BYE BYE LES TRAÎTRES…

L’Ukraine, Cuba, la Russie, les Etats Unis …sortir d’une quadrature du cercle diplomatique que tentent d’instrumentaliser les proPoutine …
Je relaie ci-dessous ce qu’écrit mon camarade Pierre Vandevoorde sur le récent vote, à l’ONU, de l’Ukraine s’opposant à la levée de l’embargo que subit Cuba, de la part des Etats-Unis, depuis 1960.
D’accord globalement avec lui, j’ajoute ces précisions en partant de ce qu’il écrit à la fin de son post sur le communiqué de l’association Cuba Linda, relayé par les « Amis de Cuba », consacré à ce vote ukrainien sous le titre qui résume bien ce qu’est cette association « Bye bye les traîtres ». Pierre explique que « le titre hargneux retenu pour cet article, « Bye bye les traitres », ne peut satisfaire que les campistes primaires. » Ce faisant il lève le lièvre que, dans le corps du communiqué, Cuba Linda garde bien caché dans son gîte : le campisme de certaines gauches internationales (en France la direction mélenchoniste de LFI), de certains régimes se réclamant de la gauche, celui de Cuba, en l’occurrence.
Par ce thème de campisme, dont les usages remontent au temps de la guerre froide mais qu’anachroniquement les susdits considèrent d’actualité, ceux-ci se rangent, plus ou moins explicitement, aux côtés de la Russie dans la guerre d’Ukraine. Et cela car ils continuent à voir en elle autre chose que ce que son régime dément : une dictature mafieuse, capitaliste, impérialiste et néofasciste. Vous ne lirez jamais aucun de ces termes dans les positions que ces campistes adoptent car ils voient en Poutine le contrepoids nécessaire au seul impérialisme qu’ils appellent à combattre, l’impérialisme occidental, celui des Etats-Unis (via l’OTAN) et de ses alliés. Camp contre camp, ils choisissent un impérialisme contre un autre impérialisme, à ceci près qui pèse lourd, qu’ils ne qualifient jamais la Russie poutinienne d’impérialiste, encore moins d’impérialiste néofasciste ! Ce qui vérifie que tout campisme est intrinsèquement bancal du seul point de vue, le seul pertinent à gauche, d’une position internationaliste : on ne choisit jamais le soutien à un impérialisme contre un autre impérialisme car, ce faisant on se positionne contre un peuple que le premier, le russe, opprime, écrase, massacre… Exactement ce qui arrive au peuple ukrainien mais aussi aux peuples russes, avec le bémol qu’il ne les écrase pas par une guerre ouverte, à une exception près cependant, pour ce qui est du peuple tchétchène victime de deux terribles guerres (en 1994-1996 et en 1999-2000), la deuxième poutinienne s’apparentant à celle qui est menée en Ukraine. Les peuples russes sont aujourd’hui privés des libertés démocratiques essentielles, les opposant.e.s, sont traqué.e.s, arrêté.e.s, lourdement condamné.e.s à de la prison, torturé.e.s, assassinée.e.s Par ailleurs, exactement ce qui est arrivé aux peuple révolutionnaire de Syrie, soulevé contre le boucher Assad que la Russie, en 2015, est allée sauver de la déroute proche, qui a subi des bombardements barbares visant les populations civiles du corps expéditionnaire russe ! Nombre d’analystes conviennent que c’est en Syrie que la Russie s’est fait la main pour mener la guerre d’agression contre l’Ukraine.
Ce qui précède peut sembler une digression quant à ce qui est l’objet de ce post, il n’en est rien. En effet je viens de poser le contexte dans lequel s’inscrit le positionnement du régime cubain face à la guerre en Ukraine. Un positionnement campiste qui confirme une évolution qui a très vite fait perdre à Cuba les marqueurs de sa lutte de libération nationale mais aussi sociale et démocratique, victorieuse en 1959. Ce fut le tournant, sous la pression de l’embargo américain, vers un alignement progressif et finalement complet sur l’URSS stalinienne et aujourd’hui sur la Russie de Poutine qui, ce n’est pas un hasard, se réclame de Staline (contre Lénine !). Le résultat étant que Cuba est devenu une dictature bureaucratique, certes non capitaliste, ce qui ne l’empêche pas de soutenir une Russie des plus capitalistes. Comme dit inconsidérément, façon boomerang, Cuba Linda, cela interroge sur la cohérence du régime cubain et de toutes et tous les campistes proPoutine qui évidemment n’en ont rien à cirer des opposant.e.s au régime, victimes de l’arbitraire, des emprisonnements, etc. qui prévalent dans l’île, qui n’en ont rien à cirer des inégalités sociales et de la misère dont pâtit le peuple cubain. Situation qui est largement due au blocus des Etats-Unis mais aussi aux privilèges que s’octroient, dans le contexte de pénuries, les clans dirigeants du pouvoir.
Une fois posées ces données sur la Russie de Poutine et le Cuba d’une révolution avortée, il n’y a aucune surprise à attendre des positionnements cubains sur la guerre en Ukraine :
– lors du déclenchement de cette guerre, le Ministère des Affaires Etrangères (MINREX) de Cuba écrivit ceci : « La Russie a le droit de se défendre. Il n’est pas possible de parvenir à la paix en assiégeant des Etats »
« La volonté étatsunienne de développer l’expansion de l’OTAN vers les frontières de la Fédération de Russie a mené à un scénario, aux implications d’une portée impossible à prédire, alors qu’il était possible de l’éviter ».
« Cela a été un erreur d’ignorer, durant des décennies les demandes fondées de garanties de sécurité de la Fédération Russie et de croire que ce pays resterait sans réagir devant une menace directe contre sa sécurité nationale ».
Autrement dit La Havane avait reproduit servilement le discours même de Poutine négligeant totalement le droit à l’indépendance nationale d’une Ukraine cherchant à contrer les ingérences incessantes de la Russie dans ses affaires intérieures. Ce dont témoigna sans appel la tentative de coup d’Etat que fut le rapprochement du président ukrainien prorusse Viktor Ianoukovytch avec la Russie en reniement de son engagement à signer en 2014 l’accord d’association avec l’Union européenne. La réaction populaire lors de la révolution de l’EuroMaïdan le renversa en l’obligeant à s’exiler…en Russie ! Le camouflet fut rude pour le dictateur russe, pensez, un peuple qui se soulève contre ses diktats, dur, dur !
Avec le temps, la guerre se prolongeant, Cuba privilégia, sans renier son positionnement initial, l’abstention à l’ONU sur cette guerre, tout en s’opposant, par exemple, en 2022, en vain, avec les représentants de la Russie, de la Corée du Nord, de la Biélorussie, de la Syrie d’Assad, ou du Nicaragua, à une intervention de Zelensky devant l’Assemblée Générale de des Nations Unies.
Pour conclure rapidement, au vu des lignes ci-dessus, qui n’ont pas de prétention à l’exhaustivité sur le sujet, l’Ukraine, selon moi, a toutes les raisons du monde de considérer que, y compris par les abstentions à l’ONU, les positionnements de Cuba ont été et sont des marques irresponsables d’hostilité envers elle dont tire profit le criminel de guerre Poutine pour continuer à semer la terreur sur son sol. De ce point de vue, cela peut justifier la rupture des relations diplomatiques avec Cuba. Et cela même si la présence en nombre de mercenaires cubains dans les rangs russes en Ukraine, qui est mis au premier plan dans la polémique qui s’engage, ne soit pas imputable au gouvernement cubain qui s’en défend. Au demeurant, on notera que la crédibilité de cette défense est très faible de la part d’un régime dictatorial qui sait se donner les moyens de contrôler par la répression tout ce qui déroge à ses orientations.
En revanche, je ne crois pas du tout bénéfique à l’Ukraine de s’être prononcée contre la levée de l’embargo américain sur Cuba qui relève, incontestablement, d’une atteinte impérialiste à la souveraineté d’un pays. Autrement dit de ce que l’Ukraine n’accepte pas de la Russie ! Il est dommage que ce vote, au lieu d’une abstention, des plus discutables ait rendu service aux délirants campistes prorusses de gauche (pardon pour l’oxymore) pour dénigrer systématiquement la juste guerre de libération nationale ukrainienne. Vote dont on peut penser que, dans l’attente qu’elle s’exprime sur le sujet, la gauche ukrainienne investie dans l’autodéfense de son peuple le critiquera.
Encore merci à Pierre pour sa claire contribution.
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Pierre Vandevoorde
L’Ukraine a voté à l’ONU en faveur du maintien des sanctions contre Cuba, aux côtés des seuls USA accompagnés de quelques États aussi peu ragoutants que l’Argentine, la Hongrie ou Israël. Ce vote est fondamentalement une mauvaise nouvelle pour celles et ceux qui luttent pour l’émancipation humaine. Tout comme l’étaient d’ailleurs les abstentions répétées de Cuba sur les motions condamnant la guerre d’agression russe en mars et 2022 puis encore en avril 2025. Le maintien voulu par Trump de l’interminable blocus et des souffrances imposées au peuple cubain est pourtant tout aussi condamnable que la guerre d’invasion imposée par Poutine au peuple ukrainien.
Le fait est que, par delà leur nature différente, tant les dirigeants de l’appareil militaro-bureaucratique de l’État cubain que la direction pro-capitaliste antisociale et nationaliste de l’État ukrainien sont contraints pour survivre à de sombres accommodements et à de piètres marchandages au sommet avec l’ennemi de leur ennemi (une différence cependant : il y a en Ukraine plus de marges de contestation sociale, comme on l’a vu récemment).
L’article des « amis de Cuba » ci-dessous nie cependant un point essentiel: il est établi par des sources indépendantes que des milliers de mercenaires cubains sont engagés dans les opérations de guerre, recrutés avec des promesses de salaires élevés, de naturalisation russe ou d’autres avantages. Les autorité cubaines ne sont pas directement en cause, il y a même eu des condamnations judiciaires de mercenaires, mais cela continue à grande échelle.
Quant à l’accueil des enfants de Tchernobyl, Cuba peut en effet être fière de cette démonstration de solidarité. C’était en 1986, Faut-il rappeler que l’Ukraine ne devient indépendante qu’à l’éclatement de l’URSS, en 1991, et que c’est justement le maintien de son intégrité territoriale qui est en jeu aujourd’hui. Et Cuba est justement l’un des très rares pays à avoir reconnu l’annexion de la Crimée, de Donetsk et de Luhansk par la Fédération russe.
Alors vraiment, le titre hargneux retenu pour cet article, « Bye bye les traitres », ne peut satisfaire que les campistes primaires.
COMMUNIQUÉ
BYE BYE LES TRAÎTRES !
Suite à la décision de l’Ukraine de fermer son Ambassade à Cuba et au nom de la vérité, de la solidarité internationale et du respect dû à la mémoire des peuples, l’association Cuba Linda souhaite alerter sur cette évolution diplomatique majeure :
Le 29 octobre 2025, l’Assemblée Générale des Nations unies a adopté une résolution appelant à la levée du blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis d’Amérique contre Cuba. Lors de ce vote, l’Ukraine figurait parmi les rares pays à voter contre la résolution.
Par coïncidence ou par cohérence politique, l’Ukraine a annoncé la fermeture de son ambassade à La Havane et le déclassement de ses relations diplomatiques avec Cuba. Cette décision a été motivée par l’accusation portée par Kiev selon laquelle Cuba permettrait (ou tolérerait) le recrutement de citoyens cubains combattant aux côtés des forces russes dans le conflit en Ukraine.
Dans ce contexte, l’attitude de l’Ukraine paraît digne d’un questionnement : en s’alignant sur la position américaine pour rejeter la levée du blocus sur Cuba, en fermant son ambassade à La Havane et en répercutant des accusations souvent présentées par le gouvernement étasunien à l’encontre de Cuba (notamment la participation cubaine au conflit ukrainien), l’Ukraine donne l’impression de « manger dans la main des États-Unis ». Ces imputations mensongères et non prouvées (sur la participation cubaine) méritent que l’on s’interroge sur l’indépendance véritable de la politique ukrainienne et sur les enjeux géopolitiques sous-jacents.
Il convient de rappeler un fait historique : Cuba a, dès l’après-catastrophe de l’accident de Tchernobyl (26 avril 1986), mis en œuvre un vaste programme d’accueil et de soins pour les enfants ukrainiens victimes des radiations. Plus de 20 000 enfants — provenant notamment d’Ukraine — ont été accueillis, et soignés gratuitement dans le cadre du programme « Enfants de Tchernobyl ».
Nous demandons à la communauté internationale :
  • De ne pas oublier l’engagement humanitaire de Cuba envers les enfants ukrainiens après Tchernobyl ;
  • De questionner les motivations d’un vote ukrainien qui va à l’encontre de la majorité mondiale exprimée à l’ONU ;
  • De ne pas accepter les accusations lancées contre Cuba et relayées par Washington, sans production de preuves incontestables.
  • Le gouvernement cubain confirme catégoriquement que Cuba ne fait pas partie du conflit armé en Ukraine, ni ne participe avec des troupes militaires là-bas, ni dans aucun autre pays. Cuba réfute catégoriquement les accusations mensongères du gouvernement des États-Unis sur une prétendue participation au conflit militaire en Ukraine. Ce sont des accusations calomnieuses, sans preuve, qui répondent à une campagne médiatique commanditée. Cuba a une pratique de TOLÉRANCE ZÉRO à l’égard du mercenariat, de la traite des personnes et de la participation de ses ressortissants à des conflits armés extérieurs. Il s’agit d’activités criminelles qui sont très sévèrement sanctionnées dans notre législation.
Ce champ est nécessaire.

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