LES TRAVAILLEURS SUD-CORÉENS FONT RECULER LE NOUVEAU GOUVERNEMENT

APRÈS AVOIR STOPPÉ LE COUP D’ETAT ET RENVERSÉ LE PRÉSIDENT, AUJOURD’HUI EN PRISON, LES TRAVAILLEURS SUD-CORÉENS FONT RECULER LE NOUVEAU GOUVERNEMENT SUR LE TERRAIN SOCIAL ET AUGMENTENT ENCORE LA PRESSION

La population de Corée du Sud et en particulier les jeunes et les travailleurs, ont stoppé par leurs mobilisations de masse à l’hiver 2024/2025 une tentative de coup d’Etat du président trumpiste, l’ont destitué et envoyé en prison (il risque la peine de mort). Dans la foulée, ils ont élu en juin 2025 un nouveau président progressiste.

En juillet sous la pression de la rue, le nouveau président concédait une loi qui autorise la possibilité d’organisation syndicale et de négociation collective du secteur dit des travailleurs précaires ou « irréguliers » (parce qu’ils n’ont pas vraiment de contrats et ont des conditions de travail et de salaires lamentables) qui est un des plus importants de l’OCDE représentant 33% de l’ensemble des salariés bien que le PIB nominal du pays soit le 11e au monde.

C’était donc une victoire importante, à la réserve que le nouveau président n’avait pas fixé de date pour l’application de cette loi !

La KCTU, la principale organisation syndicale du pays, qui soutient plus ou moins le nouveau gouvernement dit progressiste, bien que celui-ci ne tienne pas ses promesses, a alors déclaré qu’elle organiserait la lutte en 2026 pour que cette loi soit appliquée cette année-là. Mais sous la pression des travailleurs en colère, elle s’est sentie obligée d’organiser (avec l’autre organisation syndicale plus modérée KFTU) une manifestation ce 8 novembre 2025 pour faire pression pour l’application rapide de cette loi (et aussi pour obtenir la journée de travail de 4,5 jours sans perte de salaire et le refus du passage du départ en retraite de 63 à 65 ans). Il y a eu plus de 100 000 manifestants ce jour-là à Séoul. Un énorme succès qui dépassait toutes les attentes et montrait que les travailleurs coréens encouragés par leur victoire politique de l’hiver et du printemps n’avaient aucune confiance sérieuse dans le nouveau président dit « démocrate » et préféraient compter sur leurs propres forces

Le succès de 8 novembre a déclenché une avalanche de mobilisation des travailleurs précaires qui ne cesse de croître, forçant à appliquer de fait la loi.

Ainsi, le 20 novembre, les employés de Korail Networks, employés dans les gares mais aussi les centres d’appels, contrôlés par les chemins de fer nationaux, ont déclaré une grève pour des augmentations de salaires et de meilleures conditions de travail pour obtenir les mêmes niveaux que les employés dits « non précaires »;

Parallèlement, des milliers de travailleurs précaires dit « irréguliers » des écoles publiques, dans les cantines et le nettoyage, ont fait grève les 20 et 21 novembre, manifestant massivement dans les rues de Séoul devant l’Assemblée nationale , exigeant des salaires dignes (puisqu’ils ne sont pas payés pendant le vacances et doivent avoir un deuxième travail), la fin de la discrimination et des conditions de travail correctes puisque 174 d’entre eux ont (officiellement) contracté un cancer des poumons cette année pour les fumées de cuisson d’huile de cuisine qu’ils respirent faute d’aération dans des températures en été qui vont jusqu’à 45°.

Parallèlement à ces mobilisations qui montrent qu’ils ne se laissent plus abuser par les belles paroles, les sud-coréens ont organisé le 8 novembre aussi, une manifestation pour obtenir la chute du président de la Cour Suprême, proche de l’ancien président putschiste, et pour création d’un tribunal spécial qui passe en jugement tous les complices de l’ancien président à tous les niveaux de l’appareil d’Etat.

Un avertissement à tous les putschistes autoritaires ou à ceux qui ne s’y opposent qu’en parole, et un encouragement à tous les travailleurs du monde en lutte ainsi qu’à tous ceux qui pensent que pour gagner aujourd’hui on ne peut pas dissocier les combats politiques des combats sociaux