
Sarkozy-Le Pen, ces délinquants de haut vol. Derrière leurs diatribes antijuges, l’ombre de la poussée fascisante.
La récente condamnation de Nicolas Sarkozy a valeur d’extraordinaire révélateur de ce que portent, en front unique, les droites et l’extrême droite sur le terrain de la justice : le double standard d’une justice politisée à dépolitiser et d’une justice laxiste à durcir à l’extrême. Ce double standard fonctionne comme l’aveu d’une volonté de faire advenir pleinement une justice de classe, celle qui, dans le premier cas, déroulons l’écheveau du politique, exonèrerait de lourdes sanctions pénales les politiques et les journalistes liés aux classes dominantes et qui, dans le second cas, accablerait les couches et classes dominées, pourtant déjà largement pénalisées sur le terrain économique et social. Et sur le terrain judiciaire, je vais y venir.
En somme, ces gens qui veulent sauver le soldat perdu Sarkozy pour se sauver eux-mêmes et continuer à jouir de tous les pactes de corruption qui font l’ordinaire de la société capitaliste, ne supportent pas que la justice soit indépendante vis-à-vis de leurs desiderata politique et sociaux. Avec la cerise ironique sur le gâteau judiciaire qu’elle leur renvoie, par l’entremise involontaire de l’infortuné Sarkozy, le boomerang de l’exécution provisoire qui avait vocation, chez cette caste de défenseurs des fortunés, d’enfoncer les infortunés, dans tous les sens du terme, les pauvres, selon le schéma de leur second standard (voir les discours de Sarkozy sur la nécessité que les condamnations soient toujours suivies, sans délais, d’incarcérations).
On pourra toujours, en justice, si je puis dire, défendre que l’exécution provisoire des peines soit abolie mais, pour autant qu’elle le soit pour tous les justiciables. Exactement ce que la sarkobande ne saurait accepter car cela ruinerait son désir que la justice verrouille totalement sa nature de classe, qu’au demeurant elle manifeste en condamnant sévèrement, pour ne prendre que cet exemple, contre la liberté de manifester !
Ce qui met en panique à droite et à l’extrême droite, écoutons ce que dit dans cette vidéo Geoffroy Lejeune, le directeur de la direction du JDD fascisé, c’est qu’existe un PNF, un Parquet National Financier, qui a instruit l’affaire Sarkozy. Il faut donc le supprimer ainsi que la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique et, évidemment l’exécution provisoire. Gageons que cette dernière suppression appellerait la mise en place des modalités appropriées pour que prévale, en toute inégalité de classe, la logique judiciaire ultra-répressive à l’encontre des victimes de la société de classe. Le renforcement de celle-ci ne pourrait en effet tolérer le vide juridique et surtout politique et social, que laisserait la disparition d’une exécution provisoire égale pour tous et toutes !
De Sarkozy à Le Pen, (p)unis pénalement comme corrompus, se tisse, en justice, la vérité de l’absence de solution de continuité entre les droites et l’extrême droite : leur affolement à l’énoncé des verdicts concernant leurs deux figures emblématiques doit se lire comme la métaphore de leur commune volonté de faire perdurer ce noyau central de la société capitaliste qu’est l’appât du gain (magnétisé depuis les profondeurs du social, soyons marxistes, par l’extraction de plus-value) et de ce qu’il induit, une corruption exponentielle vouée, selon eux, à rester impunie.
Leurs cris d’orfraie aujourd’hui contre les juges portent bien au-delà de ceux-ci; ils signent le péril qui guette nos sociétés, en particulier à travers la possible accession de l’extrême droite au pouvoir : une trumpisation des plus violentes, délestée de tous freins, pour ensauvager la société au profit de la minorité dominante. Et détruire les droits démocratiques et le droit du travail. Avec pleins feux contre les juges qui ne jouent pas leur jeu ! Tout cela en profitant de l’approfondissement de la crise de régime que signifie la démission express de Lecornu.
Depuis la condamnation de Sarkozy, certains journalistes demandent à abolir les lois contre la corruption : une défense des intérêts de classe, selon Carine Fouteau. Discussion avec Denis Salas et Béatrice Guillemont.
Depuis la condamnation de Sarkozy, certains journalistes demandent à abolir les lois contre la corruption : une défense des intérêts de classe, selon Carine Fouteau. Discussion avec Denis Salas et Béatrice Guillemont.

Procès Sarkozy. En ce qu’il est exemplaire du pari politique et médiatique de l’ignorance par où tente d’avancer la fascisation des esprits.
Le procès en correctionnelle de Nicolas Sarkozy qui lui a valu, entre autres choses, 5 ans d’emprisonnement avec incarcération à la clé, a déclenché un raz de marée de commentaires alignés sur l’indignation exprimée par le condamné à la sortie du tribunal. C’était, c’est encore, une véritable curée médiatique, emmenée par le journalisme d’extrême droite mais relayée par des esprits a priori plus modérés (par exemple Patrick Cohen), qui a ciblé et les juges et Mediapart, tous accusés d’avoir participé à un lynchage politico-judiciaire. Tous accusés et sans moyen de se défendre pour ce qui est des magistrats tenus à la réserve, face à ce qui relève d’une incroyable désinformation, de mensonges grossiers et d’une méconnaissance même de ce qu’a été le déroulement du procès, du contradictoire totalement respecté, du déroulé des preuves et des faisceaux d’indice, etc. Toutes choses que, fort heureusement, Mediapart et, en particulier, son journaliste en charge des enquêtes, Fabrice Arfi, ont méthodiquement démontées.
Mais, pour bien comprendre ce qu’est l’asymétrie qui prévaut, malgré tout, entre la rationalité judiciaire qui a présidé à ce procès (et qu’on aimerait, il faut le dire, voir à l’oeuvre dans tous les procès et pour tous les justiciables) et « la désinformation folle » (pointée par Mediapart) qui s’est mise en marche, il faut partir d’un constat des plus étonnants : seuls « huit journalistes ont suivi la totalité des 38 audiences du procès » (Fabrice Arfi, voir lien en fin de page du débat où il intervient, à partir de 35.17). Ce qui met en évidence que la massivité de la campagne médiatique de désinformation (redondance volontaire) dont on parle est inversement proportionnelle à la connaissance (la compétence) que ces vecteurs médiatiques ont de la réalité de ce dont ils parlent. Par où cette faillite médiatique se colore fascistement à partir d’une cassure vis-à-vis du réel judiciaire pour que s’ouvrent les vannes de l’idéologie brutalement la plus antidémocratique et démagogique. Etant entendu qu’elle explose, au profit d’une intox primaire, ce qui permet d’éclairer les consciences sur le réel.
Nous sommes en effet en train de voir la mise en place d’un schéma journalistique (et politique) d’ignorance à l’oeuvre en amont de la diffusion de l’information (les journalistes informateurs au sens d’avoir été au plus près de l’objet de l’information, le procès, furent rares) avec, comme prix inévitable de cette ignorance initiale, en aval dudit procès, de ce qui est à proprement parler l’acte d’informer : la manipulation et donc le dévoiement d’information avec un nombre incroyable de contresens. Ce schéma de torpillage de l’information trouve son aboutissement dans une volonté de faire partager cette ignorance désinformatrice, chez les « informateurs », du réel par des destinataires, vous, moi, tout le monde, que l’on voudrait voir privés de toute base de rationalité pour comprendre la réalité des choses du monde. En l’occurrence d’une séquence judiciaire majeure.
Il ressort de tout ceci que le pari médiatique fait de l’ignorance ouvre la porte à la fascisation des esprits. Fascisation assumée par les médias que l’on sait, relayée par d’autres impactés par les premiers, pour créer l’effet populaire de meute dont a besoin tout fascisme pour saper les barrages antifascistes que sont 1/ la séparation des pouvoirs politique et judiciaire (et cela indépendamment de ce que sont les carences de la justice car, il se trouve que, dans le cas du procès Sarkozy, il n’y a pas eu carence mais plein respect du droit, de la loi et de la justice !) et 2/ la liberté de la presse où il est clair qu’une partie de celle-ci joue contre cette liberté ! Le tout dessinant un horizon d’arbitraire des plus inquiétants où le politique brunit sans cesse. D’autant plus que, comme je l’ai écrit ailleurs (voir mon post sur ma page FB du 30 septembre), à partir de ce qu’en dit l’ancienne magistrate Eva Joly, beaucoup de la gauche n’est vraiment pas à la hauteur des circonstances qui se dévoilent autour de ce procès.
Lien vers le débat-vidéo de Mediapart : https://www.youtube.com/watch?v=ycvxHQPurSs
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