Le phénomène de l’obéissance de masse durant le confinement.

Deux sociologues, Nicolas Mariot et Théo Boulakia ont étudié le phénomène de l’obéissance de masse durant le confinement. L’expérience francaise est singulière pour ne pas dire unique ne serait-ce que par les chiffres du contrôle policier de la population.
En France : 21 millions de contrôles des individus. 21 000 000 de vérifications.
1,2 million de verbalisations. 1 200 000 amendes
En GB : 17 000 amendes
Pays Bas : 13 000 amendes
Belgique : 50 000 amendes
La comparaison des choix français avec les choix d’autres pays proches (Allemagne, pays nordiques, Suisse, Royaume-Uni…) n’est d’ailleurs pas du tout flatteuse : l’analyse montre l’ampleur et la profondeur des restrictions des libertés, des mesures de surveillance et des sanctions sur le territoire français. La France se situe dans le peloton de tête des pays les plus restrictifs, ayant déployé les surveillances les plus poussées, et verbalisé le plus leurs citoyens (aux côtés de l’Italie, du Kosovo, de l’Albanie, de l’Ukraine, de la Serbie, de la Roumanie, de la Hongrie, de l’Espagne…)
Grâce à des données géographiques, les auteurs soulignent l’usage disproportionné des amendes COVID-19 à l’encontre de jeunes hommes noirs et maghrébins, afin de les chasser des espaces publics. Forts de ces résultats, les auteurs constatent que « les acharnements les plus spectaculaires s’expliquent moins par le comportement des populations que par les initiatives locales des maires et des responsables policiers, dans des départements obnubilés par la question sécuritaire et parfaitement équipés pour la surveillance de masse » (p. 182)
Au-delà des différences de réglementation, l’ouvrage montre les inégalités des individus devant les lois et règlements, et les applications de ceux-ci : si le confinement a « démocratis[é] » l’expérience du contrôle (p. 145) et si « l’assiette des contrôlables s’est élargie » (p. 181), les inégalités devant l’attitude des forces de l’ordre persistent, tout comme les inégalités économiques entre territoires. En particulier, les territoires les plus pauvres sont les territoires les plus verbalisés. Dans un chapitre spécifique, les auteurs soulignent aussi les différences de genre : les réalités de l’enfermement et des pratiques de contrôle ont été particulièrement défavorables aux femmes (p.
334-363).
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