Le nouveau « CEMA » (chef d’état-major des armées), le général Fabien Mandon, a fait des vagues en disant devant le congrès des maires de France que « La Russie se prépare à une confrontation à l’horizon 2030 avec nos pays. », « Ce qu’il nous manque, c’est la force d’âme », « Si notre pays flanche parce qu’il n’est pas prêt à perdre ses enfants, (…) si on n’est pas prêts à ça, alors on est à risque ».
Ces propos ne sont pas isolés et sont distillés préférentiellement devant les maires : voici quelques semaines le préfet de l’Allier expliquait doctement au Congrès départemental des Maires ruraux qu’on allait vers la guerre, alors fini la rigolade, fini les subventions, et en avant vers les fermetures d’écoles !
Les maires n’ont pas aimé, et on les comprend. Bien entendu, le CEMA parle pour Macron et en accord avec lui, comme les préfets, mais Macron lui-même se garde d’aller aussi loin : est-ce parce que la continuité précaire de l’exécutif dont il est le chef dépend du RN, un parti de la V° République structurellement, historiquement, et financièrement, lié à … Moscou ?
A Aplutsoc, nous n’avons aucun état d’âme, car il faut en finir avec ce type d’états d’âmes, à envisager la guerre, et une politique militaire démocratique, prolétarienne, révolutionnaire et féministe. Et c’est précisément pour cela que nous devons caractériser les propos du CEMA et en général ce type de discours comme totalement contre-productifs, et analyser pourquoi ils le sont.
Totalement contre-productif, pas seulement parce qu’évidemment, çà permet de déclencher un concert d’imprécations soi-disant « pacifistes » , où une grande partie de la gauche et de l’extrême-gauche débite ce qu’elle prend pour de l’internationalisme, et adopte la posture faussement héroïque du « Non à la guerre ».
Totalement contre-productif, pas seulement parce qu’évidemment, ça permet de déclencher aussi le concert de l’extrême droite et des prétendus souverainistes, qui n’ont pas manqué de réciter, sur CNews, que le « vrai danger » n’est pas russe, mais noir et arabo-musulman !
Il y a d’ailleurs un point commun aux imprécations de droite et aux imprécations de gauche : J.L. Mélenchon comme Sébastien Chenu ne manquent pas d’expliquer soit que la Russie n’est pas un danger, soi que c’est le bellicisme « de l’OTAN » et « de l’UE » qui la rend dangereuse, la pauvre, alors que l’on pourrait l’amadouer – comme le fait Trump, en fait : en essayant de lui livrer l’Ukraine !
Les propos du CEMA qui affolent la galerie en expliquant qu’il va falloir accepter que nos enfants se fasse tuer, ou des préfets qui énervent tout le monde en expliquant qu’il va falloir fermer des écoles car la dette « publique » et la défense nationale l’exigent, sont totalement contre-productifs d’abord et avant tout parce qu’ils ne préparent absolument pas les peuples, dont le peuple français, à la guerre qui vient.
Tout en semblant alarmistes, ils préviennent de fait Poutine qu’on a quatre ou cinq ans, au moins, avant d’être à même de lui tenir tête. L’appareil d’Etat russe est engagé dans une fuite en avant destructrice qui pourrait ne pas attendre autant. Cette guerre européenne dans quatre ou cinq ans semble conceptualisée par nos généraux dans des termes classiques : bref, ils sont encore en retard d’une guerre. Ils commencent à affoler tout le monde en expliquant qu’il va falloir mettre les jeunes dans des tranchées et s’attendre à de grandes offensives, matinées de la fameuse guerre « hybride », mal définie et servant surtout à se faire peur, car elle serait partout et nulle part. En fait, ils ne se préparent pas et ne préparent pas le pays à la guerre qui vient.
La guerre qui vient sera antifasciste, civile et internationale, et concernera autant les Etats-Unis que la Russie : elle a commencé en Ukraine et, à bas bruit comparé à elle, mais réellement, dans les rues des grandes villes américaines.
La guerre qui vient sera cybernétique et faite par des drones, ordinateurs, IA supposant non pas l’automatisme, mais la conscience humaine émancipatrice de milliers de jeunes femmes et de jeunes hommes motivés et prenant des initiatives : voila la première leçon ukrainienne !
Macron, le CEMA, les généraux et les préfets qui affolent les gens, ne préparent pas la même guerre que celle que notre camp social devrait, en toute indépendance, préparer. Ils font voter des sommes pharamineuses pour les trusts de l’armement, et promettent, très vaguement, la vente – ce n’est donc nullement désintéressé ! – de 100 Rafales à l’Ukraine pour 2033 voire 2035, alors que le besoin immédiat ce sont, beaucoup moins chers et ne nécessitant nulle « fermetures d’écoles », des drones, des batteries anti-aériennes, du renseignement, de l’aide aux équipes de saboteurs, et des avions non connectés au complexe militaro-industriel US (totalement vérolé par la firme Trump, Poutine and co) !
C’est une autre approche, décentralisée, démocratique, et ne reposant pas sur le « gros matos » et sur le nucléaire, de l’armement, qui s’imposerait. Tout cela, tout de suite, éviterait la guerre semi-conventionnelle ou « vos enfants iront » dans cinq ans, en renversant Poutine et en ouvrant la voie à la révolution !
Une autre approche aussi des soldats et du commandement. Même si l’encadrement des armées a évolué par rapport aux abrutis des années post-guerre d’Algérie, à laquelle la génération des appelés post-68 s’est durement heurtée et qui les a, en fait, vaincus (et c’est tant mieux), force est de constater que lorsqu’on entreprend de confier au corps des officiers des tâches « éducatives » ou de « liaison école-armée », le résultat est très vite un endoctrinement catastrophique et stupide. D’ailleurs, la préparation à la guerre qui vient ne requiert nul endoctrinement des jeunes. Les jeunes, filles et garçons, n’ont pas à être formatés, coachés, bridés, réveillés, mis au pas.
Les forces armées de la guerre qui vient ne gagneront que si toute mise au pas de la jeunesse est détruite. Mais évidemment, ce ne sont pas le président, le CEMA et les généraux de maintenant qui sont capables de miser sur les forces existantes réelles, celles de ces jeunes révoltés par la crise climatique, par le racisme et le sexisme, mobilisés pour sauver Gaza, et dont certains sont allés s’engager et se faire tuer en Ukraine, sans encadrement de scrogneugneu voulant leur inculquer de gré ou de force une prétendue « force d’âme ». Ils ont la force d’âme, ils savent que l’avenir est grave, ils veulent y faire face ! Que l’on arrête de prendre les jeunes pour des idiots !
En fait, nos gouvernants, parce qu’ils ont peur de la guerre antifasciste, démocratique, pour la liberté des peuples, de la guerre climatique et féministe qui vient, lui substitue l’image d’une guerre conventionnelle sous parapluie nucléaire des deux côtés « d’ici quatre ou cinq ans ».
Ils seront détrompés, cela ira plus vite, et en voulant nous programmer ainsi, ils se font les premiers saboteurs de la préparation à ce qui vient !
Une partie significative du corps des officiers et des généraux et officiers à la retraite, du corps préfectoral et de l’appareil d’Etat, attachée au nucléaire et aux dernières colonies françaises appelées « outremer », vise d’ailleurs en réalité à s’entendre avec Poutine, dans le cadre d’une Europe et d’une France dominées par l’extrême droite et l’union des droites.
Il ne restera alors plus, de la préparation à la guerre appelée de ses vœux par le CEMA, que la mise au pas de la jeunesse et du pays, au nom d’une « force d’âme » qui sera celle de la collaboration avec les Trump et les Poutine !
Et quand Nathalie Artaud cite les fières paroles de l’Internationale, S’ils s’obstinent ces cannibales, A vouloir faire de nous des héros, Ils sauront bientôt que nos balles, Sont pour nos propres généraux, elle oublie juste la conclusion : Paix entre nous, Guerre aux tyrans ! Guerre, oui, guerre : le couplet des généraux de l’Internationale est lui-même un cri de guerre, contre les tyrans !
Se contenter de dire que la Russie n’est pas une menace – avec Trump – contre les peuples d’Europe et du monde, et que tout vaut mieux que la guerre avec les tyrans, n’est pas une posture révolutionnaire, mais bien une forme de l’union sacrée : avec le puissant courant collaborationniste du capitalisme et de l’appareil d’Etat !
La rupture révolutionnaire, la rupture démocratique, l’indépendance de classe, l’auto-organisation, exigent une force politique abordant frontalement la question de la préparation à la guerre comme une nécessité pour notre camp social. Pas de guerre contre les peuples en effet, pas plus contre le peuple russe que contre tout autre : guerre aux tyrans, comme le dit l’Internationale !
Et c’est ainsi que nos enfants ne se feront pas tuer !
VP, le 20/11/25.
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