
Pascal Moysan
Jamais, dans notre pays, le conflit entre le capital et le travail n’a été aussi brutal, aussi visible, aussi décisif. Ce n’est plus une abstraction, ni un débat d’intellectuels : c’est la réalité quotidienne de millions de femmes et d’hommes qui travaillent, qui produisent, qui soignent, qui enseignent, et qui voient pourtant leur vie laminée au nom d’une seule loi, celle du profit.
Le capital, aujourd’hui, ne négocie plus. Il exige. Il prend. Il impose sa loi par tous les moyens, utilisant l’État, la finance, la dette, les institutions, les médias. Il transforme chaque activité humaine en marchandise et chaque collectivité en source de profit. Plus aucun compromis n’est possible.
La logique est simple et implacable. Pour continuer à croître et à accumuler des fortunes jamais vues, le capital doit extraire toujours plus de valeur du travail. Il impose des conditions de travail plus dures, des salaires stagnants ou compressés, plus de précarité et moins de protections sociales.
TOUTE LA SOCIÉTÉ DEVIENT UNE MARCHANDISE À FAIRE DU PROFIT
Dans les hôpitaux, des lits sont fermés, des postes supprimés, non parce que les besoins diminuent, mais parce que soigner ne rapporte pas assez aux grands groupes et aux fonds d’investissement.
Dans l’énergie, des entreprises comme EDF ou ENGIE voient leur budget contraint, leurs investissements limités, tandis que TotalEnergies engrange des milliards et licencie des équipes de terrain.
Dans les transports, des lignes ferroviaires sont abandonnées, des projets publics suspendus, parce qu’ils ne génèrent pas un profit immédiat. Dans l’industrie, on ferme des usines entières, même si elles produisent efficacement, parce qu’elles ne rapportent pas assez aux actionnaires.
Chaque décision du capital transforme le quotidien des travailleurs en une course pour la survie, et non pour le progrès social ou la richesse collective.
LA DOMINATION CAPITALISTE ÉTRANGLE LE DÉVELOPPEMENT DE LA SOCIÉTÉ
Le premier pilier de cette domination est la finance. Des fonds comme BlackRock ou Vanguard détiennent des milliards d’actifs dans nos entreprises, nos retraites, nos services publics. La dette publique est devenue un instrument pour transférer la richesse des travailleurs vers les marchés financiers : chaque euro pris par l’État pour maintenir la santé, l’éducation ou l’industrie est minutieusement scruté par les créanciers privés, qui dictent indirectement les politiques publiques. Ce sont eux qui imposent l’austérité, qui conditionnent les budgets des hôpitaux et des collectivités, qui décident de la fermeture ou de la privatisation des services publics. La finance n’est pas seulement un secteur : elle est le cœur invisible de la domination capitaliste.
Dans le domaine de l’énergie, la logique est identique. Les grands groupes privés et multinationales captent les investissements publics et les subventions pour orienter la transition énergétique vers des projets rentables et financiarisés, tandis que des solutions moins lucratives mais essentielles pour la souveraineté énergétique sont abandonnées. On ferme des centrales efficaces, on retarde des projets de production renouvelable publique et on n’investit pas suffisament dans l’énergie nucléaire. Les sanctions contre la Russie nous ont rendu dépendant des Etats-Unis et nos entreprises paient l’énergie deux ou trois fois plus Cher, et on laisse des milliers de travailleurs et de collectivités locales avec des factures énormes . La domination du capital dans l’énergie ne met pas seulement en danger la sécurité économique : elle menace directement notre vie quotidienne et notre capacité collective à décider.
La santé et les services publics suivent la même logique. L’hôpital public, les EHPAD, les services sociaux sont systématiquement compressés, non par manque de personnel disponible ou de besoins, mais parce que la rentabilité est la règle. Les travailleurs de la santé sont épuisés, les patients souffrent, et chaque réforme « d’efficacité » n’est qu’un transfert de ressources du public vers le privé. Quand une clinique privée capte les moyens insuffisants qui sont alloués , le bien commun s’appauvrit, et le monde du travail voit ses conditions se dégrader. La privatisation et la sous-traitance de services essentiels ne sont pas des erreurs : elles font partie de la stratégie de domination capitaliste.
Les transports et l’industrie sont encore plus illustratifs. SNCF, aérien, automobile, chimie, métallurgie : partout, le capital impose la restructuration, la fermeture d’usines, le chômage partiel, et la délocalisation. ArcelorMittal, Vallourec, de grandes usines de chimie ou de sidérurgie ferment ou réduisent leurs activités, non par incapacité technique, mais parce qu’elles ne rapportent pas assez aux actionnaires. Pendant ce temps, des actionnaires et fonds financiers engrangent des profits massifs. Le travail productif, là où naît la richesse réelle, est sacrifié pour alimenter les comptes bancaires des plus riches.
Même les hautes technologies et la recherche sont colonisées par le capital. Nos brevets, nos innovations, nos laboratoires sont rachetés par des multinationales, nos start-ups financiarisées sont dirigées par des fonds d’investissement, et nos ingénieurs voient leurs travaux exploités pour enrichir des actionnaires plutôt que pour développer la société. Le capital capte la connaissance, contrôle l’avenir technologique, et empêche toute stratégie publique indépendante de développement scientifique ou industriel.
Dans ce contexte, l’État cesse de protéger le travail et devient un instrument de transfert des richesses vers le capital : fiscalité avantageuse pour les plus riches, dette publique au service des marchés, suppression progressive des budgets publics. L’idéologie dominante dépolitise le travail, divise les salariés, neutralise les contestations. Les partis qui prétendent défendre les travailleurs se limitent souvent à l’électoralisme ou à la protestation symbolique, laissant l’initiative au capital et à son travail de division et de
démoralisation.
PAS D’ILLUSION : SOCIALISME OU BARBARIE
Face à ce système, il n’existe plus de compromis. Le capital ne cédera rien de sa domination volontairement. La seule issue possible est celle que le monde du travail impose par son organisation, sa force et sa conscience collective.
Nous sommes arrivés au tournant historique où le Parti communiste doit jeter toutes ses forces dans la politisation marxiste du monde du travail. Le PCF doit consacrer 80% de son temps militant en direction des travailleurs par des initiatives très nombreuses vers les entreprises.
Malgré la difficulté et l’ampleur de la tâche, malgré la répression patronale, Il faut réinvestir les lieux de production, comprendre où naît la richesse, dénoncer sa captation par la finance, et démontrer aux travailleurs qu’au delà des revendications et pour les satisfaire il faut préparer l’appropriation sociale des secteurs stratégiques : finances, énergie, transports, chimie, métallurgie, high tech. Cela passe par une planification publique et démocratique, une souveraineté productive, et la construction d’un rapport de force massif capable d’imposer des choix politiques qui servent l’intérêt collectif et non les profits privés.
Le capitalisme d’aujourd’hui propose soit la misère, soit la guerre. Mais il existe une autre voie : celle de l’émancipation collective, de la République sociale, du pouvoir du travail autrement dit le socialisme tel que les marxistes l’explique : un mode de production qui sert à satisfaire les besoins des gens soustrait de la prédation capitaliste.
La classe des travailleurs – ouvriers, employés, techniciens, ingénieurs, chercheurs – doit redevenir une classe politique consciente de sa capacité à transformer la société. Elle n’y parviendra pas sans un Parti communiste marxiste, enraciné dans les entreprises, capable de diriger le combat, d’unir toutes les couches non capitalistes, de reconstruire l’industrie, de protéger les services publics et de relancer la recherche au service du peuple. Fonder la stratégie politique uniquement sur l’union des partis a démontré depuis 50 ans que cela ne faisait aucunement reculer le capital : que d’abord et en première instance c’est l’union des travailleurs qu’il faut construire et dans celle-ci donner une influence majoritaire aux communistes qui sont les adversaires les plus résolus et conséquents du grand capital.
Le choix est désormais clair : la survie du capital ou celle du peuple. Et c’est au monde du travail d’exiger et d’organiser ce qui lui revient de droit parce que c’est lui qui crée tout ce dont a besoin le pays, non par charité ou négociation, mais par la force de sa production et la conscience de sa puissance.
Jean-Paul Legrand
10/10/2025
Illustration : pour ceux qui n’ont pas compris que le chargé de mission du grand capital n’est pas là pour s’emmerder avec la démocratie mais uniquement pour utiliser l’Etat exclusivement pour la classe capitaliste, il faut souhaiter qu’ensemble nous travaillons à unir les travailleurs, à les organiser politiquement sur des bases marxistes pour créer un rapport de force massif afin de conquérir le pouvoir d’Etat, le transformer, et l’utiliser pour que la nation se réapproprie les grands secteurs stratégiques de la production et de la communication et enfin répondre aux besoins du pays et des travailleurs.
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