
Deux syndicats de l’entreprise publique pointent des défaillances plus larges après la double erreur, au 13h et au 20h de France 2, sur Dominique Bernard.
MÉDIAS – C’est une double erreur qui n’en finit plus de faire des remous en interne. Mardi 14 octobre, France Télévisions a dû présenter ses excuses pour une fausse affirmation la veille dans les JT de 13h et de 20h de France 2, où il a été dit par erreur que le professeur Dominique Bernard avait été tué en 2023 après avoir « montré des caricatures de Charlie Hebdo ».
Cette erreur a été commise par Julian Bugier à la mi-journée, puis par Léa Salamé lors du journal du soir. Tous deux évoquaient l’hommage rendu le jour même dans sa ville d’Arras au professeur de lettres poignardé à mort deux ans plus tôt par un de ses anciens élèves islamiste radicalisé. Mais Dominique Bernard n’a pas été, contrairement au professeur Samuel Paty en 2020, assassiné pour avoir présenté des caricatures de Mahomet à ses élèves.
Selon Le Parisien ce mercredi 15 octobre, les équipes du JT de 20 heures ont fait un copié-collé du texte du prompteur de celui de 13 heures, sans réaliser qu’il y avait donc une faute sur les faits. C’est pour cela que France Télévisions parle depuis d’une « erreur collective », pour laquelle Julian Bugier comme Léa Salamé ont présenté des « excuses sincères » dans leurs journaux respectifs de mardi.
Une situation rare qui attise aujourd’hui, malgré les diverses excuses, la colère des syndicats et qui les inquiète pour l’avenir des JT de la chaîne. La CGT France TV a ainsi publié un communiqué vindicatif ce mercredi en fin d’après-midi.
« Le navire amiral du 20h est en train de couler »
« Le navire amiral du 20h est en train de couler », s’alarme le syndicat, pointant du doigt « la faillite d’un système forgé pendant plusieurs dizaines d’années au sein de l’antenne de France 2 ». « Ploutocratie, méritocratie, endogamie, réseau, élitisme, c’est ce cocktail toxique qui explose aujourd’hui », lance-t-il.
« Malgré toute la cohorte de chefs et directeurs qui relisent la moindre virgule, (…) pas de rectification en direct », s’agace la CGT, précisant que « c’est encore plus grave quand une directrice et un rédacteur en chef présents en régie sont informés de l’extérieur de l’erreur, mais décident de ne pas faire de rectificatif en direct à la fin du JT ».
Le syndicat pointe plus globalement « les dérives éditoriales qui s’accentuent depuis la rentrée [et qui] sont le signe d’un système arrivé à bout de souffle. Ce ne sont plus les journaux de la rédaction, mais du petit groupe de décideurs éditoriaux. »
« La conséquence est visible à l’antenne : aucune diversité, récurrence de sujets sur des thématiques autour du fait divers, de la consommation et du people, unicité des approches et de la pensée. Et on ne parle pas du ton des commentaires dans les sujets… », déplore encore la CGT.
« Bloquons tout », Marion Cotillard…
Des critiques qui avaient déjà été soulevées après la couverture par le JT de 20 heures du mouvement « Bloquons tout » le 10 septembre. Léa Salamé avait aussi été épinglée pour une question sur la vie privée de Marion Cotillard, qui avait semblé troubler l’actrice. Malgré tout, selon une source proche du JT de 20 heures au Parisien, tout avait été calé en amont et Marion Cotillard savait que Léa Salamé allait lui poser une question sur sa rupture amoureuse avec Guillaume Canet.
Par ailleurs, le syndicat SNJ (Syndicat national des journalistes) de France Télévisions avait dénoncé mardi « une faute impardonnable » sur l’épisode Dominique Bernard. « Comment la même erreur, grossière, a-t-elle pu être commise deux fois le même jour ? », s’interrogeait le premier syndicat de journalistes.
« Un simple communiqué ou un mail envoyé aux équipes ne peut effacer une telle faute, hélas révélatrice de dysfonctionnements internes très inquiétants », objectait le SNJ, en demandant que la direction reçoive les syndicats « pour évoquer les suites à donner ».
Dans un message interne consulté par l’AFP, le directeur de l’information de France Télévisions, Alexandre Kara avait lui pointé mardi « une erreur d’importance » et appelé « l’ensemble des équipes rédactionnelles à une vigilance renforcée ». « Nous allons analyser la chaîne des événements qui a conduit à ce ratage », écrivait-il, ajoutant : « nous allons devoir encore améliorer la chaîne de contrôle éditoriale des textes de nos éditions, pourtant importante, mais visiblement pas suffisante ».
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