Débat budgétaire (France) : les socialistes pris au piège de leur « pari »
Finis les ultimatums et les comminations. Lundi 3 novembre au matin, sur France Inter, Olivier Faure est resté d’un flou marmoréen quant à la stratégie à adopter sur le vote du budget. Quid du rejet de la taxe Zucman – ou assimilée – dont il avait pourtant fait un « casus belli » ?
Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) a refusé de s’attarder sur le revers essuyé par ses troupes vendredi dans l’hémicycle. Et alors qu’il menaçait abondamment le gouvernement de la « censure » socialiste dans les colonnes de Mediapart il y a huit jours, il n’a même plus osé prononcer le mot face à la radio.<
Chaque jour, le PS semble s’enfoncer un peu plus dans les sables mouvants de sa propre stratégie. Derrière les éléments de langage et l’inventaire à la Prévert des « avancées » obtenues lors d’interminables séances à l’Assemblée, tout le monde l’a en réalité déjà compris : les votes compteront pour portion congrue dans la copie finale.
De toute façon, l’enjeu n’est plus tant d’obtenir des « victoires » que d’entretenir l’illusion d’une non-défaite. « Vous pensez qu’on veut rester dans l’histoire comme ceux qui ont permis à l’extrême droite d’arriver pouvoir ? », confiait une parlementaire socialiste en fin de semaine dernière, assumant refuser coûte que coûte la censure – donc la dissolution – en attendant des jours meilleurs.
Au lieu de la « reparlementarisation » promise en ce début d’automne budgétaire, c’est donc à un théâtre d’ombres que les députés sont désormais sommés de se prêter. Signe que le jeu est devenu trop pénible à jouer, les socialistes, qui oscillent depuis des jours entre lassitude et méthode Coué, commencent à désespérer. Lundi, certains d’entre eux ont publié un communiqué au titre éloquent, « Négociations : il faut savoir dire stop », par lequel ils réclament « l’organisation d’un vote militant sur la censure dans les plus brefs délais ».
Pour l’heure, Olivier Faure, qui voit dans la période une fenêtre d’opportunité pour se présidentialiser en vue de 2027, fait ce qu’il sait faire de mieux : attendre, impavide, que la tempête passe. Et continuer de marteler qu’« un chemin » est « possible » quand bien même il apparaît, au fil des jours, de plus en plus escarpé.
Pauline Graulle

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