
Arguments pour la lutte sociale | Lire sur le blog ou le lecteur |
La crise au sommet de l’État n’est pas la crise du macronisme : celui-ci est déjà mort et le problème, pour cet État et pour le capital qu’il sert, est « quoi faire » du corps du roi, toujours installé en son sommet. C’est la crise du régime de la V° République. Le danger immédiat est que le spectacle de cette crise en haut hypnotise et paralyse, et ce danger n’existe que parce que l’intersyndicale existe maintenant pour attendre et ne rien faire, et parce que les partis issus du NFP ont choisi de se diviser entre PS d’un côté et LFI de l’autre. Il est donc important de « rassurer » et « conforter » les militants, de gauche, syndicalistes et écologistes, dans la mesure où ils sont une médiation importante entre les plus larges masses et la question du pouvoir. Redisons-leur donc que la réforme des retraites de Macron est réellement sur la sellette, pour une raison : cette contre-réforme était le maillon central de la tentative finale de Macron de restaurer l’autorité présidentielle par un coup « à la Thatcher ». Toute la crise présente découle de son échec et c’est le mouvement social politique décisif de septembre 2025 qui est la cause de l’accélération actuelle. Abrogation, suspension, report d’une partie de son application, « mise en débat » : la question réelle n’est en rien celle du nombre de milliards que cela « coûterait » (de toute façon l’application de la réforme coûte très cher aux travailleurs, aux familles et aux retraités, voilà le vrai coût), elle est celle du pouvoir présidentiel de la V° République qui a commencé à se déliter. C’est pour cela que LR et Horizons, se fermant toute autre voie que l’union des droites avec le RN, ne veulent pas qu’on y touche, n’iront pas au gouvernement Lecornu 2, de peur que la fonction présidentielle ne finisse de s’effondrer alors qu’ils lui ont eux-mêmes porté des coups décisifs pour tenter de régler le problème Macron. Inversement, l’abrogation de la réforme des retraites fait corps, dans les profondeurs sociales, avec l’exigence pleine et entière de démocratie. Elle serait une victoire qui ne sauverait nullement le gouvernement, que le PS vote la censure ou non. Disons ensuite à ces couches militantes qu’il ne faut pas avoir peur d’une élection législative. Assurément, ce serait un très, très rude combat. Mais très rude pour quoi ? Pour imposer l’unité. Nous pouvons dans ce cas escompter un sursaut qui combine ce qui s’est passé en juin 2024 quand le NFP a été imposé, et ce qui s’est passé en septembre 2025 avec Bloquons tous et les grèves politiques. Mélenchon comme Glucksmann, Bompard comme Hollande, peuvent être remis à leurs places. Et une majorité des partis issus du NFP être élue. Ce qui, ipso facto, poserait la question de l’auto-institution de l’Assemblée en Assemblée constituante. Il n’est pas question ici d’un optimisme aveugle : cette voie est la seule alternative au rétablissement dictatorial, poutino-trumpiste, de la V° République sous l’égide de l’union des droites racistes, cléricales et fascistes 2.0. Dans l’immédiat, Macron et Lecornu vont encore essayer de faire durer. Par exemple, nous pourrions avoir, en cas de censure, un gouvernement « démissionnaire » en roue libre, poursuivant la casse sociale au motif d’un budget non adopté, ou peaufiné par les groupes RN, de droite et du centre à l’Assemblée nationale, et des « marchés financiers affolés », pendant des semaines : la censure elle-même, on le sait maintenant, ne met plus un point final aux gouvernements fantômes de l’exécutif zombi ! Et les hauts fonctionnaires de l’appareil d’État, qui n’ont rien à voir avec les agents, fonctionnaires ou non, des services publics, les préfets, recteurs, directeurs d’ARS …, en roue libre eux aussi, foncent en avant pour fermer écoles et lits d’hôpitaux et casser les aides publiques : il va falloir les arrêter ! La crise en haut doit être dénouée par en bas. Le 12/10/2025. |
Poster un Commentaire