieu d’être sur ce qu’ils vont faire et essayer de faire en haut, du côté de l’Élysée et de Matignon, quelles que soient les combinaisons gouvernementales, et leur entrelacement avec les possibilités de dissolution et de démission de Macron. Mais en bas, nous ne devons pas nous sous-estimer. Nous devons au contraire prendre conscience de notre force, et en prendre conscience pour l’accroître. Car le dénouement de la crise de régime se fera ou bien par en bas et débouchera sur la marche à la démocratie, ou bien par en haut et débouchera sur la marche à la dictature. VP, le 10/10/2025. |
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