Sébastien Lecornu propose au Parlement la suspension de la réforme des retraites

POLITIQUE – Voilà un premier et vrai recul du gouvernement sur la réforme des retraites. Adopté dans la douleur en 2023, le texte repoussant l’âge légal de départ à 64 ans subit un revers ce mardi 14 octobre. Lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre a annoncé que le gouvernement allait « proposer au Parlement de suspendre cet automne la réforme des retraites » jusqu’à la prochaine élection présidentielle. Ajoutant : « Cette suspension doit installer la confiance nécessaire. Je ressens ce que la dernière réforme a provoqué : des tensions, des inquiétudes, de la lassitude ».

« Je vous propose d’avancer. L’Assemblée ressemble aux Français. Il faut en tirer toutes les conséquences », a aussi déclaré le chef du gouvernement, qui avait assuré vouloir marquer « la rupture » lors de son arrivée à Matignon en septembre. Rupture qui, jusque-là, ne sautait pas franchement aux yeux. Mais en revenant sur cette réforme majeure du second quinquennat d’Emmanuel Macron, sans toutefois l’abroger définitivement, Sébastien Lecornu fait un pas vers les socialistes, qui l’ont bruyamment applaudi lors de cette annonce.

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« Aucun relèvement de l’âge n’interviendra à partir de maintenant jusqu’à janvier 2028, comme l’avait précisément demandé la CFDT. En complément, la durée d’assurance sera elle aussi suspendue et restera à 170 trimestres jusqu’à janvier 2028 », a exprimé le Premier ministre, chiffrant cette mesure à « 400 millions d’euros en 2026 et 1,8 milliard en 2027 ».

C’était une demande forte du PS, qui réclamait « une suspension immédiate et complète » de la réforme en échange d’une non-censure. Le groupe présidé par Boris Vallaud avait expliqué, quelques heures plus tôt, qu’un tel geste permettrait « aux Françaises et Français de partir plus tôt à la retraite dès maintenant et de réparer la blessure démocratique causée par cette réforme ». Désormais, il semble acquis que les socialistes ne s’associeront pas aux motions de censure.

À droite et au sein du camp présidentiel, cette décision risque en tout cas de déplaire fortement, de nombreux cadres s’étant prononcés contre une telle suspension. Dans une tribune au Figaro, Valérie Pécresse appelait le 13 octobre à « ne pas capituler sur la réforme des retraites ». Jusqu’ici, les députés n’avaient pu s’exprimer sur le texte, puisque celui-ci avait été adopté grâce au 49-3 brandi à l’époque par Élisabeth Borne. 73% des salariés demeurent favorables à l’abrogation de la réforme des retraites, selon un sondage Ifop de mai 2025.

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